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BARACK OBAMA, UN NOIR A LA MAISON BLANCHE : Le Défi américain

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BARACK OBAMA, UN NOIR A LA MAISON BLANCHE : Le Défi américain

En prenant fonction à la Maison Blanche aujourd’hui, 20 janvier 2009, Barack Obama deviendra, à 47 ans, le premier président noir des Etats-Unis d’Amérique (la notion de métis n’est pas opératoire dans la nomenclature étasunienne), après une très longue et éprouvante campagne électorale. Au-delà du symbolisme, il doit apporter des réponses urgentes à une Amérique confrontée à deux grands défis : la guerre et une récession économique sans précèdent.

La figure métissée, longiligne, jeune, dynamique et rock-star, d’Obama va trôner à partir d’aujourd’hui, mardi 20 Janvier, dans le bureau ovale de la Maison Blanche, obligeant sans nul doute à réviser une certaine approche des relations avec la première puissance mondiale, notamment cette propension à l’assimiler à l’Empire du mal. Fruit des étreintes amoureuses d’un père kenyan d’origine Luo et d’une mère américaine blanche du Kansas, qui se sont séparés quand il avait à peine deux ans, éduqué par sa mère et ses grands parents maternels, marié à une américaine noire, petite fille d’esclaves, Barack Obama ne porte pas sur ses épaules le lourd fardeau de l’esclavage, encore moins celui du conquérant. Le nouveau Président ne saurait donc, incarner le visage hideux du « Cow-Boy », de l’arrogance, du mépris des autres, moult fois prêtée aux Etats-Unis d’Amérique ni celui du martyr.

Aussi, s’il demeure des raisons de se réjouir de la charge symbolique que représente son élection, il apparaît prématuré de penser qu’un nouveau monde serait en train de s’édifier, loin de la logique des intérêts des Etats. Sans nul doute la politique américaine ne changera pas du jour au lendemain, comme sous les effets d’une baguette magique, nous indiquait dans un échange épistolaire, l’écrivain Boubacar Boris Diop. Avec une vigilance de guetteur de l’aube, il soulignait que Barack Obama n’hésiterait pas à bombarder le Kenya, pays de sa grand’mère maternelle, présente à son investiture, s’il s’avérait une exigence des intérêts vitaux de son pays. En un mot comme en mille, le président Obama est un Américain et il défendra par conséquent les intérêts de son pays, quoi que cela puisse lui en coûter. Ce qu’on pourrait difficilement lui reprocher.

Au demeurant, ce qui vient de se produire outre-atlantique, doit convaincre que le destin des nations est entre les mains des peuples. Architectes de leur avenir, ils ne seront que ce qu’ils se seront faits, loin de toute délégation de pouvoir voire toute procuration. En ce sens la journée décrétée fériée par le Kenya, était un mauvais signe envoyé au reste du monde. Au moment où le spectre de la récession se fait de plus en plus menaçant, voilà que ce pays pauvre d’Afrique de l’Est, à peine sorti des limbes de conflits intercommunautaires meurtriers, décrétait un jour chômé et payé pour fêter un enfant qui ne lui doit strictement rien, ni à l’Afrique du reste.

Les larmes de Jessy Jackson

Obama a compris que son élection est redevable des luttes et révoltes souvent réprimées dans le sang de millions d’esclaves déracinés de leurs terres lointaines et transformées en bêtes de somme, à celles de Martin Luther King, des Black Panthers , des Blancs, des Porto ricains , des extrémistes et des modérés de tous bords qui ont rêvé d’une autre Amérique, plus généreuse et soucieuse de l’épanouissement de tous ses enfants. En ce sens, sa consécration est le fruit de l’effort et de l’engagement collectif de tout le peuple américain, dans sa diversité.

Il s’agit d’en décrypter le message. Nelson Mandela, un grand Africain, une icône mondiale, dont le parcours exemplaire milite en la croyance en la personne humaine l’aura bien compris, lui qui a invité les hommes et les femmes de toutes conditions et de tous pays « à oser changer le monde », car le possible est à portée de main. Il suffit de le vouloir et d’y croire.

Avec l’installation, en ce début d’année, de Barack Obama à la Maison Blanche, dans l’antre de la première puissance économique de la planète, c’est toute une page douloureuse de l’histoire américaine qui aura été mise entre parenthèse au profit d’une autre beaucoup plus prometteuse. En effet, il n’y a guère longtemps, les Noirs n’avaient pas le droit de voter, de prendre place dans les mêmes rangées de bus que les Blancs, sans compter l’interdiction des relations voire des mariages interraciaux. Aussi, loin d’être rangés au magasin des vieux accessoires, plus de 150 ans de lutte de la communauté afro-américaine contre l’esclavage, la ségrégation raciale, sont restés vivaces dans l’esprit de certains contemporains qui du coup, n’en reviennent pas d’être les témoins vivants d’une histoire qui déboule à vive allure, bousculant au passage des préjugés et des rancoeurs encore tenaces.

Les grosses larmes qui perlaient sur les joues de Jesse Jackson, compagnon de Martin Luther King, et qui ont transpercé l’écran des télévisions du monde, dans un recueillement d’une gravité exceptionnelle, témoignaient par conséquent de l’amplitude des secousses qui ont ébranlé le Nouveau Monde. Paradoxalement elles rendaient compte, par ce fait même, de sa capacité à faire bouger les lignes et à inscrire dans l’imaginaire des citoyens et citoyennes américaines la dimension du rêve comme actualisation de l’horizon du possible.

Au plus près du quotidien

Parce qu’il en avait l’intuition, le candidat Barack Obama faisait d’ailleurs remarquer, en se démarquant des déclarations « racialement marquées » du révérend Wright, son ancien pasteur, que l’heure de se rassembler avait sonné pour l’Amérique afin de « résoudre une série de problèmes énormes –deux guerres, la menace terroriste, une économie en déclin, une crise chronique du système de santé et un changement climatique potentiellement dévastateur-, des problèmes qui ne sont ni blancs, ni noirs, ni latinos, ni asiatiques, mais auxquels chacun d’entre nous est confronté (…) ».

Durant la campagne électorale, il avait ainsi mis en exergue le fait que : « Par certains côtés, l’Amérique vit dans le passé, le discours politique reste très ancré dans les années 1960 et le « Black Power ». Mais, avait-il expliqué : « Je ne crois pas que ce soit ces choses-là qui préoccupent aujourd’hui la majorité des électeurs noirs. Ni la majorité des électeurs blancs. Je crois que ce qui préoccupe leurs pensées, c’est le souci de trouver un emploi, de pouvoir faire le plein d’essence et payer des études à leurs enfants. Lorsque je parle de ces sujets, je sens que je touche aussi bien les Noirs que les Blancs ».

Au plus près du quotidien de ses compatriotes, il s’agissait moins pour lui d’annoncer le basculement de l’Amérique dans une ère post-raciale que d’appeler plutôt à une autre manière de poser les problèmes, tenant compte des attentes, des espérances concrètes du peuple américain dans son ensemble et qui forcément lézarde les murs des fonds de commerce des thuriféraires puisant leurs inspirations dans une conscience victimaire et revancharde, si ce n’est simplement raciste et paternaliste. En somme, il appelait à une attitude qui tourne le dos aux revendications qui prennent leurs aises dans une posture d’authenticité radicale et d’exclusion.

L’espoir est énorme, partout dans le monde. Les attentes aussi. L’Amérique est en guerre, la crise économique bat son plein. Les challenges sont colossaux et multiformes. Il revient à Obama et à son équipe d’apporter des réponses concrètes à tous ces maux afin d’ouvrir réellement une nouvelle page de notre histoire contemporaine. Tel est le défi américain, qu’il incarne désormais.



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