Le président Wade a profité de la fête de Korité pour lancer un appel à l'opposition et aux Sénégalais "pour travailler la main dans la main" pour un Sénégal émergent. Un appel qui est sans doute l'un des derniers avant les élections prévues dans trois mois. D'ailleurs, Me Abdoulaye Wade a même signifié à la presse qu'il va dès aujourd'hui envoyer un message à l'opposition dans ce sens. Un appel qui pose des problèmes aussi bien dans le fond que dans la forme.
Nous ne comprenons pas en effet le sens et la portée de cet appel. Certes, Me Wade a parlé de "travailler la main dans la main" comme nous avons eu à le rappeler, mais, cela ne pourra se faire que dans le cadre d'un gouvernement d'union nationale avec un partage des prérogatives et des rôles de nature à éviter les erreurs du passé avec notamment le gouvernement de Moustapha Niasse. Or, il n'est pas à quelque trois mois des élections raisonnables d'envisager une telle éventualité.
D'abord le temps ne s'y prête pas, mais, il est fort peu probable que le Chef de l'État abandonne ses prorogatives constitutionnelles pour déléguer ses pouvoirs à un Premier ministre ou à n'importe quelle autre presonne. En clair, il est difficile d'imaginer honnêtement que l'heure soit au "travail en commun" mais, à la préparation des États majors politiques pour ce que doit être l'une des plus grandes compétitions politiques du Sénégal indépendant. L'heure est à la défense du bilan de l'alternance pour le pouvoir et ses alliés et aucun membre de l'opposition n'aura envie, à un moment aussi crucial de la vie politique nationale, de "tremper" dans un bilan qu'elle juge en général négatif pour se voir demain accusé "d'être solidairement responsable".
De ce point de vue, l'appel de Me Wade est plutôt mal venu et semble beaucoup plus adressé à l'opinion pour montrer sa disponibilité, sa bonne foi, et le fait qu'il soit ouvert au dialogue. Mais, du point de vue des partis politiques, l'appel aura du mal a être entendu même si certaines informations font état d'une réception positive du côté du Parti de la réforme. En tout état de cause, ce sur quoi le dialogue pourrait encore être possible et même souhaité par l'ensemble des Sénégalais, c'est celui qui porterait sur le processus électoral et aux conditions optimales de création des conditions de la paix surtout au sortir des élections de février 2007. Mais, à ce niveau, nous sommes obligés de noter que le président de la République n'a pas parlé de dialogue politique devant notamment porter sur le processus électoral.
Or, c'est à cela qu'a toujours appelé l'opposition même si la dernière rencontre avec le ministre de l'Intérieur a permis de cibler les points de discorde et que le Premier ministre, lors de sa sortie la semaine dernière à la télévision nationale, a donné des garanties sur la non-suppression du second tour, la fiabilité du fichier électoral et la possibilité d'auditer même ce dernier. Me Wade est-il prêt à dialoguer sur tous ces aspects où serait-il simplement prêt à un large remaniement ministériel devant aboutir à un gouvernement d'union nationale ? C'est là toute la question. Car, les compétitions électorales sont toutes proches et l'appel est ambiguë comme nous nous sommes évertués à le démontrer.
Tout le monde sait en effet que nous vivons une période fortement "politigène" où les réflexes électoralistes poussés à leur paroxysme, sont les seuls qui valent. Le président Wade a encore sorti une de ses ruses politiques de nature à endormir ses adversaires ou à défaut, à soigner son image au sein de l'opinion? Et cette dernière éventualité est tellement plausible, que le Pape du sopi a cru, à l'occasion, devoir défendre son bilan. Un bilan qu'il juge perfectible certes, mais qui a donné, selon lui, la preuve de sa capacité à gérer le Sénégal.
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