Ce que Wade ne sait peut –être pas

Des zélés, des conspirateurs, des menteurs et surtout de grands délateurs l’entourent, l’influencent et le déroutent. Jamais un pouvoir d’Etat n’a été aussi dénudé que celui de Wade. Aucun secret d’Etat n’y est gardé. Ce qui est dit dans le secret de l’intimité des audiences est immédiatement dans la rue. Même Wade ne s’y échappe pas. Lui-même ne garde pas les secrets. Selon ses humeurs, il met au grand jour ce qu’on lui a dit dans le secret d’une rencontre ou d’un entretien téléphonique. Avec Wade, le pouvoir n’est pas seulement dans les rues. Il est dans les poubelles. On complote. On combine. On conspire. Le pouvoir d’Etat, hier porteur de mythes, est devenu générateur d’ignominie et de désastre.

Au Pds, comme à la Présidence, Wade est souvent l’objet de fausses informations que certains de ses proches ou de ses collaborateurs lui font parvenir sur des membres de son gouvernement ou même de son cabinet. Parfois, c’est un proche de Wade qui fomente un complot médiatique contre un autre et qui s’empresse de lui montrer l’organe de presse pour avoir la peau de la personne ciblée.

Plus grave, Wade ne sait pas que les gens de son régime sont entrain de voler l’argent du contribuable et de s’accaparer du domaine national. Il ignore l’immense fortune que ses gens-là ont amassée en moins de 10 ans. Contrairement à ce que l’on croit, Wade ne sait pas ce que Souleymane Ndéné Ndiaye, Habib Sy, Lamine Faye, Omar Sarr, par exemple, ont amassé grâce à la station qu’ils occupent. Comment de milliards et de centaines de millions disparaissent dans ce pays sans que Wade ne soit pas informé ? Certes on reconnaîtra naturellement que le premier expert de la gabegie, c’est Wade lui-même, nul n’en disconvient. La pagaille, c’est bien lui qui en est l’inspirateur et le promoteur. Il a des rapports pathologiques avec l’argent et éprouve une sorte de délectation en à distribuer sans mesure de sorte que chacun citoyens rêve d’une audience avec lui.

Mais ce que Wade ne sait pas et qu’on ne lui dit pas, est que les Sénégalais sont exaspérés par ce qu’il fait et dit par les odieux actes de son régime. Les Sénégalais ce ne sont pas ces contributionnistes, ces intellectuels mal pensants, ces têtes brûlées ou ces opposants de Benno Siggil Sénégal qui envahissent les média. Ce sont ces milliers de citoyens confrontés au désarroi social, à l’inflation, aux périls écologiques, à l’émergence de nouvelle formes de pauvreté et qui assistent, affligés, au triomphe de l’arrogance, à l’embourgeoisement éhonté de parvenus libéraux et à la politique du je m’en foutisme qui s’impose comme un fait de civilisation politique.

Wade ne sait pas que l’écrasante majorité des gens de son parti, de « son » Assemblée nationale, de « son » Sénat, et surtout de son pléthorique gouvernement agace les Sénégalais soit par leur arrogance, soit par leur antipathie, soit par leur impopularité. Son régime trône par le parjure en foulant aux pieds la morale et le droit. La présidence de la République et le gouvernement sont composés de personnes fourbes, impudentes, cyniques, antipathiques et médiocres. Mais Wade ne le sait peut-être pas. Il ne sait pas que ses choix politiques agacent. Il nomme sans mesure ni enquête de moralité. Ses ministres, dans leur immense majorité, ne dispose d’aucun cursus honorum et c’est à cause de leur incompétence, du pilotage à vue, de et leurs tâtonnements que le Sénégal marche à reculons.

Wade ignore qu’il chemine avec d’arrogants parvenus qui prennent gaiement pour soi palais et millions à un rythme frauduleux en s’affichant tout crûment satrapes et en menant, sans sourdines, joyeuse vie avec des gourgandines, aux frais du contribuable. Tous les penchants de ces gens –là mènent à la turpitude et ils ne se gênent pas que l’opprobre soit leur logis. C’est pourquoi, après Wade, la tâche sera ardue pour le successeur pour peu qu’il ait la volonté politique de restaurer les valeurs, de réhabiliter les fondements de la République et de reformer les règles d’opérations financières courantes. L’austérité serait indubitablement la voie qu’il s’imposerait.