Les effets boomerang du "cadeau" présidentiel aux différentes centrales syndicales n’ont pas encore fini de se dérouler. La suspicion et la méfiance ont pris le pas sur l’esprit dans lequel, les centrales syndicales ont défilé le 1er mai 2007. Un malaise bien ambiant lié au fait que certains leaders syndicaux sont mécontents du deux poids deux mesures instauré cette année par la Présidence. L’affectation de 600 millions à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), représentant, selon les termes de Mamadou Guiro, Secrétaire général de cette centrale, les indemnités de déguerpissement" et le dédommagement des familles qui ont perdu des parents dans les évènements violents de la Bourse du travail. Accusé d’avoir reçu cette somme de l’Etat du Sénégal et dans la plus grande discrétion, Mamadou Guiro a vite fait de s’expliquer pour préciser qu’en réalité cette somme n’a rien à voir avec la subvention de 600 millions promise par le chef de l’Etat aux syndicats.
Une autre centrale qui ne va pas manquer de connaître des soubresauts après ce 1 er mai, c’est la Confédération des syndicaux autonomes du Sénégal (Csa) où l’on s’interroge sur la nature des fonds à elle alloués par la Présidence de la République. Mamadou Diouf a-t-il demandé l’autorisation à son bureau avant de récupérer cet argent ? En tout cas il devrait s’en expliquer même s’il affirme dans les colonnes du journal Le Populaire que l’argent a été déposé dans un compte de la Bicis en bonne intelligence avec le trésorier de la centrale syndicale. Une réunion extraordinaire du secrétariat est d’ailleurs prévue lundi prochain "pour tirer cette affaire au clair".
Au clair ? C’est que la Présidence a tout fait pour entourer cette affaire d’un voile de mystère. "On m’a appelé après 21 heures" ; "j’ai reçu un coup de fil aux environs de 22 heures du cabinet du Président", "j’étais en réunion dans le cadre de la préparation du défilé lorsque mon téléphone a sonné". Ces appels téléphoniques ont été suivis par le défilé de la quasi totalité des leaders de centrales syndicales. A certains, on donnera juste 3 millions comme c’est le cas du secrétaire général de la Cnts et à d’autres 28 millions. Les 25 millions représentant, selon l’entendement des leaders qui les ont encaissés, la subvention promise par le chef de l’Etat alors que les 3 millions sont destinés à aide de l’Etat pour le défilé du 1er mai en tant que tel. Mais là encore, il y a un sérieux problème d’interprétation car, le chef de l’Etat ne s’est même pas rappelé avoir promis une quelconque subvention aux centrales comme cela se fait au Bénin. Le secrétaire général de l’Unsas, Mademba Sock, le seul selon nos sources à avoir refusé d’émarger, a d’ailleurs tenu à rappeler au Président Wade ses promesses.
Preuve que les sommes d’argent remises à certaines centrales ne sont pas la subvention, c’est seulement ce jeudi que le gouvernement, par la voie du ministre de la Fonction publique, du Travail et des Organisations syndicales, "a décidé d’accorder une aide de 600 millions de francs CFA aux centrales syndicales", selon les termes d’un communiqué reçu par l’Aps. Et de préciser que "l’aide qui fera l’objet d’une loi de finances rectificative, sera déposée à l’Assemblée nationale avant d’être disponible à partir du 1-er juillet 2007". Les centrales syndicales qui ont donc reçu 28 millions feront sans doute la bonne soustraction pour comprendre que les 25 millions n’ont pas été encaissés au titre de la subvention.
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