Plusieurs accords précédents sont restés lettre morte, celui-ci vous paraît-il plus solide ?
Absolument. D’abord parce les deux chefs d’Etat étaient très sincères, j’ai pu personnellement en juger, et que cela a été très difficile puisque tout a failli capoter. Ensuite parce que l’accord a été passé devant les Nations unies et des observateurs tels que l’Union européenne, la France et les Etats-Unis. Enfin et surtout parce qu’il comporte un dispositif efficace de mise en oeuvre, ce qui n’était pas le cas des accords précédents. Nous avons ainsi créé un Groupe de contact de sept pays (Libye, Congo, Sénégal, Gabon, Erythrée, Tchad et Soudan) dont les ministres des Affaires étrangères se réuniront une fois par mois pour faire le point de la situation, pour voir si les deux parties appliquent effectivement les décisions prises. Cette réunion mensuelle est l’axe même de l’accord. Car les deux pays ont décidé de créer des patrouilles mixtes (tchado-soudanaises) d’observation de la frontière, qui dès qu’elles verront quelque chose d’anormal le signaleront au Groupe de contact.
Mais peut-on régler ce conflit sans traiter la question des rebelles tchadiens au Soudan et des rebelles soudanais au Tchad ?
Je préfère laisser cela à l’Union africaine. Mon idée est toutefois qu’il faudrait élargir le mandat des forces des Nations unies pour désarmer tous les rebelles et ne laisser des armes qu’aux troupes gouvernementales du Tchad et du Soudan. Mais, pour l’instant, mon problème c’est d’empêcher les incursions d’un pays vers l’autre. C’est pourquoi je me suis déjà entretenu avec Kadhafi qui a accepté de présider ce Groupe de contact. Cet accord tient du miracle.
Va-t-il renforcer le rôle de la Force européenne déployée au Tchad et chargée de veiller aux réfugiés du Darfour ?
Je le pense. C’est le point de vue du président tchadien Idriss Déby et c’est le mien aussi. Le problème, je le répète, est de mettre suffisamment de patrouilles mixtes le long de cette longue frontière. De voir combien il faut déployer de militaires et de checkpoints. Nous devons veiller à l’efficacité de ce qu’ils vont faire, sinon tout cela ne sera que de la poudre aux yeux.
Le président israélien Shimon Peres vous a sollicité pour mener une médiation entre Israéliens et Palestiniens. Comment comptez-vous faire ?
Je vais constituer une commission faite de conseillers issus de pays de l’OCI et de tout le Moyen-Orient, puis consulter tout le monde pour dire que je veux effectuer un voyage en Israël et en Palestine. Ma médiation sera celle de la communauté des musulmans (Umma) et du Sénégal, mais je souhaite qu’elle ait également l’appui de la communauté internationale.
Le président de l’OCI ne devrait-il pas d’abord veiller à ce que les Palestiniens cessent de se faire la guerre ?
Je leur ai offert de tenir un congrès d’unité au Sénégal. Je leur ai dit : ’Vous ne pourrez rien faire si vous n’êtes pas unis et nous ne pourrons rien faire non plus, alors unissez-vous au lieu de vous autodétruire ! Et je veux qu’ils sortent de ce congrès de Dakar avec un projet qui fasse l’unité de la Palestine. Car moi, je n’aime pas l’échec.
Propos recueilis par Gilles DELAFON
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