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Politique

[Entretien]Dr Cheikh Omar Diallo : “À l’image de Donald Trump, Macky Sall pense légitimement à un retour aux affaires en 2029”

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[Entretien]Dr Cheikh Omar Diallo : “À l’image de Donald Trump, Macky Sall pense légitimement à un retour aux affaires en 2029”
Fondateur et Président de l’Ecole d’Art Oratoire et de Leadership (EAO-Afrique) Cheikh Omar Diallo est Docteur en Science politique et Expert en Communication et Leadership. Ses réflexions et contributions dans l’espace public ne passent pas inaperçues. À quelques jours du scrutin présidentiel, il décrypte pour Seneweb les enjeux d’un scrutin inédit.



Comment appréciez-vous cette campagne électorale notamment par rapport aux précédentes ? Dix-neuf candidats à la présidentielle du 24 mars 2024. Un record.



Effectivement, nous assistons à une présidentielle inédite à tout point de vue. Il s’agit d’un record de candidatures au Sénégal, mais pas en Afrique. Pour rappel, le Bénin avait enregistré 48 candidats à la présidentielle de 2016. Le scrutin du 24 mars 2024 sera l’élection la plus onéreuse jamais organisée, elle coûte 50 milliards FCFA environ. Et, le plus grand défi est celui de l’organisation, de la transparence et de la sincérité du scrutin : sur la ligne de départ 19 candidats pour 7.371.894 d’électeurs inscrits ; soit plus de 100 millions de bulletins de vote dans 16.440 bureaux de vote. Il est évident que les bureaux fermeront tardivement, si chaque électeur doit choisir 19 bulletins, en retenir un dans l’isoloir et l’urne, il faudra compter environ 5 minutes par électeur. Le défi est immense.



Il y a dix-neuf candidats, mais le débat se polarise de plus en plus sur la confrontation entre Amadou Ba et Bassirou Diomaye Faye.



Avant de répondre à cette question centrale, il ne serait pas inintéressant de me permettre de regrouper les dix-huit adversaires d’Amadou Ba, en quatre blocs non-homogènes.



Les radicaux : le duo Bassirou Diomaye Faye - Ousmane Sonko, Cheikh Tidiane Dieye, Habib Sy, Déthié Fall. Dans ce bloc, on peut y ajouter Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo et Boubacar Camara.



Les non-extrémistes : Khalifa Sall, Idrissa Seck et Malick Gackou. Leurs parcours politiques, leurs pratiques de l’État et des institutions les éloignent plus ou moins des extrêmes.



Les dissidents : Il s’agit du trio Mahammad Boun Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye et El Hadji Mamadou Diao. Indubitablement, ces trois mousquetaires sont en train de labourer dans le même périmètre électoral qu’Amadou Ba. Logiquement, une partie de leur électorat retournera à la roche-mère, en cas de second tour.



Les non-alignés : Aliou Mamadou Dia - une force constante entre 4 et 5 % - le député Pape Djibril Fall, le top-manager Anta Babacar Ngom, l’homme d’affaires Serigne Mboup et le Pr Daouda Ndiaye. Attention ! Les petits ruisseaux font les grandes rivières : Faut pas les négliger. Ils attendent le second tour pour monnayer leurs voix, si petites soient-elles.



Vous êtes donc inscrit dans une perspective de second tour ?



C’est une quasi-certitude mathématique. J’ai eu le privilège de le développer dans mes publications scientifiques, suite à un monitoring d’une centaine d’élections présidentielles dans le monde. Pour faire court et simple, lorsque le président sortant n’est pas candidat - et donc pas de prime au sortant - comme c’est le cas, le scrutin impose, en règle générale, un second tour, à quelques exceptions près. D’où « la loi de la gravité électorale ». Dans le cas contraire, ce serait l’exception qui confirme la règle, je ferai alors amende honorable.



“Sonko est aujourd’hui la première réalité politique du Sénégal. C’est une montagne, on l’aime ou on ne l’aime pas, mais elle est là devant nous”



Partagez-vous donc l’avis de ceux qui pensent que la présidentielle se jouera entre Amadou Ba et Bassirou Diomaye Faye ?



J’ai la faiblesse de croire que depuis leur fraîche libération, la campagne s’est emballée et le face-à-face avec Amadou Ba est inévitable. En vrai, Bassirou Diomaye Faye est un candidat de substitution [selon ses propres termes]. Donc entre Sonko et Ba on dira : « game is over ».



Ousmane Sonko est aujourd’hui la première réalité politique du Sénégal. C’est une montagne, on l’aime ou on ne l’aime pas, mais elle est là devant nous. En 2019, il avait environ 16% de l’électorat, son premier coup d’essai. Aujourd’hui, son immense popularité quasi mystico-religieuse a doublé, voire triplé. Pas facile de croiser le fer avec cet homme-peuple qui parle peuple au peuple. Si son fidèle lieutenant Diomaye Faye est élu, Sonko sera le vrai chef de l’exécutif et le Premier ministre le plus puissant d’Afrique. Pour cela, il suffit de modifier une petite douzaine d’articles de la Constitution et hop le tour est joué.



“Amadou Ba habite mieux la fonction, son programme est robuste et sa vision est claire”



Quant à Amadou Ba, l’excellence étatique coule à lui, il est né dans l’État, a grandi dans l’État et est devenu un vrai homme d’État. Incontestablement, il habite mieux la fonction, son programme est robuste et sa vision est claire. Et puis, il lui est arrivé « un accident magnifique », une dinguerie politique : de violentes attaques frontales et des accusations infamantes de ses camarades de l’APR. Ajoutons-y l'absence de soutien manifeste de Macky Sall. Sans le savoir, les coups reçus l’ont humanisé, visibilisé et victimisé… Ce surprenant désamour l’a galvanisé et, depuis, sa machine électorale est lancée. En un mot, Amadou Ba, émancipé, a déstandardisé son discours et s’est désenvouté de la tutelle ombrageuse de son mentor, un peu comme entre Wade et Macky.



Mais… mais un ressort s’est définitivement cassé entre les deux. Dans le même temps, le Président sortant prépare secrètement l’ultime combat : à l’image de Donald Trump, Macky Sall pense légitimement à un retour aux affaires en... 2029, si et seulement si les circonstances s’y prêtent. Il n’aura que 66 ans. C’est pour cette raison stratégique que les rênes de l’APR ne sont pas confiées à Amadou Ba.



Pour en revenir aux deux challengers de la présidentielle, je dirais ceci : d’une part, rien ne sert d’être premier au premier tour, s’il y a plusieurs points à rattraper, comme ce fut le cas en 2000 entre Diouf-Wade (41% vs 31%) et entre Wade-Macky (34% vs 26%). D’autre part, être second ne garantit pas non plus la victoire finale. C’est pourquoi, il faudra de la vista : des contrats de coalitions pour une gouvernance de consensus, des reports de voix massifs et des consignes de vote claires. Ce sont-là des paramètres cruciaux pour capter les faiseurs de voix que sont : les primo-votants, les voix du PDS et celles de la grande famille libérale, sans oublier les indécis et les abstentionnistes.

Et, bien après le deuxième tour, il faudra envisager un troisième tour c’est-à-dire les législatives anticipées et donc la dissolution de l’Assemblée nationale. Iné-vi-ta-ble !



“Le président élu qu’il soit issu de l’opposition ou du pouvoir se trouvera dans l'obligation de dissoudre le Parlement”



Pourquoi, selon vous, est-il impératif de dissoudre l'Assemblée nationale et d’organiser des élections législatives anticipées ?



Le président élu qu’il soit issu de l’opposition ou du pouvoir se trouvera dans l'obligation de dissoudre le Parlement pour pouvoir faire adopter des lois significatives d'ici à la fin de la législature en 2027. Depuis les élections législatives de 2022, la majorité absolue est introuvable au sein d'une assemblée à la fois instable, ingérable et incontrôlable. En conséquence, la majorité relative actuelle se retrouve dans l'incapacité chronique de faire adopter une loi d'importance. Dans ce « régime d'assemblée », la dissolution devient un impératif politique catégorique.



C'est pourquoi le président fraîchement élu n'aura d'autre choix que la dissolution. Dans l'enthousiasme du nouveau mandat présidentiel, généralement, les dynamiques électorales perdurent et se manifestent dans les urnes lors des premiers scrutins suivants.



On ne va pas vous demander de faire la voyance. Mais quel est votre pronostic pour le soir du 24 mars ?



Vous êtes coriace hein… Permettez moi de faire un petit détour avant d’évoquer  le grand soir. Voyez ! 2024 est une année d’épreuves pour les démocraties et l’année-record des élections. Un habitant de la Terre sur deux devrait aller aux urnes. Quatre milliards de personnes sont concernées, soit plus de la moitié de la population mondiale. Au cœur de cette super-année électorale – 80 élections environ - il faut compter des élections dans les dix nations les plus peuplées du globe, une quarantaine de scrutins en Europe et plus d’une vingtaine en Afrique.



De janvier à décembre, des pays comme le Ghana, la Mauritanie, l'Afrique du Sud, l'Algérie, la Tunisie, l’Ethiopie, le Rwanda, la Namibie, les États-Unis, la Russie, l'Inde, le Bangladesh, l'Indonésie, le Pakistan, le Mexique et le Mozambique etc., seront à l’affiche. La coupe du monde des élections, en somme.



Deux certitudes se dégagent : D’une part, Vladimir Poutine est déjà réélu sur un score de 90% pour un cinquième mandat. Un non-évènement. Tandis que les chances de victoire de Donald Trump sont intactes. D’autre part, la montée des populismes sera inquiétante. Au Sénégal, probablement un Inspecteur des impôts et domaines sera élu. Qui votera verra !






1 Commentaires

  1. Auteur

    En Mars, 2024 (09:35 AM)
    Ça suffit !!!

    Doyna

    On l'amènera à Gorée et il passera par la porte de non retour!!!
    Top Banner
    • Auteur

      Reply_author

      En Mars, 2024 (10:40 AM)
      Le titre de l'article ne reflet pas le contenu.
      Cet entretien est sans fil conducteur.
      Il y a une volonté de jeter la poudre aux yeux, en citant plusieurs éléments non relevant.
      Je ne conseillerai à personne de s'inscrire dans cet institution.
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