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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Entretien avec... : Pr Abdoulaye BATHILY : 'Tous les secteurs juteux de l'économie sont logés au palais'

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Entretien avec... : Pr Abdoulaye BATHILY : 'Tous les secteurs juteux de l'économie sont logés au palais'
Dans cette seconde et dernière partie de l'entretien qu'il nous a accordé, le Pr Abdoulaye Bathily cloue au pilori le rôle d'agences telles que l'Agence nationale de l'Oci et l'Apix qu'il assimile à des gouvernements parallèles. Le secrétaire général de la Ld/Mpt revient aussi sur l'épineux dossier de la Senelec avec le regard de l'ancien ministre de l'Energie qu'il fut, sur le monde rural et la décision du chef de l'Etat de parachever les chantiers de Thiès.

Wal Fadjri : La Senelec connaît actuellement des difficultés avec des délestages intempestifs. En tant qu'ancien ministre de l'Energie et de l'Hydraulique du premier gouvernement du régime issu de l'alternance du 19 mars 2000, quel regard portez-vous sur tout cela ?

Abdoulaye Bathily : Permettez-moi d'abord de faire un petit rappel historique. Quand je suis arrivé à la tête du ministère de l'Energie et de l'Hydraulique, je me suis aperçu que la privatisation qui avait été faite par le régime socialiste, un an auparavant, l'avait été sous la pression des bailleurs de fonds. Surtout après la grève du Sutelec avec les 48 heures de coupure d'électricité. Il y a eu donc un modèle de privatisation qui a été presque imposé. A mon arrivée, j'ai fait étudier la situation de la Senelec avec à la clé un mémoradum qui avait été rendu public dans la presse. J'ai constaté que les deux repreneurs, c'est-à-dire Hydro Québec et Hélyo n'étaient pas sur le point de respecter les engagements qu'ils avaient pris. Pis, l'Etat qui détenait 66 %, donc la majorité du capital, alors que les deux sociétés que je viens de nommer avaient chacune 17 %, a laissé à ces deux repreneurs la gestion totale de la Senelec. Le directeur général et son adjoint sont fournis par les deux sociétés repreneurs. En plus de cela, tous les cadres de la Senelec ont été marginalisés et elles ont fait venir des consultants. Ces derniers étaient mieux payés que les cadres locaux à compétences égales. Parce qu'à la Senelec, nous avons des cadres sénégalais qui ont fait les meilleures écoles d'ingénieur au monde aussi bien dans les services techniques que dans les services de gestion. Par ailleurs, il faut noter que la Senelec fait vivre beaucoup de petites sociétés autour. Mais, quand ces repreneurs sont venus, ils ont mis fin à ça. Ils faisaient venir leur propre groupement d'achat de l'extérieur. C'est-à-dire que tous les approvisionnements de la Senelec venaient de l'extérieur. Et on a vu les Petites et moyennes entreprises qui vivaient de la Senelec commencer à péricliter. J'avais dénoncé cela parce que la privatisation, à mon sens, doit créer plus de richesses pour le pays, enrichir les Sénégalais et non pas seulement les étrangers. Parce que si on privatise, c'est pour amener des gens qui peuvent tout de suite mettre des investissements importants. Mais pas des gens qui comptent sur les bénéfices de la société privatisée pour faire de l'investissement. J'en profite, d'ailleurs, pour préciser que je n'étais pas contre la privatisation, mais c'était la manière dont les sociétés nationales sont souvent privatisées que je rejetais. D'ailleurs, dans une commission d'experts à l'Union africaine, j'ai proposé qu'il y ait un débat sur les privatisations en Afrique. Et tout le monde a accueilli favorablement cette proposition parce que les privatisations telles qu'elles sont faites, appauvrissent les pays africains. En Asie, on ne peut pas privatiser sans mettre des nationaux dans le capital et même des fois à des positions de blocage. C'est ça qui est le secret des révolutions économiques dans les pays asiatiques. Mais en Afrique, on laisse les repreneurs faire ce qu'ils veulent. On a même vu des sociétés nationales reprises par d'autres sociétés nationales. C'est le cas de la Sonatel qui a été privatisée pour France Télécom.

Wal Fadjri : Qu'avez-vous fait alors pour résoudre ce problème posé par la privatisation de la Senelec ?

Abdoulaye Bathily : Je les ai convoqués pour leur dire qu'il fallait que l'on change un certain nombre de choses. Notamment augmenter la capacité de production de la Senelec qui était à 250, voire 350 Mw de déficit. Et en prériode de chaleur, avec la forte demande, on note de nombreux délestages, comme c'est le cas actuellement. La venue du Gti, une entreprise de production, n'avait pas suffi à régler le problème. Parce que dès qu'elle sort du réseau pour maintenance, tout de suite, il y a des délestages.

Wal Fadjri : Et qu'est-ce que les repreneurs vous avaient répondu ?

Abdoulaye Bathily : Ils ont pris l'engagement d'améliorer le réseau, lequel était, du reste, vétuste. Ils ont aussi promis de faire venir une centrale de 30 Mw. Je leur ai fait savoir que cela n'était pas suffisant. Par la suite, nous avons eu des séances de discusions sans parvenir à trouver un accord. Je leur ai proposé alors une séparation à l'amiable. J'ai mis en place une équipe dans laquelle il y avait l'actuel ministre du Budget Adjibou Soumaré, Mme Mame Dieynaba Djiguel qui était l'un de mes conseillers, trois avocats sénégalais et des experts comptables pour suivre avec nous l'opération. On a fait des calculs et on est parvenu avec les repreneurs à un accord. L'idée était, immédiatemment après cela, de réfléchir pour relancer la privatisation sur des bases nouvelles. A cet effet, j'ai convoqué les journées de l'énergie avec la participation du patronat et des syndicats. Le schéma retenu à la suite de ces travaux, c'était de proposer au patronat sénégalais de prendre des parts dans la société. Ce qui leur permettrait d'avoir leur mot à dire dans la marche de la société étant au conseil d'administration. Les partenaires extérieurs qui viendraient, auraient aussi leur mot à dire. Donc, nous aurions eu un conseil d'administration qui serait le gouvernement de la Senelec. Sans oublier l'Etat qui a des objectifs stratégiques d'électrification de tout le pays. Les documents sont encore là. Mais je n'ai pas eu le temps de mettre cela en œuvre parce qu'après les élections législatives, Idrissa Seck et Abdoulaye Wade m'ont dit qu'ils n'avaient plus besoin de moi au ministère de l'Energie. Ils disaient qu'ils allaient faire venir des cadres supérieurs qui connaissent bien les problèmes énergétiques, qui ont les meilleurs diplômes, même s'il faut leur payer 20 millions de francs Cfa. Ils m'ont proposé le ministère de l'Urbanisme, mais je leur ai indiqué Seydou Sy Sall. Et depuis, ils n'ont pas, non seulement donné suite aux décisions issues des journées sur l'énergie qui ont fondé un consensus, mais, ils ont fait pire. Voilà pourquoi la Senelec est aujourd'hui dans cette situation.

Wal Fadjri : Les responsables de la Senelec ont excipé des difficultés d'approvisionnement en fuel pour justifier les délestages constatés actuellement. Cela vous paraît-il pertinent comme justificatif ?

Abdoulaye Bathily : On verra un jour qu'il y a des choses pas claires dans cette affaire. Quand j'étais ministre de l'Energie, j'avais mis en place la commission nationale des hydrocarbures. Son rôle était de faire des calculs, chaque mois, pour voir avec l'évolution des cours mondiaux quels prix appliquer. C'est une réforme qui date d'avant 2000, mais que j'ai pu matérialiser, notamment en installant cette commission. Mais, on constate aujourd'hui que l'Etat du Sénégal fait une surtaxe trop élevée sur le pétrole. C'est une manne extraordinaire. Le Sénégal qui est un pays côtier, vend son carburant à un prix quelquefois supérieur à des pays de l'intérieur comme le Mali, le Burkina Faso. C'est anormal. Malgré tout, on a atteint le seuil critique, le stock de sécurité était presque épuisé. Et c'est aussi la responsabilité des ministres. Mais de ministres, il faut dire qu'Abdoulaye Wade est entouré de 'calots bleus' qui ne prennent pas leur responsabilité et qui passent tout leur temps à faire des meetings à travers le pays. Ils ne s'intéressent pas aux grands dossiers du pays. L'Etat doit aujourd'hui de l'argent aux pétroliers parce que les ministres n'anticipent pas sur les problèmes. Ils n'ont pas été attentifs à l'accumulation des arriérés de paiement des pétroliers. Ce qui est une faute grave. Je travaillais en permanence, quand j'étais ministre de l'Energie, avec Makhtar Diop alors ministre des Finances, pour régler le problème de l'approvisionnement. Mais, on a l'impression que les gens qui sont au pouvoir, sont intéressés par autre chose. Partout où il y a de l'argent frais, ils mettent la main dessus. Parce que les besoins d'argent d'Abdoulaye Wade sont énormes.

Wal Fadjri : Voulez-vous dire que les tenants du pouvoir font main basse sur l'argent des sociétés nationales ?

Abdoulaye Bathily : En tout cas, en m'enlevant de la tête du ministère de l'Energie, on pensait qu'il y avait de l'argent à prendre à la Senelec. On m'a fait remplacer par Macky Sall qui n'avait pas l'expérience nécessaire pour ce poste. Il n'avait même pas une responsabilité importante à Petrosen. D'ailleurs, c'est moi qui l'avais fait nommer là-bas parce qu'il fallait initier les cadres de l'alternance, surtout ceux qui n'avaient pas beaucoup de cursus. Ils ont annoncé que des pays amis vont leur offrir du carburant. Mais ce n'est pas possible. Le marché du pétrole est surveillé et il faut composer avec les majors. Tout ce que ces pays peuvent faire, c'est accorder une légère décote sur le prix du baril. Et ce qui m'a le plus surpris, c'est de voir l'Agence nationale de l'Oci (Anoci) aller chercher des fournisseurs arabes.

Wal Fadjri : Qu'est-ce qui vous dérange dans la démarche de l'Agence nationale de l'Oci ?

Abdoulaye Bathily : Mais l'Agence nationale de l'Oci s'occupe de tout. D'importation de pétrole, de construction d'infrastructures..., tout cela logé à la présidence de la République. Alors qu'il y a des ministères chargés de toutes ces questions. Par exemple, les travaux que l'on a entrepris au niveau de la corniche, il y a un ministre compétent pour cela, mais il n'est au courant de rien. Il n'est en rien associé à cela. La tour que Khadafi veut construire, c'est aussi l'Anoci qui s'en occupe. L'Anoci de Karim Wade fonctionne comme un gouvernement parallèle. Et on la voit dans tous les secteurs vitaux où il y a de l'argent. Et c'est le fils du président de la République qui s'occupe de tout ça. Tous les secteurs juteux de l'économie sont logés au palais. Je trouve que moralement, ce n'est pas décent, que tous ces grands dossiers soient mis à la disposition de la présidence de la République et que les ministères soient vidés. Ce n'est pas acceptable. Comment un secrétaire général de la présidence de la République, qui a normalement suffisamment à faire dans les dossiers de l'Etat, peut-il en même temps être directeur exécutif d'une agence ? Wade a amené tous les secteurs juteux de l'économie au palais pour que personne ne puisse y regarder. L'Anoci va même contracter un prêt au nom de l'Etat auprès du Koweït d'un montant de 17 milliards de francs Cfa. Avec cet argent-là, ce sont des dizaines de milliers de Sénégalais qui auraient pu accéder à l'eau potable. Il faut désengorger Dakar, certes, mais ce n'est pas avec les aménagements qu'ils vont faire sur la corniche. Ce sont de mauvais choix. Et on constate qu'à chaque fois qu'ils font des choix, c'est pour faire des deal financiers qui profitent à quelques individus au détriment de la majorité de la population. Encore une fois, je dis que c'est indécent que le président de la République mette son propre fils dans de tels deal financiers. C'est immoral. Ce jeune homme ne doit pas le faire. Wade va cristalliser autour de son fils le mécontentement. Et bonjour les dégâts. Il y a aussi le cas de l'Apix. Aucun ministre ne sait ce qui se passe à l'Apix. Aucun contrôleur de l'Etat n'ira voir ce qui se passe dans cette agence. Je mets au défi la directrice de l'Apix de rendre public son contrat. A combien est-elle payée ? Quelles sont ses compétences techniques par rapport aux hauts fonctionnaires qui sont dans l'Etat dont certains n'ont pas 300 000 F Cfa de salaire ? Je demande que l'on publie les contrats du chef de l'Anoci et de l'Apix.

Wal Fadjri : Le chef de l'Etat a décidé de parachever les chantiers de Thiès. Est-ce une bonne chose à votre avis ?

Abdoulaye Bathily : Je suis député à l'Assemblée nationale, j'ai voté le budget pour cette année. Mais je ne connais pas un seul chapitre du budget où on va puiser l'argent pour parachever ces chantiers, même si Wade parle d'un compte qui va être ouvert. Ensuite, il faut que l'on clarifie cette affaire des chantiers de Thiès. C'est la confusion totale. C'est pourquoi, j'interpelle aussi M. Idrissa Seck. Il faut que l'on définisse de manière claire les responsabilités. Le Sénégalais ne sait pas encore exactement ce qui s'est passé dans ces chantiers de Thiès. Je voudrais rappeler ici que j'étais contre les chantiers de Thiès. Non pas que je suis contre les Thiessois mais, j'estime que l'on ne peut pas favoriser sa région ou sa ville simplement parce qu'on occupe des responsabilités étatiques. Senghor ne l'a pas fait pour Joal, Mamadou Dia qui était président du conseil et maire de Diourbel non plus, encore moins Habib Thiam pour Dagana ou Abdou Diouf pour Louga. Si c'était des privés thiessois qui s'étaient cotisés pour faire ces réalisations, je ne trouverais rien à redire. Mais il s'agit de l'argent du contribuable. Et le plus cocasse, c'est que les autres régions n'ont pas eu droit aux mêmes privilèges. Kolda qui devait accueillir la fête de l'indépendance de cette année n'a reçu que 50 millions de francs Cfa.

Wal Fadjri : Vous avez toujours fustigé la politique agricole du gouvernement libéral. Sur quoi vous fondez-vous ?

Abdoulaye Bathily : C'est le désastre total dans le monde rural. Les paysans sont livrés à eux-mêmes. J'ai été à Birkilane et dans d'autres louma (marché hebdomadaire : Ndlr), où j'ai vu des paysans qui ont entre les mains 5 à 10 tonnes d'arachide et qui n'arrivent pas à vendre 200 kg. Et cette arachide est encore entre leurs mains. Une partie commence, d'ailleurs, à être avariée du fait d'une mauvaise conservation. Conséquence : les paysans n'ont pas de quoi acheter des médicaments, de la nourriture, des vêtements... parce que l'arachide qui est leur principale source de revenu, n'est pas encore écoulée. Il ne faut pas perdre de vue que l'arachide a fini de structurer le monde rural et l'économie nationale globalement, depuis presque un siècle. C'est avec l'arachide que l'on achète les produits manufacturés, les produits vivriers, les médicaments... Et c'est aussi grâce à l'arachide que l'industrie de transformation marche au Sénégal, que les fonctionnaires sont payés pour l'essentiel. Aujourd'hui, de manière tout à fait brusque, Abdoulaye Wade a détruit toute cette armature sans la remplacer par quelque chose de solide. C'est criminel ! On a vu que l'opération maïs a échoué. Le maïs ne pourra jamais remplacer l'arachide au Sénégal parce qu'ils n'ont pas la même valeur marchande. Même du point de vue des habitudes alimentaires puisque l'arachide constitue l'un des éléments fondamentaux de notre tradition culinaire au Sénégal. Je peux citer des plats tels que le mafé, le couscous, dont la sauce est à base d'arachide. Il y a aussi le Thiaffe (cacahuète : Nldlr). Sans oublier qu'avec la paille d'arachide, on entretient l'élevage dans les villes et dans les campagnes. Aucune autre production agricole ne peut aujourd'hui brusquement remplacer l'arachide. Ce n'est certainement pas le maïs, encore moins le bissap ou le manioc. Toutes les cultures lancées par Abdoulaye Wade ont lamentablement échoué. Au lieu de trouver une solution à cela, il fait venir, par je ne sais quel deal avec un opérateur économique, 50 tracteurs pour faire des paysans modernes. Des paysans modernes, on ne les crée pas du jour au lendemain. Là aussi, ça va être l'échec. On va donner à quelques responsables ces tracteurs sur le dos des contribuables sénégalais. Jusqu'ici, les conditions de cession de ces tracteurs n'ont pas été clarifiées. Tout ce qu'on nous a dit, c'est qu'ils ont été achetés en Inde, mais rien n'a été dit sur la nature du contrat.

Wal Fadjri : Quelle solution préconisez-vous au niveau de la Coalition populaire pour l'alternative (Cpa) pour régler définitivement le problème de l'agriculture au Sénégal ?

Abdoulaye Bathily : Nous voulons revenir à une formule qui maintient l'arachide. Parce que, pour le moment, on n'a rien pour la remplacer. L'arachide n'est pas encore totalement à écarter comme culture de rente au Sénégal. Si nous arrivons au pouvoir, nous allons reconstituer le capital semencier qu'Abdoulaye Wade a détruit. Nous allons scruter de nouveaux marchés sur le plan international. Et ils existent, il suffit seulement de faire l'effort d'aller vers ces marchés-là. Dans le cadre de la privatisation de la Sonacos, on aurait pu penser à cela. Par exemple obliger le repreneur de la Sonacos à acheter une quantité donnée d'arachides, à négocier avec nos partenaires pour régler cette histoire d'importation d'huile végétale du tout venant. Parce que cela risque de transformer le Sénégal en un souk pour les huiles végétales venues du monde entier. Ce qui va détruire notre industrie, mais aussi notre agriculture. Tout cela, il faut donc le négocier. Et nous, en tant qu'hommes d'Etat, nous savons comment nous y prendre.



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