Cherchant à améliorer la condition des femmes sénégalaises, l’Etat a mis en place, il y a trois ans, le Projet de crédit pour les femmes (Pcf). Depuis lors, 3 milliards 578 millions ont été octroyés à différentes associations de femmes. Malheureusement, 1 milliard 240 millions restent introuvables et la trésorière et son adjointe ne peuvent en expliquer la destination. Suite aux recommandations de l’Inspection générale d’Etat (Ige), le ministre de la femme, de la famille et du développement social a déclenché une procédure judiciaire. L’affaire est confiée à la Division des investigations criminelles (Dic). Mme Aïda Mbodj a donné l’information la semaine dernière à Mbour.
Le Projet de crédit pour les femmes (Pcf) a été initié par le ministère de la femme, de la famille et de la solidarité nationale, pour apporter une solution aux problèmes d’accès au crédit des femmes. Initialement financé par l’argent de Taïwan, ce projet a été entièrement pris en charge par l’Etat du Ssénégal, lors de la rupture des relations avec l’ancienne Ile de Formose. Ainsi, des lignes de crédit importantes sont mises à la disposition de différents groupements feminins, étant entendu que ces organisations doivent assurer une mission de repartition au profit de leurs membres. Depuis sa mise en œuvre, le Pcf a opté pour un système de financement de proximité, en s’appuyant sur les groupements et autres associations féminines, ainsi que sur les institutions mutualistes d’épargne et de crédit (mutuelles d’épargne et de crédit, groupements d’épargne et de crédit et signataires de convention). L’objectif visé dans cette stratégie est, selon Mme Aïda Mbodj, le ministre de la femme, de la famille et du développement social, de permettre aux femmes d’accéder aux ressources financières, dans des conditions adaptées aux types d’activités qu’elles mènent, pour une meilleure efficacité de leur action.
Depuis trois ans qu’elle a été mise en place, cette structure a distribué un montant de trois milliards cinq cent soixante-dix huit millions de francs (3 578 000 000 frs Cfa) aux différents groupements féminins, a déclaré le ministre Aïda Mbodj, au cours d’un atelier de restitution et de partage sur l’impact de ce projet, organisé la semaine dernière à Mbour.
A cette occasion, le ministre a revélé que ce projet a noté la disparition de 1 240 000 000 frs Cfa, sur les traces desquels elle a mis l’Inspection générale d’Etat (Ige). Et le rapport de l’Ige a recommandé d’enquêter sur la destination de cette somme, dont la trésorière du projet ainsi que son adjointe déclarent ignorer la destination. Lesdits fonds font partie des financements dits de la première et de la deuxième génération du Pcf.
Le ministre Aïda Mbodj s’en est désolée, devant des acteurs impliqués dans la mise en œuvre de ce projet : «Au niveau de la première et de la deuxième génération, nous avons identifié des fonds, mais il y a un milliard 240 millions de francs que nous n’avons pas retrouvés. Nous connaissons les bénéficiaires, à qui nous avons demandé de rembourser, pour permettre à d’autres femmes d’accéder au crédit. Mais cela fait objet de controverses». Le ministre de préciser que les fonds ciblés concernaient la gestion qui a précédé son arrivée à la tête de ce ministère.
Contre l’avis de beaucoup de femmes responsables, assure-t-elle, Mme Mbodj a décidé de faire rendre gorge aux responsables du détournement : «Nous sommes en train de rétablir la vérité, et la recommandation a été faite de voir quelle stratégie appliquer aux femmes, qui sont également nos cibles, pour qu’elles pensent à d’autres cibles qui doivent bénéficier aussi du crédit. Pour qu’elles essaient de recouvrer cet argent, afin que d’autres femmes, puissent aussi bénéficier de ces fonds qui ont été mis en place pour elles». Le ministre Aïda Mbodj de donner l’exemple d’une organisation de femmes de Mbour, qui a bénéficié d’un crédit de 136 millions de francs Cfa du Pcf.
D’après elle, cette somme ne se retrouve nulle part dans les comptes du groupement en question. Et la trésorière et son adjointe, qui détiennent la cosignature du compte de la structure, déclarent ne rien pouvoir expliquer des décaissements de cet argent. Devant Mme Mbodj, la trésorière-adjointe du groupement en question, Mme Ndiakhate Guèye, qui est par ailleurs, présidente des Groupements de promotion des femmes du département de Mbour, a réaffirmé ne rien savoir de ces fonds. Ce qui a fait dire au ministre qu’il y avait là, un sérieux problème.
Or, elle explique que son objectif est de faire bénéficier de ces fonds le maximum de femmes. «Nous avons investi 3 milliards 578 millions de frs Cfa pour ce seul projet, parce que l’ensemble des fonds gérés au sein de mon département et qui concernent la micro-finance est de 21 milliards de francs Cfa, depuis trois ans. Le milliard 240 millions a été octroyé à des femmes, mais nous ne pouvons pas faire l’étude d’impact sur l’utilisation de ces fonds-là», se plaint-elle.
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