‘’L’Analyse’’, quatrième album du rappeur Abass Abass présenté mardi à la presse, est une somme qui résume le regard et la vision que l’artiste a du monde tel qu’il marche aujourd’hui, pris entre crises économique et spirituelle.
Entre une analyse de l’être humain, de son état d’esprit, de son comportement dans la société, il repeint la société aux couleurs de ce qu’il qualifie de ‘’rap utile’’ engagé, qui dénonce les travers, anomalies et dérives constatés.
A l’écoute, cet opus d’Abass Abass est à la fois positif et incisif dans le ton et les mots. La fraîcheur de la démarche et les apports des artistes invités relèvent le niveau artistique du produit dont l’auteur reste ce qu’il a toujours été : un conteur des temps modernes, qui informe ses contemporains, les alerte sur les dangers de certains comportement.
Ayant goûté ces dernières années à une orchestration de sa musique, Abass Abass a introduit dans ce nouvel album, inscrit comme les trois précédents…, la musicalité qu’offrent flûte, violon, balafon, trompette, saxophone, basse…
Dans le texte, l’artiste s’insurge contre certaines idées reçues, appelle l’Afrique à se reprendre et à s’appuyer sur ses forces pour se (re)faire une place. Avec le slameur Kingabib Boomara, l’artiste s’adresse à ‘’Tonton’’ Afrique qui voit l’afropessimisme montrer ses signes et le panafricaniste qui perd ses rimes.
Abass Abass parle des jeunes de sa génération qui ‘’pensent connaître la vie’’, font dans le ‘’chacun pour soi Dieu pour tous’’, succombent à l’hameçon du sexe, de la drogue, de l’argent. Le rappeur dénonce le règne du mal.
L’album ‘’L’Analyse’’ c’est aussi la référence à la ‘’Vie d’immigré’’, un homme qui, à 40 ans, joue à cache-cache avec les flics, mène ‘’une vie dont personne ne veut’’. ‘’Je travaille dur à ma couleur mais reste un secret/Mon boulot est sale et ma santé se fait massacrer/Pas de sécu, et quand je suis malade, je me fais pas soigner et c’est comme ça depuis des années.’’
De la France où il vit, Abass Abass a une vision très critique. C’est un pays où ‘’il y a trop de racistes’’, dit-il, relevant toutefois que ‘’personne ne pourrait faire’’ qu’il ne se sente pas libre. Il ‘’crache (sa) haine depuis que Nico (Sarkozy) s’est fait élire’’.
Fruit d’une sérieuse réflexion sur la société qui l’entoure et le monde tel qu’il fonctionne, le nouvel album d’Abass Abass offre, sur le morceau ‘’Le monde part en shupa’’, une belle critique…
‘’Avant, les mariages duraient l’éternité/La femme n’était pas encore émancipée’’, dit-il, se défendant d’être misogyne. Il veut juste comprendre ‘’pourquoi des divorces anticipés’’. Il ajoute : ‘’On est tous agités face à la fragilité de l’être humain qui pense qu’il a évolué’’.
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