Les observateurs s’étaient lourdement fourvoyés dans leurs analyses, en croyant que le président de la République avait décodé le message que les électeurs lui ont adressé le 22 mars dernier. Cette thèse est de Aminata Mbengue Ndiaye, qui livrait son appréciation sur le tout nouveau gouvernement. La seule lecture à tirer du gouvernement mis en place, pour la mairesse de Louga, c’est que le Président Wade fait comme si de rien n’était et s’enlise dans son « maatey » en déroulant son projet de succession monarchique.
Rarement un remaniement ministériel n’a été aussi attendu que celui de vendredi dernier qui était guetté, épié, surveillé ! Le contexte dans lequel il est survenu (défaite du Pds dans plusieurs localités importantes du pays) y étant pour beaucoup. Malheureusement, la montagne a accouché d’une souris pour de nombreux observateurs à l’image de Aminata Mbengue Ndiaye qui considère que le gouvernement nouvellement formé est « purement politicien ». Selon la responsable socialiste par ailleurs maire de Louga, « ce qu’on a remarqué avec ce gouvernement, c’est qu’on a essayé de récompenser ceux qui ont gagné et de pénaliser d’autres qui ont perdu les élections. Or, celui qui méritait la sanction la plus lourde se trouve être le président de la République parce qu’il a été le plus grand perdant lors des dernières élections (locales) ».
La présidente nationale du mouvement des femmes du Parti socialiste est convaincue que Me Wade tient plus que jamais à son projet de se faire succéder par son fils, Karim Wade. Lequel, à la faveur du récent remaniement gouvernemental, vient de se faire nommer hyper ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures. Un portefeuille juteux qui lui permettra d’avoir sous son contrôle les grands chantiers du pays et l’œil sur certains axes de la diplomatie. Commentaire d’Aminata Mbengue Ndiaye : « On croyait qu’Abdoulaye Wade allait décoder le message qui lui a été adressé le 22 mars, malheureusement il s’entête dans son maatey. C’est le règne du maatey qui continue. En responsabilisant à outrance son fils à qui il a confié un poste stratégique aux répercussions financières extraordinaires, il pense que son projet monarchique va aboutir, mais il se trompe. Les populations sont matures et n’accepteront que le pouvoir soit confisqué. S’il le tente une seule seconde, il fera face à un soulèvement de la population ».
Très en verve, Mme Ndiaye s’abreuve à la source spirituelle pour rappeler au chef de l’Etat que l’unique « plan qui n’échoue pas est celui de Dieu. Seul le plan de Dieu est bon ». Par conséquent, elle estime que le pape du Sopi devrait faire l’économie des manœuvres et autres plans visant à parachuter son fils à la tête de l’Etat. N’arrivant pas à se reconnaître dans le gouvernement Souleymane Ndéné Ndiaye dans lequel essaiment des revenants (Thierno Lô, Khoureïssy Thiam, Aliou Sow, Fatou Gaye Sarr), la responsable socialiste ne manque pas de se poser des questions. « Je m’interroge sur la pertinence de faire revenir quelqu’un qu’on avait remercié. Quand quelqu’un donne satisfaction, pourquoi l’enlever ? Avec ce pouvoir, la nomination à un poste ministériel obéit à des critères autres que la compétence », clame-t-elle avant de supplier qu’on s’occupe des besoins de toute la population.
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