LUTTE - Tapha Guèye face à la presse : Yékini dans l’œil du «Tigre»

Après avoir étanché sa soif de victoire dans le «Lac de Guiers», le «Tigre de Fass» feule de nouveau en direction de Yékini (écurie Ndakarou) pour se trouver une nouvelle proie. Hier, Tapha Guèye (écurie Fass) flanqué de son adversaire défait, Pape Birane Diop (Lac de Guiers) a étalé son envie de continuer la lutte tout en pensant à son éventuel choc contre Yékini.

La banane ne le quitte plus. Tapha Guèye, chef de file de l’écurie Fass ne se sépare plus de son sourire. Hier, impeccable dans son costume sombre, il déboule, rieur au siège d’une marque de téléphonie mobile de la place. Il sert des pinces et s’assit prestement sur la table. Il ne se soucie même pas qu’il vient d’accuser un retard d’1 heure 10 minutes sur le rendez-vous avec la presse. Le nez plongé sur un album photo, il n’écoute pas le speech du présentateur du jour Khadim Samb. Surprise ! «Lac de Guiers» tee-shirt bleu marine et pantalon Jean de la même couleur arrive sur les lieux et s’avance sur la table. Les invités se lèvent pour saluer l’adversaire défait du «Tigre de Fass». Qui ne laisse aucune émotion trahir son visage. «Mon copain merci !», lui souffle Tapha Guèye en lui faisant une accolade.

Les mouches ne volent plus. L’instant est solennel. L’émotion gagne l’enceinte prise d’assaut par une meute de curieux et de journalistes de tous bords. Après s’être lancé des piques et avoir combattu loyalement, les deux lutteurs, «Lac de Guiers» et Tapha Guèye, font la paix en toute civilité. «Nous ne sommes pas des ennemis, nous avons lutté, mais après tout nous sommes des frères et nous devons ramer dans l’intérêt de la lutte. Je crois en Dieu et je me félicite que Tapha ait la présence d’esprit de m’inviter et j’ai répondu spontanément car c’est mon grand», souffle Pape Birane Diop (écurie Walo). En écho, le «Tigre de Fass» salue la sportivité de son adversaire : «Je fais une salutation spéciale à Lac de Guiers. Car je lui ai appelé pour lui dire tout simplement boy j’organise un point de presse et j’aimerai que tu sois là et il m’a donné son accord sur le champ. Ce qui n’arrive pas souvent dans la lutte, je le félicite et l’encourage.»

Yékini, l’invité. Mais, après s’être abreuvé dans le «Lac de Guiers», le «Tigre de Fass» s’avance toutes griffes dehors dans la forêt de l’arène à la recherche d’une proie. De Yékini ? Tapha Guèye s’échine déjà à entrer dans la garde du roi des arènes. «Le combat Yakini-Tapha est au-devant de tous les combats qu’on est censés monter dans l’arène. Des promoteurs s’activent en coulisses pour voir qui de droit au sein de l’écurie Fass, mais comme je ne m’occupe pas des préparations de combats je m’occupe du côté sportif, je m’entraîne matin et soir pour être en forme. Déjà, il y a une dizaine de promoteurs qui sont en train de discuter avec mon encadrement et si l’affiche est montée, vous en serez informés. Mais, je m’étonne que cette affiche traîne encore car ça doit se faire vite d’ici sometimes, car c’est ce qui est normal», provoque le «Tigre de Fass». Lui, qui a été souvent arrêté dans son élan par des poids lourds. Tyson, Bombardier, Mor Fadam ont tous fait mordre la poussière au chef de file de l’écurie Fass. Mais, Tapha Guèye en vieux briscard de l’arène (42 ans) sort des placards son palmarès pour porter la contradiction à ceux qui pensent que les lourds ne lui réussissent pas. «J’ai lutté avec trois poids lourds qui m’ont battu, mais j’ai combattu avec une dizaine de poids lourds que j’ai vaincus. C’est pourquoi on dit que dans la lutte la défaite et la victoire vont de pair. Je ne dis pas non plus que je veux lutter avec Yékini, attention ne vous trompez pas ! Je n’ai jamais dit que je veux lutter avec Yékini, je ne l’ai pas défié. C’est l’arène qui a besoin de ce combat, j’attends car je ne suis pas pressé de lutter avec Yékini», tempère-t-il.

Affairé de jouir du bonheur de l’instant. De cette résurrection, qui a pris de court le peuple de la lutte qui s’attendait à son jubilé. Car, le Tigre comme un jeune félin feule de nouveau. Son avenir, il ne le voit plus en pointillés. Comme avant son défi de boire d’un trait en 1 mn 45 secondes le «Lac de Guiers». «J’aurai pu arrêter la lutte si j’avais perdu ce combat, mais avec ce que j’ai connu dimanche dernier et si ça se reproduit, je suis prêt à lutter encore dans l’arène. Les gens disent que Tapha doit arrêter la lutte. Car, il est âgé. Mais, l’expérience et la technique sont là. Je pense lutter jusqu’à ne plus sentir des possibilités. Car, c’est ma passion favorite», sourit le «Tigre de Fass». Qui troque désormais son légendaire cri de guerre «J’attaque, je cogne, je gagne» à celui de «J’attends, je cogne, je gagne». Alors, 20 ans de présence, ça change forcément un homme. Un «Tigre».