RICHESSES - L’Afrique mendie, assise sur ses mines d’or : La Bad veut développer le Continent avec ses ressources naturelles

La Banque africaine de développement (Bad) a présenté hier son Rapport sur le développement en Afrique 2007. C’était à l’Institut africain de développement économique et de planification (Idep). Un rapport devenu une source d’analyses et d’informations sur l’Afrique.

Avec pour thématique «Les Ressources naturelles au service du développement durable de l’Afrique», le Rapport 2007 de la Banque africaine de développement (Bad) traite de la façon dont l’Afrique peut utiliser ses richesses naturelles comme base solide à la croissance économique durable et à la réduction de la pauvreté. Selon le représentant de la Bad au Sénégal, M. Mohamed H’Midouche, «le thème du rapport a été choisi en raison de l’actuelle hausse des matières premières». Le rapport a voulu répondre à certaines questions sur l’Etat des ressources naturelles, leur exploitation, leur développement, les meilleures pratiques et la transformation de ses ressources naturelles.

Le rapport a été présenté par Mme Audrey Chouchane, économiste à la Bad. Elle estime que l’eau du continent est utilisée à 80% pour l’agriculture, 4% seulement par les industries et 10% à usage domestique. Le Sénégal n’aurait pas de problèmes d’eau. Il possède 3 811 m3 d’eau par personne et par an, alors que seulement 169 m3 sont utilisés.

L’Afrique possède un vaste potentiel forestier, qui représente 21% des richesses forestières mondiales. Cette forêt jouer un rôle dans la régulation du climat. Mais la déforestation fait perdre plus de 4 millions de forêts par an dans le monde. «Le continent est le moins pollueur, mais il est le plus touché par les changements climatiques. Sa capacité à relever les défis est faible», explique Mme Chouchane. Les exportations de combustibles fossiles des minéraux sont estimées à 30%. Et Mme Chouchane relève «une forte variation des revenus des ressources. La plupart des pays ont mis en place des politiques et des législations de base. Toutefois, le respect et la mise en application posent souvent des problèmes».

Dans sa présentation, Mme Chouchane, fait état d’une consommation modeste avec 3,2% en pétrole du monde, 3% du gaz, 3,4% du charbon.

Le rapport 2007 a inventorié 21 pays africains riches en ressources naturelles et 32 qui en sont démunis. Ces pays riches en ressources naturelles ont un Pib plus important, mais il y a eu des performances décevantes entre 1980 et 1995. Le fossé s’est rétréci de 50% entre 1990 et 2006. Les pays enclavés sont plus pauvres que ceux des côtes. Les pays enclavés sans géologie sont confrontés à un défi de développement particulier. Pour ce qui est de l’extraction minière, Mme Chouchane soutient «qu’elle doit être compensée par une augmentation du capital humain. Si les recettes de l’extraction avaient été investies, les pays seraient 300 à 400 fois plus riches». Le rapport note aussi que «les indicateurs de la bonne gouvernance sont faibles dans les pays riches».

Pour une utilisation efficiente de ses richesses, le Continent doit «relever le défi de la relativité des prix de matières premières. Les pays doivent gérer les périodes ou la manne pétrolière est importante et les périodes où elle ne l’est pas». Il doit aussi relever le défi de la «diversification de son économie, diminuer les risques de dépendance à un seul produit». «Il n’y a pas de formule magique», renchérit Mme Chouchane. Mais pour une meilleure pratique, le continent doit obtenir plus de recettes de ses ressources, plus de transparence, de responsabilisation et de respect. Renforcer la gouvernance à tous les niveaux. «Une bonne politique économique sera assurée par les rentes issues de l’extraction des ressources naturelles captées de façon adéquate par les gouvernements. Il faut négocier les contrats d’extractions, si les gouvernements n’ont pas l’expertise, il faut mettre les droits d’extractions en vente aux enchères», estime l’économiste de la Bad.

Les bonnes décisions, à prendre pour l’avenir, consistent, selon l’économiste de la Banque, à rendre compte des recettes, assurer la transparence, épargner pour le futur, prendre les décisions optimales, car ces ressources vont s’épuiser et les générations futures ne pourront pas en profiter. Pour ce qui concerne son institution, la Bad doit mettre en place une politique globale de gestion des ressources naturelles, mais aussi renforcer les initiatives de transparence, la formation et le renforcement des capacités.

D’ailleurs, le représentant de cette institution au Sénégal, M. Mohamed H’Midouche, souhaite que «les Etats africains s’approprient leurs richesses, qu’ils en tirent le maximum de profit parce qu’il y a, aujourd’hui, une rareté de ces produits. Avec la flambé des prix, certains pays enregistrent des recettes formidables, notamment les pays producteurs de pétrole, mais il n’y a pas que le pétrole, il y a d’autres produits aussi qui peuvent rapporter gros à nos pays». Il explique que «certains pays craignent que certains contrats signés avec des multinationales dans le passé n’ont pas été toujours assez juste pour rapporter suffisamment de recettes à leurs pays et souhaitent que ces contrats soient renégociés au profit de nos Etats et de nos populations pour qu’on puisse en tirer le maximum.»

Les participants à cette rencontre ont demandé une meilleure estimation et une classification par produit des richesses naturelles de l’Afrique.