Sur le perron du palais présidentiel, au sortir de la quatrième et ultime rencontre avec le chef de l'Etat, Idrissa Seck, répondant à la question d'un journaliste lui demandant s'il est pour ou contre Wade, dira qu'il maintient sa candidature et qu'il souhaite le battre. Interpellé sur la déclaration du président Abdoulaye Wade annonçant son retour au Pds, l'ancien Premier rappelle que le Pds est sa ‘famille naturelle’ et qu'il n'a jamais pris la décision de la quitter malgré son exclusion du gouvernement. Cela ne saurait en être autrement, semble dire celui qui se dit actionnaire majoritaire du Pds.’Il y a un legs politico-intellectuel duquel même Me Wade ne peut m'exclure’, avait affirmé Idrissa Seck, plus tard, au niveau de son quartier général sis en face du domicile privé du président Wade au point E.
Tribun en diable, Idrissa Seck venait de réussir un coup sémantique : il n'a pas prononcer le mot retour préférant parler d'‘affection’ et de ‘confiance’ retrouvées auprès de Wade. Qu'à cela ne tienne la dichotomie était manifeste, aux yeux de l'opinion. Comment peut-on être candidat face au candidat du parti auquel on dit appartenir ?, semble-t-on se demander. Les plus téméraires diront que c'est parce qu'il a passé un accord secret avec Wade. Lequel ? En tout cas, la confusion ne tardera pas à atteindre les rangs de la coalition Jamm-Ji : Le Ps et la Ld/Mpt lâchent Idrissa Seck et se débarrassent, dans le même temps, d'un allié encombrant. Les explications d'Oumar Sarr, qui a envahi les débats radiodiffusés, n'y feront rien. Le porte-parole du leader de Rewmi a beau précisé qu'il s'agit de retrouvailles entre Wade et Idrissa Seck et non de retour de ce dernier au Pds, mais ces propos auront l'effet d'un coup d'épée dans l'eau.
Il en fallait, donc, plus pour lever l'équivoque et donner l'assurance qu'Idrissa Seck n'a fait aucun deal avec Wade et que son intention et de battre le président sortant. Curieusement, la bouée de sauvetage viendra, du Pds. Au second jour de la campagne électorale, Idrissa Seck et son caravane Dekkal Yaakaar (faire renaître l'espoir, en Wolof) tombent dans une intifada des partisans du responsable libéral des Parcelles assainies, Lamine Bâ.
L'occasion était trop belle pour que le maire de Thiès la laisse passer. Il savait qu'il lui fallait réitérer, mieux, repréciser sa volonté de briguer les suffrages des Sénégalais, ses rencontres avec le chef de l'Etat ayant installé le doute dans la tête de bon nombre de ses compatriotes sur ses intentions.
Dans son discours, il brocarde la gestion du régime de Wade et en expose les incuries. Au toisième jour, il reçoit l'ordre de déplacer son quartier général installé dans sa maison, nouvellement acquise, en face du domicile privé du chef de l'Etat. Sa visite à l'intérieur du musée des Forces armées sera censurée. Deux actes qui feront monter les ardeurs dans son camp.
En tournée dans la banlieue de Dakar, son discours se fait plus précis et plus dirigé vers le président sortant. Idrissa Seck met l'accent sur l'alternance générationnelle. Un thème qui vise, en premier, Wade. Ses partisans qui n'en demandaient pas plus donneront une signification particulière à l'acronyme Rewmi qui devient’Rakhas ekipu Wade, moss Idy’ ou ‘Rassemblement pour enlever Wade et mettre Idy’. La tonalité de son discours ne change pas depuis. Hier, pour sa première sortie hors de Dakar, c'est sans ambages qu'il déclare :’je veux ramener Wade à son domicile du point E’ (Voir par ailleurs).
Voilà qui est clair : Idrissa Seck veut en découdre avec Wade. Même si ce dernier refuse, pour le moment, de répondre aux piques de son ex-dauphin préférant s'en prendre à Moustapha Niasse et à Ousmane Tanor Dieng en fouillant dans les poubelles de l'histoire.
0 Commentaires
Participer à la Discussion