Envoyé spécial en Allemagne - Le Mondial a mal débuté pour trois des cinq équipes africaines. Pour leur première sortie, la Côte d’Ivoire et l’Angola ont été battus, là où l’Equipe du Togo, miné par un malaise… financier, vient de perdre son coach, l’allemand Otto Pfister. En attendant la prochaine entame du Ghana et de la Tunisie, l’Afrique semble mal partie.
COTE D’IVOIRE - Ils n’auront pas été ridicules, au vu du score assez étriqué (2-1) et de leur bonne fin de partie, mais à la lecture du jeu que les Eléphants ont livré samedi à Hambourg face à l’Argentine, un constat se dégage : l’Afrique aura du mal à se dépêtrer de cette naïveté qui habite souvent ses équipes. Hier on a eu encore un goût de cette tare que les équipes africaines traînent comme un boulet. Parce que préférant toujours ajouter un dribble ou une passe de plus là où le réalisme s’imposait. N’ est-ce pas Dindane et Kalou ?
Pourtant l’entame des Ivoiriens a été très bonne face à des Argentins aguerris et rompus au métier de la haute compétition. Bien en place et jouant très haut devant des Sud-américains très prudents en défense à cause sûrement de la présence de Didier Drogba, les Eléphants, en dépit du but argentin refusé injustement (tête de Ayala 14e), ont fait jeu égal avec leurs adversaires dans les 15 premières minutes. Avant d’encaisser, contre le cours du jeu, un premier but à la 24e mn, signé Crespo. Un but qui ne va en rien freiner l’ardeur des poulains de Henri Michel qui vont s’offrir les plus nettes occasions de cette partie, vendangées inexplicablement par Kalou et Kader Keïta (30e, 34e mn). Moment choisi, 4 minutes après, par Saviola pour aggraver la marque.
En dépit du but de Drogba (81e) et du rush dans les dernières minutes, l’Argentine, fort de son collectif, a su conserver son avantage en signant sa première victoire dans ce groupe. Un groupe C où les Pays-Bas ont a aussi pris les trois points face à la Serbie Monténégro, compliquant du coup le sort des Ivoiriens qui découvrent la Coupe du monde pour la première fois. D’où le manque d’expérience brandit par Henri Michel, le sélectionneur national de la Côte d’Ivoire. «Je ne me sens pas frustré par cette défaite, mais plutôt déçu. Nous nous sommes créé un grand nombre d’occasions, mais n’avons pas su les concrétiser. Nous avons commis des erreurs d’inexpérience et, à ce niveau de la compétition, la sanction est toujours immédiate.» Aruna Dindane est du même avis : «On savait que c’était un match piège, parce qu’on manquait d’expérience. On l’a payé cash.»
Les Ivoiriens pourront se consoler des propos du coach de l’Argentine, Jose Pekerman, qui a soutenu : «Notre adversaire du jour était dangereux. Il a prouvé qu’il ne comptait pas faire de la figuration et qu’il nourrissait de grandes ambitions.» Henri Michel avait pourtant sonné l’alerte bien avant le match : «L’Argentine a une façon de maîtriser les événements que nous ne connaissons pas, car nous découvrons le haut niveau.» Une inexpérience liée surtout à cette première participation qui avait forcément, selon Bakary Koné, un goût émotif. «On était forcément émus, c’est sûr, même si une fois qu’on a commencé à jouer, on n’a pas vraiment eu peur.»
Le technicien français, tout en étant conscient ce sera difficile surtout après la victoire des Pays-Bas sur la Serbie Monténégro, garde toujours espoir : «Il nous reste deux matches. On verra bien comment on se comportera contre les Pays-Bas. Mais nous espérons bien réaliser un grand match. Car nous n’avons pas dit notre dernier mot.» ANGOLA - A l’image de la Côte d’Ivoire, l’Angola a perdu son premier match sans avoir démérité. Une rencontre qui avait une connotation particulière, car opposant deux équipes liées par l’histoire. Une forte dose d’émotion pour une rencontre où le Portugal, finaliste du dernier Championnat d’Europe, partait logiquement favori. Figo, Deco, Pauleta et consorts devaient se battre contre un double héritage : un passé en Coupe du monde pas très glorieux depuis 40 ans et surtout une opposition passionnée contre une ancienne colonie. Depuis 1966, où Eusebio avait mené le Portugal en demi-finale pour sa première participation, l’équipe n’a jamais passé le premier tour de la compétition. Au-delà des chroniques sportives, les hommes de Luiz Felipe Scolari devaient également faire face au poids de l’histoire. Avec en mémoire cette dernière confrontation entre les deux équipes, en 2001, quatre joueurs des Palancas Negras ont été expulsés, arrêtant la rencontre sur un cuisant 1-5. Les Angolais avaient aussi besoin de se motiver pour leur première apparition au Mondial
A l’arrivée, les Angolais ont perdu sans être ridicules tout en laissant un constat amer après cette défaite : l’Afrique débute mal.
TOGO - Bien que n’ayant pas joué son premier match qui doit l’opposer à la Corée du Sud demain mardi, le Togo aussi n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise. Pour avoir perdu leur entraîneur en pleine compétition, les Eperviers s’exposent à une crise grave qui risquerait d’entacher leur première participation à une Coupe du monde. La faute à ces histoires de primes qui décidément n’arrêtent pas de polluer l’ambiance des équipes africaines. Hier c’était le Cameroun, aujourd’hui le Togo. En attendant la confirmation de l’arrivée annoncée de Schafer, une sérénité est revenue dans le camp Togolais. Kodjovi Mawuena tiendra les rennes de l’équipe, après le départ du technicien allemand et de son assistant Piet Hamberg. Deuxième adjoint de Pfister, Mawuena fait donc office de pompier des Eperviers. Point «positif» si l’on peut dire, cet entraîneur chevronné a déjà connu une telle situation : en 2000 il avait pris l’équipe en pleine Coupe d’Afrique des Nations, lorsque Gottlieb Goeller avait lui aussi décidé de partir. L’homme paraît d’ailleurs plutôt confiant, malgré la situation forcément très tendue : «En ma qualité d’ancien entraîneur, d’ancien capitaine de l’Equipe du Togo et surtout après mes expériences comme adjoint de plusieurs entraîneurs étrangers, je ne peux pas dire que j’ai une grosse appréhension», affirme-t-il. «Il s’agit de continuer le travail de M. Pfister, dont j’étais proche.» Surnommé «Teacher», Mawuena est réputé au Togo, où il entraîne Dyto en première division, pour sa rigueur et son goût de la discipline. Dès lors, il n’aura aucun mal à enfiler la tunique de Pfister, adepte de la rigueur également. «Il a effectué un excellent travail, je le reconnais et je me dois de perpétrer cet aspect qualitatif», explique-t-il. A l’évidence, l’homme essaie de calmer la situation, qui avait commencé avec un problème de primes, et qui n’avait pas pu se régler, malgré la visite du Premier ministre togolais en Allemagne. L’homme tient dès lors un discours positif et rassurant : «Je considère avoir l’expérience et la connaissance du groupe pour assurer une préparation dans la sérénité totale.»
Cet ancien capitaine de l’Equipe du Togo insiste également sur la stabilité dans le domaine du football, à opposer à l’agitation extra-sportive. «Je ne ferais pas de changement dans les programmes conçus et réalisés par M. Pfister», précise-t-il. Reste à voir quel impact cette démission inattendue aura sur les joueurs le 13 juin à Francfort pour le premier match contre la République de Corée...
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