À l’instar du Mali, de la Mauritanie et de la Guinée avec laquelle il partage l’OMVS, le Sénégal peut désormais s’attendre à des perspectives rassurantes en matière de fourniture d’énergie electrique.Des projets régionaux de grande envergure s’apprêtent à voir le jour avec l’aval des bailleurs de fonds. Dans l’entretien qui suit, le Directeur général de la Société de Gestion de l’Energie de Manantali revient de long en large sur la question énergétique dans l’espace OMVS.
Monsieur le directeur général à quoi doivent s’attendre les populations de l’espace OMVS confrontées à des difficultés d’ordre énergétique ?
Nous venons de terminer à Dakar un forum consacré à la gestion de l’équilibre offre demande en énergie électrique. La rencontre est partie d’un constat :durant toute l’année 2006, il y’a eu des problèmes de production d’énergie au Sénégal, au Mali et en Mauritanie. La SOGEM est intervenue pour alléger les souffrances des populations. Au vu du niveau de production disponible, on se rend compte que c’est insuffisant et des programmes nationaux d’investissement sont retardés. La SOGEM a été invitée par la conférence des chefs d’Etat de l’OMVS dans l’attente des projets d’interconnexion de Félou et de Gouina (Mali) à l’horizon 2012. Ces dits projets sont intéressants car ils vont permettre de doubler la capacité de Manantali. D’où des solutions transitoires qu’il va falloir trouver pour la période intermédiaire 2006-2010. La première est la suivante :Vous savez que la Senelec avait loué des groupes Aggréco d’une puissance égale à 60 mégawatts pour pallier son déficit de production ; Elle va prochainement mettre fin à ce contrat. On va négocier à notre tour pour que ce groupe soit mis à la disposition de l’OMVS. C’est une solution à court terme qui sera mise à exécution d’ici janvier 2007.
La deuxième solution a trait aux centrales à barge. Elles sont mobiles et sont placées sur des bateaux. On peut les amarrer dans un port. Elles vont aider à augmenter considérablement la capacité d’énergie. On procède donc à une gestion commune du déficit énergétique entre 2006 et 2010. C’est la mise en œuvre du principe de solidarité. La barge peut-être mise en service avant juin 2007.
La troisième solution alternative, c’est l’interconnexion sous-régionale. On a retenu la solution Mali-Côte d’Ivoire. L’énergie qui va quitter la Côte d’ivoire va attirer entre 80 et 100 mégawatts. L’intérêt c’est que les centrales ivoiriennes ne sont pas chères et fonctionnent au gaz. Une fois le Mali servi, sa part d’énergie à manantali sera réservée au Sénégal et à la Mauritanie. Ces solutions vont beaucoup profiter au Sénégal du fait de sa consommation élevée d’énergie. Cette interconnexion pourrait intervenir avant 2009. Un groupe de travail a d’ailleurs été installé et va déposer ses conclusions avant la fin du mois de novembre. Les perspectives énergétiques sont donc bonnes dans l’espace OMVS.
Justement quelle est la mission du comité technique installé pour l’affinement technique et financier de ces solutions ?
Cet organe technique sera présidé par la SOGEM. En plus des représentants de l’Etat et des sociétés d’électricité, les commissions de régulation seront impliquées. Ce sera l’organe central chargé d’exécuter les décisions de Dakar. Il va affiner les solutions techniques et financières et définir les modalités pratiques de mise en œuvre effective de ces solutions. Le comité déposera ses conclusions au plus tard fin Novembre au Haut Commissaire de l’OMVS. A charge pour ce dernier de le faire approuver par le conseil des ministres que préside actuellement le Sénégal. Ces solutions atténueront sensiblement les coupures d’électricité que l’on connaît dans la zone OMVS. Il faut dire que les bailleurs de fonds présents aux assises de Dakar ont manifesté leur intérêt en vue de financer ces activités sus mentionnées.
Quelles sont aujourd’hui les perspectives à caractère énergétique qui s’ouvrent aux pays de l’OMVS ?
Au-delà de la période transitoire (2006-2010) les perspectives en termes d’énergie électrique sont rassurantes pour nos pays. Les centrales de Félou et de Gouira ajoutées à la production actuelle de Manantali porteront la puissance installée un système OMVS à 400 mégawatts. À l’horizon 2012. Avec l’adhésion de la Guinée à l’OMVS, d’autres sites seront aménagés. Il s’agit de Koukou-tamba, Bouraya et Balassa. Cela permettra d’installer une puissance supplémentaire de 800 mégawatts. A terme la puissance OMVS atteindra 1200mégawatts. Le programme hydro énergétique de l’OMVG nous sera aussi d’un apport inestimable. Il permettra de porter notre potentiel hydroélectrique à plus de 2000mégawatts. La mise en valeur de ce potentiel sera accompagnée du renforcement et de l’extension des réseaux électriques de transport en 225 kilovolts,150kv et 90kv pour la satisfaction des besoins domestiques, industriels et miniers des pays membres de l’OMVS et de l’OMVG. Nous sommes donc de plain-pied dans le programme du NEPAD et notre viatique c’est l’exploitation solidaire du potentiel en ressources énergétiques de notre sous-région pour la satisfaction de l’ensemble des populations.
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