Les rapports pouvaient sembler trop alarmistes. Mais, depuis quelques semaines, les faits semblent donner raison à la Banque mondiale et à la Fao. Les prix des céréales et particulièrement du blé flambent sur les marchés internationaux. Et la Bm craint des émeutes de la faim dans certains pays en voie de développement comme le Sénégal, selon Alain Faujas du quoditien français Le Monde.
Verra-t-on dans les mois qui viennent des émeutes de la faim en Erythrée, au Sénégal, en Arménie ou en Egypte ? La Banque mondiale le craint en raison de la forte hausse des cours des céréales due à la faiblesse des stocks mondiaux, mais également à la fabrication de biocarburants. Le rapport annuel (mai 2007) de la Banque mondiale sur le ‘Financement du développement dans le monde’ s’inquiète de l’envolée des prix des céréales. Le scénario que les experts de cette institution prévoient est celui d’une augmentation de 43 % du prix de la tonne de blé entre la récolte 2006 et la récolte 2007. Les stocks de blé, de maïs et de riz sont tombés à 16 % de la consommation annuelle mondiale, écrivent les auteurs du rapport.
L’envolée des prix serait due au niveau des stocks de blé qui est au plus bas niveau à cause de la sécheresse qui a fait des ravages en 2006 dans les récoltes australiennes et ukrainiennes, mais également parce qu’une part de plus en plus importante des céréales produites dans le monde est affectée à la fabrication de biocarburants. Ces biocarburants sont des carburants d'origine végétale issus de la biomasse (d'où le surnom de ‘carburants verts’). On les produit à partir de déchets végétaux ou de plants cultivés dans ce but. Ils possèdent des propriétés similaires au pétrole et peuvent parfois s'employer dans des moteurs diesel ou des moteurs à essence.
Après la Banque mondiale, c’est la Fao qui a tiré la sonnette d’alarme. Le rapport intitulé ‘Perspectives de l’alimentation’ publié le 7 juin 2007 fait état de la préoccupation de cette agence des Nations-Unies face à la hausse des prix des céréales. La même source pointe également du doigt la forte demande de biocarburants qui dope les prix des céréales sur les marchés mondiaux.
Ces rapports pouvaient sembler trop alarmistes. Mais, depuis quelques semaines, les faits semblent leur donner raison. Les prix des céréales et particulièrement du blé flambent sur les marchés internationaux. Il faut rappeler qu’en 2006, les prix du blé avaient déjà grimpé dans des proportions impressionnantes, passant en quelques semaines de 100 euros (environ 65 600 F Cfa) à 150 euros (plus de 98 000 F Cfa) par tonne. Ces prix n’ont pratiquement pas varié depuis la fin de l’année 2006. Mais ces dernières semaines, ils ont connu une nouvelle poussée de fièvre. Les marchés sont en effet frappés par un flux de mauvaises nouvelles et réagissent en conséquence à la hausse.
Le Département de l’Agriculture des Etats-Unis a revu sensiblement à la baisse ses prévisions de récolte 2007, en raison de la sécheresse. Les plaines de l’Ukraine et du sud de la Russie sont également frappées par la sécheresse.
L’Inde qui, ses dernières années, était exportatrice, vient de se porter acheteuse de 5 millions de tonnes de blé. Les pays d’Afrique du Nord, qui connaissent également la sécheresse, sont aux achats. L’offre mondiale de blé s’annonce faible. Les stocks sont bas et la demande ne faiblit pas. On estime que la demande de céréales destinées à la fabrication de biocarburants devrait amputer les récoltes de 15 % environ. Dans un tel contexte, les prix ne peuvent que monter de manière vertigineuse. De ce fait, en quelques jours, le prix de la tonne de blé est passé de 150 euros (plus de 98 000 F Cfa) à 180 euros (environ 118 00 FCfa) par tonne et cela avant même que les récoltes n'aient été engrangées.
Pour l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), qui est un importateur net de céréales et qui n’a aucune influence sur les prix, la facture alimentaire ne pourra faire que monter. Dans la même lignée, le rapport de la Fao fait part de ses craintes concernant la hausse de la facture mondiale des importations alimentaires pour les pays pauvres. Pour la première fois, la facture des importations alimentaires devrait dépasser les 400 milliards de dollars, soit environ 5 % de plus qu’en 2006. Une hausse que le rapport attribue, lui aussi, à la croissance de la demande en biocarburants.
C’est ce qui expliquerait une prévision de hausse des prix de la baguette de pain au Sénégal. Une mesure qui devrait être effective en début de semaine prochaine.
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