DESAVEU - Idrissa Seck prend le contre-pied de Wade : Acte de vengeance

Hier auprès du précipice, l’ancien Premier ministre se retrouve aujourd’hui dans une position de rêve. Comme le maître insoupçonné s’est précipité pour annoncer, à sa place, son retour dans la famille libérale, l’élève présumé est en roue libre pour un assassin coup de massue contre son ex-mentor.

Machiavélique jusqu’au bout. Idrissa Seck aura été machiavélique jusqu’au bout dans la gestion de ses relations avec le président Wade. Sénégalais de Thiès, il est ballotté entre la pensée florentine et la dextérité mitterrandienne dans une maîtrise constante de la communication de crise. Car entre lui et son ancien mentor, c’est une relation de crises qui s’est instaurée depuis quatre ans. L’audience annoncée sous le parrainage de Serigne Abdou Aziz Sy Junior, on s’est interrogé sur les intentions de M. Seck d’aller répondre à l’invite de Me Wade. Apparemment, il n’y avait aucune sorte d’intérêt, immédiat ou futur, à rejoindre le Parti démocratique sénégalais un mois jour pour jour avant la présidentielle du 25 février. Il le ferait qu’il signerait sans doute sa mort politique sans être certain, par ailleurs, que des manœuvres internes au Pds ne le rejetteraient pas en dehors du parti. La « tortuosité » et la «lâcheté» historiquement reprochées à un allié du chef de l’Etat comme Djibo Kâ et à un compagnon comme Ousmane Ngom se retourneraient contre sa personne. Une façon comme une autre de se faire hara-kiri. La déclaration d’Awa Guèye Kébé assimilant l’audience du jour à celles accordées par le président de la République aux leaders de l’opposition en novembre dernier est malheureusement passée inaperçue. De même que l’acte de dépôt de la candidature du président de Rewmi auprès du Conseil constitutionnel.

Or, la sympathie capitalisée chez une frange de l’opinion après ses déboires judiciaires déclenchés par…Wade lui-même, l’hostilité affichée par ses propres faucons contre tout projet de réconciliation avec le chef du Pds, et la synergie développée avec Tanor Dieng et Abdoulaye Bathily au sein de la coalition Jamm-Ji en direction des scrutins prévus cette année, sont autant d’atouts justifiant une radicalisation contre le président de la République. Idrissa Seck n’a jamais publiquement dévié de cette posture sans concessions. C’est pourquoi la réconciliation naïvement annoncée par le leader du Pds, constitue une aberration politique de grande envergure. Et il est surprenant qu’elle soit venue d’Abdoulaye Wade lui-même. A force de ruser et d’en sortir gagnant à tous les coups, il en est devenu politiquement fragile et humainement malléable. C’est l’incroyable scénario déroulé hier au Palais de la République.

A la décharge de Me Wade, Idrissa Seck est un peu trop fin d’esprit pour ne pas avoir en tête les paramètres fondamentaux qui conditionnent son retour au bercail bleu. L’état actuel de la crise des nerfs chez les principaux responsables libéraux, qui se sont épanchés sur les ondes toute la journée d’hier est en soi une entrave à son retour au Pds. Il ne pourrait certainement pas évoluer dans un parti où insultes et invectives seraient son lot quotidien. Alors, pour sa propre vengeance contre les «injustices» subies depuis plus de deux ans, M. Seck a fait dire solennellement à Abdoulaye Wade, maître des poursuites, qu’il est blanc comme neige dans tous les dossiers judiciaires ouverts contre lui.