COMMENTAIRE : Gouvernement, Fmi, Politiciens… Arrêtez le cirque !

L’affaire Alex Ségura constitue, à n’en point douter, un test grandeur nature pour les Institutions financières internationales, de redorer leur blason plus que terni, et partant, se réconcilier avec l’opinion publique des pays en développement qu’elles tiennent en otage depuis plusieurs décennies. Mais, pour l’instant, le Fmi, dont l’ex-représentant résident à Dakar est pris la main dans le sac, se perd dans des communiqués contradictoires qui ne font qu’ajouter à la suspicion qu’il suscite chez les exclus de la mondialisation. En effet, en lieu et place de mesures fortes comme l’ouverture d’une enquête, le dépôt d’une plainte contre X ou l’interpellation directe de l’Etat du Sénégal sur sa «tentative de corruption d’un haut fonctionnaire international», le Fonds monétaire international tente d’étouffer l’affaire. Pitoyable ! Et du coup, l’Institution, qui a toujours claironné sa volonté de lutter contre le fléau planétaire de la corruption et d’œuvrer pour la bonne gouvernance, se met subitement dans la posture peu confortable de l’accusé. A l’instar de la plupart des organismes onusiens qui sont dans le collimateur des pourfendeurs de leurs pratiques nébuleuses. Dominique Strauss Kahn, Directeur général du Fmi, et Paul Wolfovitch, ancien patron de la Banque mondiale, ont tous défrayé la chronique, à travers des comportements qui tranchent avec la morale.  

Et ce n’est d’ailleurs pas un hasard, si par réplique à l’ancien président américain Georges Bush, qui avait théorisé l’axe du mal regroupant l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord, le sociologue Ignacio Ramonet avait désigné un autre axe, autrement plus maléfique, à savoir Banque mondiale-Fmi-Omc. Mais que dire du gouvernement du Sénégal éclaboussé une nouvelle fois pour des agissements peu orthodoxes ? A travers son ministre de la Communication Moustapha Guirassy, qui semble tout ignorer dans l’affaire, il multiplie les actes de maladresse qui ont consisté à tout nier avant de formuler des menaces à peines voilées à l’endroit des fouineurs qui s’aventureraient trop dans ce dédale de corrompus et de corrupteurs. Son embarras est d’autant plus grand que des voix s’élèvent, jusque dans l’arrière-pays, pour dénoncer «l’octroi de ces largesses au moment où les populations de la banlieue pataugent, les délestages se poursuivent et les pères de familles ne savent point où donner de la tête face aux dépenses inhérentes à la rentrée des classes». Pendant ce temps, les hommes  politiques poursuivent leur jeu favori : l’affrontement verbal par presse interposée. Mais, Ousmane Tanor Dieng, Babacar Gaye et les autres gagneraient à se prononcer sur des mesures concrètes, pour arrêter ces actes de mal gouvernance et permettre aux citoyens de bénéficier d’une croissance forte et durable. Le gouvernement, le Fmi et les hommes politiques de tous bords doivent arrêter leur cirque de mauvais aloi, faire éclater la lumière dans cette affaire et donner des explications au peuple qui, une fois de plus, risque d’être berné, lorsque cet énième dossier sera classé ... sans suite.