Vol et complicité de vol: La mosquée de Gouye Mouride visitée de nuit
Apprenant l’arrestation de son complice, le voleur va le voir en garde-à-vue pour sceller avec lui un pacte. De son côté, le receleur, après avoir acheté une moquette provenant de ce vol décide de l’offrir à la mosquée de son village. Mais, saisie de cette affaire, la police ne leur laissera jamais le temps de tenir leurs promesses. C’est encore une de ces histoires qui après avoir fait rire aux larmes, interpellent les consciences. Nous sommes à Rufisque. Le mardi 22 février. Comme à son habitude, après avoir vainement cherché à dormir, Elhadj Mamadou Dione quitte sa chambre pour se promener. Électricien de son état, il se bat comme il peut pour entretenir sa pauvre vieille mère. En dehors de son boulot, le jeune homme hormis son ami, Mbaye Diouf, alias Babacar Guèye, n’avait de contact qu’avec la mosquée de Alwaar. Dans le quartier de Gouye Mouride. Et c’est avec cet ami et cette mosquée qu’il a rendez-vous, ce soir. Allah fasse que les voleurs soient retrouvés. La fréquentation assidue des deux jeunes de ce lieu de culte, loin d’être une soudaine montée de la foi, cache un dessein inavoué. Après leur rencontre, les deux jeunes s’étant assuré qu’ils ne sont pas suivis, se sont rendus directement dans la mosquée. Après avoir pliè la moquette, roulé les nattes, démonté le disjoncteur, arraché les deux montres accrochées au mur et dévissé le ventilateur plafonnier, ils ont chipé tout ce qui pouvait être emporté avant de disparaître dans la nature. De son côté, venu au petit matin appeler les fidèles à la prière, le muezzin a failli tomber en syncope. En catastrophe, il appelle l’imam pour le constat. Et les autres fidèles qui, plus tard, rejoindront la mosquée pour s’acquitter de leur devoir restent pantois. Faute de tapis, les fidèles se résignent à s’asseoir par terre pour prier. A la fin de l’office, les fidèles, ce jour n’avaient émis qu’un seul vœu : Allah, fasse que ces voleurs soient trouvés. Et, le lendemain, Dieu exauça leur prière. Au moment de la vente de son butin, Elhadj Mamadou Dione est cueilli auprès des brocanteurs de l’ex-gare routière de Dakar à Rufisque. Cuisiné, il passe à table. Et déclare, avoir déposé le disjoncteur chez feu Modou Ngom, son marabout. L’une des montres, il l’aurait remise à un de ses amis. Les deux moquettes sont gardées dans sa chambre. Non convaincus, les fidèles l’acheminent à la police. Célibataire sans enfant, le jeune homme, âgé de 25 ans, reconnaît être l’auteur du vol. Il est gardé à vue et placé dans la chambre de sûreté. Si tu ne me dénonces pas, je continuerai à payer la chambre de ta mère. Dès qu’il apprendra la nouvelle, Mbaye Diouf, alias Babacar Guèye, son ami, rapplique au commissariat. S’enquiert de la situation. Il réussira à parler au détenu. Entre deux mots, il lui dit : « j’espère que tu ne m’as pas balancé » ? Non répond le captif. « C’est bon ; si tu continues de garder le silence, je payerai la location de la chambre de ta mère ». L’ami lui tournera le dos. Après moult interrogatoires, le détenu, pour assurer un soutien à sa mère restera sur sa déclaration préliminaire. Mais, remis dans la chambre de sûreté, et désormais face à sa conscience, le jeune homme craque. Il appelle l’enquêteur et se rétracte. Il collabore à fond. La montre qui trône fièrement chez le marabout est récupérée. Il balance son ami, ébruite le pacte. Donne les noms de Dodji Diagne et Mamadou Abib Bitèye. Son ami, Mbaye Diouf, pêcheur de profession, né en 1982 à Rufisque est surpris au moment où il roulait à nouveau les nattes. Face aux policiers, il réfute la version de son compagnon. Pour convaincre il dit que s’il était complice, il ne serait jamais venu rendre une visite de courtoisie à son copain. Djodji Diagne aussi est cueilli à Thiaroye. Père de 26 enfants, le natif de Toubé Dangalma est rattrapé. Lui, né en 1953, comptait sur cette moquette pour faire son premier cadeau à la mosquée de son village. Abib Bitèye né en 1947 aussi est cueilli. Lui aussi, à sa façon, clame son innocence, mais la police reste de marbre. Après audition, ils ont été déférés au parquet la semaine dernière.
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Auteur: Babacar Touré - Seneweb.com
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