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[ Contribution ] La crise financière internationale était prévisible

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[ Contribution ] La crise financière internationale était prévisible

La crise financière internationale était prévisible, même si elle présente des traits nouveaux qui donnent  l'alerte et commandent désormais de faire autrement. Si elle intéresse le monde entier,k les riches comme les pauvres, les intellectuels, les spécialistes des questions économiques et financières, elle interpelle également les décideurs politiques que nous sommes.

Je ne suis ni un idéologue, ni un donneur de leçon ou de recettes ; je suis simplement un praticien de l'économie réelle qui a la chance d'avoir généré avec bonheur de grandes entreprises industrielles, de services ou à objet sportif. Et c'est la raison pour laquelle je suis aujourd'hui confronté à deux contraintes majeures :
La première, c'est de devoir parler d'économie et de finances pour des lecteurs dont certains sont des intellectuels et des spécialistes de grande renommée ;
la seconde, c'est de savoir également que parmi ces mêmes lecteurs figurent des hommes politiques d'une très grande expérience.

Face à ces deux contraintes, permettez-moi d'emprunter des "Twin trades", c'est-à-dire deux voies jumelles et complémentaires : celle de l'humilité qui exclut tout dogmatisme, et celle de la sincérité fraternelle qui écarte les mensonges que véhiculent certains silences.

Mais de quoi s'agit-il donc ?

La crise financière internationale actuelle est diversement ressentie par les différents acteurs étatiques ou corporatifs du monde en fonction de leur puissance totale et de leurs intérêts immédiats ; à l'évidence, le défi pour chacun et pour tous réside assurément dans la capacité de réaction et d'adaptation à une situation nouvelle induisant une nouvelle vision des relations internationales.

En vérité, cette crise était prévisible, car des signaux étaient déjà envoyés à travers la grande instabilité des bourses, les scandales financiers comme l'affaire Madoff et celle de la Société générale, ou encore la crise de l'immobilier aux Usa, la crise de l'industrie automobile un peu partout dans le monde, la crise pétrolière, la crise alimentaire et, par dessus tout, la faiblesse ,persistante du dollar américain par rapport aux autres monnétaires et, particulièrement, de l'Euro.

Tous les ingrédients étaient donc réunis pour installer le doute au niveau des ménages et des épargnants, ce qui s'est traduit par un ralentissement de la croissance qui a fini par faire dérailler le système financier capitaliste totalement libéralisé et mondialisé avec, comme point de départ, les Etats-Unis d'Amérique. C'est de là qu'elle a transmis ses effets au reste du monde avec la contraction des investissements et les pauvres perspectives d'un marché international profondément déprimé, plombé par l'inflation et le chômage.

La crise financière actuelle qui s'inscrit dans la logique doctrinaire du capitalisme présente toutefois des traits nouveaux quk donnent l'alerte et commandent de désormais devoir faire autrement.

A mon sens, les prémisses de la présente crise remontent aux années 80 et le VIIème Sommet des Non-Alignés au cours duquel le président Fidel Castro, dans une communication remarquée, avait mis en garde les pays pauvres.

La crise dans les pays sous-développés

Les pays sous-développés sont particulièrement concernés par les répercussions de la crise dans des conditions de dépendance et par le biais de mécanismes commerciaux, monétaires et financiers connus. Il y a bien impact et des retombées tragiquement multiples.

En réalité, pour les pays pauvres, il s'agit plutôt d'une crise économique dont les conséquences risquent de remettre en cause les fondamentaux économiques ; nos pays sont exclus du système financier international, monopolisé par les pays riches qui gèrent cette question selon leurs intérêts, sans nous et, dans une large mesure, contre nous.

En ce qui concerne nos pays francophones, l'espace dont nous disposons peut et doit nous aider à descendre sur le terrain de la finance mondiale qui évolue dans une grande symphonie où chacun joue sa partition selon ses intérêts et des relations privilégiées.

Cette situation,  vous me permettrez de comparer à un match de football dans lequel les grandes puissances sont sur le terrain ; les Arabes et les Asiatique qui disposent d'arguments financiers ou économiques sont admis au banc des remplaçants, alors que les pays pauvres sont installés dans les tribunes et ne pourront donc jamais marquer de but.

La coopération financière entre la F rance et certains pays africains avec, notamment, la parité fixe entre le franc français et le francs CFA d'abord, entre l'Euro et le FCFA était certes une très bonne initiative ; mais il faut avouer que cette forme de coopération a fait son temps.

Il faut que les pays africains acceptent de tourner le dos à la politique de l'autruche : le franc CFA qui n'a aucune référence par rapport à nos économies devrait céder la place à d'autres monnaies nationales ou continentales qui serviraient de baromètre à nos économies.

L'économie est une science mais aussi une pratique faite de réalisme qui avance en ressuscitant des méthodes que l'on croyait périmées et en remettant en cause des vérités que l'on croyait éternelles. La légère baise de l'inflation que l'on a enregistrée ces derniers mois ne saurait effacer l'échec, reconnu aujourd'hui sur le plan international, des timides politiques de régulation initiées dans les économiques développées.

Les recettes appliquées dans les pays occidentaux riches sont restées sans effet majeur car nullement soutenues par une nouvelle vision plus équitable et réaliste. La recette monétariste si en vogue dernièrement et appliquée aujourd'hui avec diverses nuances par la plupart des puissances capitalistes a sombré dans le désastre économique le plus spectaculaire de notre époque. "L"alchimie du composé monétaro-fiscal" n'a servi qu'à aggraver la crise dans les pays pauvres et le pire, c'est que certains gouvernants, directement ou indirectement, essaient d'étendre ces concepts rétrogrades à ces pays, y aggravant l'impact de la crise, et les soumettant, sur le plan national, à des tnsions politiques, économiques et sociales réellement insoutenables.

Des contraintes d'espace m'obligent à prendre un raccourci pour dire que le système financier mondial est biaisé et la crise actuelle provoquée par les acteurs des pays riches pénalise au premier chef les pays pauvres qui en sont les principales victimes. Au nom des principes de justice, d'équité et de solidarité, j'en appelle à tous pour que l'environnement financier international fasse l'objet d'une vision partagée ; c'est salutaire pour le devenir du monde, tout comme la fameuse couche d'ozone.

Que Dieu nous aide et nous protège !

 


+ Ancien ministre,
3ème Vice-président du Sénat,
Responsable politique libéral à Kaolack



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