Entre la Sénélec et les usagers, le courant devrait passer pour un mois encore, durée prévue de consommation des 20 000 tonnes de gasoil qui vont être débarquées (dépotées) ce matin du jeudi 07 septembre 2006 au môle 9 du Port autonome de Dakar(Pad), selon des sources mêmes de la Sénélec. C’est ainsi la première cargaison de combustibles démarchée et acquise par la boîte à électricité désormais obligée de s’approvisionner par ses propres moyens, à défaut de se faire livrer par la Sar(Société africaine de raffinage), son fournisseur habituel en mal chronique de jus. La Sénélec qui dispose d’une licence d’importation qui lui permet de s’approvisionner directement sur le marché mondial a du débloquer quelque 7,5 milliards de Fcfa pour faire venir cette cargaison de 20 000 tonnes de gasoil qui devrait être suivie de deux autres cargaisons de fuel lourd de respectivement 15 000 tonnes et 30 000 tonnes vers le 19 et le 29 septembre prochain, toujours selon les mêmes sources.
Aussi, la Sénélec va-t-elle pouvoir rendre à la multinationale Total la monnaie de ses 8 000 tonnes de fuel lourd que celle-ci lui avait passées pour une consommation d’une dizaine de jours, puis 2500 tonnes de gasoil pour une consommation de deux jours, semble-t-il.
On peut tout de même se poser la question à savoir où la Sénélec qui ne dispose pas encore de capacités de stockage va-t-elle pouvoir conserver ces cargaisons de fuel ? On peut supposer qu’à la faveur du contrat qui lierait désormais le gouvernement au groupe Oryx, les cuves de cette dernière vont servir de dépôts à la Sénélec. Reste à savoir si cela sera suffisant pour contenir tout le volume attendu.
L’autre question est relative au métier de Sénélec qui n’est pas forcément de gérer des produits pétroliers mais de produire et de fournir de l’électricité. Aussi, faudra-t-il penser, après l’attribution d’une licence d’importation à Sénélec, à des mesures d’accompagnement propres à la gestion même de ces produits, en attendant de régler le problème épineux de la Sar.
Il convient toutefois de souligner qu’en la matière, la Sénélec n’en est pas à son premier coup d’essai. En 1993, elle avait tenté de faire son marché sur l’international. A l’époque, les pétroliers ne l’avaient pas entendu de cette oreille et y étaient allés par un chantage qui avait eu l’heur de pousser la Sénélec à signer un contrat d’achat avec la compagnie Vitol. Un lobbying de Shell et Mobil avait alors fini par avoir raison du gouvernement sénégalais qui avait fini par reculer. Les majors n’ont sans doute pas dit leur dernier mot, mais pourvu que les usagers soient préservés du black-out qui ne peut plus durer. En attendant, le problème du secteur des hydrocarbures demeure entier car, entre la réquisition des stocks de combustibles mises en œuvre par le gouvernement et la prise de responsabilité de la Sénélec, toutes ces solutions ne sont jamais que provisoires.
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