La police a pour mission de veiller à l'exécution des lois, à assurer la protection des personnes et des biens, à prévenir les troubles à l'ordre public ainsi que la délinquance, et veiller à la tranquillité publique. Pour cela, elle a le monopole de la «violence légitime» et ses agents sont dotés d’armes conventionnelles pour effectuer ces missions. Ce, après une formation. De matraques en bois, puis en matière incassable, la police est dotée aujourd’hui de matraques électriques ! Malheureusement, l’utilisation qui devait être faite de ces armes est biaisée. Ils s’en servent lors des manifestations. Sans s’embarrasser de fioritures. Sans mesurer les conséquences de leurs actes. En effet, comme l’a si bien présenté le concepteur, «la matraque électrique est une arme de défense de 6e catégorie, qui délivre une décharge électrique permettant de paralyser un agresseur». Pour l’utiliser, il faut «appuyer sur le bouton-poussoir situé sur le côté de l’arme de défense électrique. Pour maintenir la décharge, appuyez sans interruption sur celui-ci», lit-on dans le manuel d’utilisation. Convenablement exécuté, on voit et entend une décharge électrique entre les 2 électrodes internes. Il faut absolument toucher le corps de «l’agresseur» pour obtenir un résultat. Et le manuel de dire que «les points sensibles sont les épaules, l'abdomen, les cuisses et les reins». Résultat : «1/4 de seconde, une courte décharge saisit l'agresseur et ses muscles se contractent. 1 à 5 secondes d’une décharge moyenne provoque une perte d'équilibre faisant tomber l’agresseur, et laissant la personne désorientée». En aucun cas, le policier qui l’utilise ne peut subir de retour de décharge sur son corps, même si celui qu’il supplicie le retient. Normalement utilisé, il ne laisse pas de traces et ses effets disparaissent au bout de quelques minutes. Délivrant une décharge électrique de 200.000 volts, il ne doit être utilisé qu’en cas de légitime défense pour neutraliser une personne sans que celle-ci soit blessée. Sa longueur de 46 cm tient l’agresseur à bonne distance, offrant ainsi une sécurité supplémentaire.
Une arme redoutable
De nombreux pays fabriquent ce genre d’armes à décharge électrique. C’est le cas des Etats-Unis, de l’Allemagne, de la France, de Taiwan, de la Corée du Sud, de l’Afrique du Sud, d’Israël ou du Brésil. Amnesty International a identifié 856 entreprises dans 47 pays, actives dans la fabrication de ces matraques électriques que les policiers transforment en instrument de torture. «Pas moins de 150 sociétés dans 21 pays de l’Union européenne (UE) distribuent ou fournissent des matraques électriques dans le monde entier», relève un rapport d’Amnesty international. Mais cette Ong de défense des droits de l’Homme reste préoccupée par les lacunes de ces mesures, entrées en force en août 2006. En effet, la matraque électrique est un dispositif d’arme de défense qui doit être utilisé exclusivement en cas de légitime défense. Cependant, le concepteur lui-même avertit que «l'utilisation de l'électrochoc près de la tête, de la gorge et ou cœur, pourrait causer de sérieux problèmes de santé à l'agresseur». Même l’utilisateur peut se faire mal lui-même s’il n’utilise pas correctement la matraque électrique. Le manuel d’utilisation de la matraque électrique, délivré par un concepteur français, recommande de «faire attention à ce qu'aucune partie de votre main ou de votre corps ne vienne dans la zone dangereuse. Celle-ci se trouve dans un rayon de 45 mm des électrodes. Si vous ne respectez pas cette règle, vous risquez de vous électriser vous-même». Toutefois, elle ne doit être utilisée, en aucun cas, contre des enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées ou des malades.
Arme interdite en Suisse, Belgique, Italie…
La Suisse a été le premier pays européen à autoriser cette arme, mais la majorité des polices, notamment celles de Genève et Neuchâtel, ont vite fait de l’abandonner. La Belgique et l’Italie interdisent également l’utilisation de cette arme sur leur territoire. L’usage de cette arme est, en effet, controversé, car elle envoie une décharge électrique et peut certes paralyser la personne visée en quelques secondes, mais les personnes souffrant de problèmes cardiovasculaires ou les toxicomanes, seraient, selon les médecins, particulièrement vulnérables.
Entre de mauvaises mains, elles peuvent devenir des armes de répression civile. Exactement comme au Sénégal. Amnesty international a déjà condamné l’utilisation de bâtons électriques, au départ conçus pour lutter contre la délinquance, mais détournés à des fins de torture. Même adéquatement employée, une matraque électrique peut faire une victime, suite à une erreur d’appréciation humaine ou un mauvais fonctionnement. Là où elles assomment un adulte en bonne santé, elles pourraient tuer un enfant ou un individu âgé ou cardiaque.
Les essais sur des êtres humains prohibés
De même, seule une maîtrise parfaite des dosages peut garantir moins d’effets irréversibles ou mortels sur un individu. Or, dans ce domaine, la recherche médicale n’en est encore qu’à ses balbutiements, puisque les essais sur des êtres humains sont prohibés. Sur le plan du contrôle des armements, les matraques électriques rejoignent aussi la problématique des armes légères facilement transportables. En tant que nouvelle génération d’armes, elles échappent aux contrôles habituels de production ou d’exportation. Le registre des armes conventionnelles de l’Organisation des Nations Unies (Onu) qui concerne les armes conventionnelles, ne les incluent pas. Il en est de même pour de nombreuses législations nationales, dont le Sénégal.
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