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Politique

Me Massokhna Kane (Membre du comité directeur du Pds) : ' Wade' nous a roulés dans la farine'

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Me Massokhna Kane (Membre du comité directeur du Pds) : ' Wade' nous a roulés dans la farine'
Convaincu par Abdoulaye Wade de revenir travailler à ses côtés, dans le grand parti libéral, Me Massokhna Kane a, aujourd'hui, le sentiment d'avoir été roulé dans la farine. Dans cet entretien, l'avocat revient aussi sur la candidature de Wade. Une candidature qui, pour lui, n'est pas encore officielle.

Wal fadjri : L'on vous entend moins sur les questions politiques que socio-économiques ayant trait à la défense des consommateurs et l'on ne vous voit presque pas dans les rencontres politiques, depuis que vous avez rejoint le Pds. Qu'est-ce qui explique cette attitude ?

Massokhna KANE : Comme vous l’avez constaté c’est depuis juillet 2008 que nous avons intégré (sic) notre parti dans le Pds parce que Me Abdoulaye Wade nous avait dit qu’il voulait créer un grand parti et nous avons voulu travailler à l’avènement de ce grand parti. Il nous avait convaincu de le rejoindre nous et d’autres formations politiques et nous l’avons fait. Sans condition préalable, on n’a pas cru en son discours. Depuis lors, nous n’avons pas vu le grand parti qu’il avait promis de mettre en place. Il y a des prémices, des déclarations d’intention, il y a quelques actes qui ont été posés mais jusqu’à présent nous attendons. C’est pour dire que si l’activité professionnelle d’avocat et de consumériste est plus visible dans mes activités c’est parce que sur le plan politique il y avait ce grand parti dans lequel on devrait venir travailler. Travailler à créer un parti crédible, attractif qui permettra à la force libérale qui serait constituée de conserver le pouvoir le plus longtemps possible et travailler à soulager les souffrances des Sénégalais, à diminuer les problèmes sociaux des Sénégalais. Depuis plus d’un an, nous avons alerté, interpellé et jusqu’à présent nous avons le sentiment que nous avons été roulés dans la farine.

Wal fadjri : Vous avez vraiment ce sentiment ?

Massokhna KANE : Nous n’avons pas vu de grand parti et personne ne s’adresse pratiquement à nous, à part que nous sommes membre du comité directeur. Nous n’avons même pas été informés de la dernière activité qui a été organisée au siège du parti (Rencontre des femmes parlementaires libérales pour soutenir la candidature de Wade, Ndlr). Nous l’avons appris le lendemain dans la presse et il y avait tous les responsables sauf nous. On ne veut pas faire dans la précipitation ni dans le spectacle mais nous allons réagir comme il se doit. ‘Nous avons un courant de pensée que les Sénégalais vont découvrir très bientôt. Ce courant va travailler à fortifier le parti et lui restaurer sa crédibilité’.

Wal fadjri : Que comptez-vous faire ?

Massokhna KANE : Nous nous sommes réunis et nous allons montrer que nous sommes dans le Pds, que nous avons autant des droits comme tous les autres. Nous n’allons pas bouder et partir. Non ! Nous restons dans le Pds et travaillerons à sa restauration.

Wal fadjri : Pensez-vous qu’il sera facile de se battre dans le Pds jusqu’à obtenir satisfaction ?

Massokhna KANE : Bien sûr, Me Wade a dit, il y a quelque mois à l’occasion d’un comité directeur qu’il est normal qu’il y ait des courants de pensée dans le parti. Nous avons un courant de pensée que les Sénégalais vont découvrir très bientôt. Ce courant va travailler à fortifier le parti et lui restaurer sa crédibilité. C’est ce que je peux vous dire pour le moment. Il y a beaucoup de responsables qui travaillent pour cela et ce sont des intellectuels. Nous n’acceptons pas de laisser le parti continuer dans la direction où il est mené sinon ce sera la défaite assurée en 2012.

Wal fadjri : A propos du courant, le Pds ne sera pas à son premier coup d'essai. Moustapha Diakhaté avait initié un courant qui n'a pas pu changer la donne. N'avez-vous pas peur de tomber dans la même situation ?

Massokhna KANE : Cela ne sera pas notre cas parce que nous sommes un regroupement de cadres, d’intellectuels qui ont des métiers dont ils vivent. Donc, qui ne sont pas des alimentaires ni demandeurs de quoi que ce soit mais qui sont dans un parti qu’ils veulent fort, attractif et crédible. Nous y travaillerons, nous n’accepterons pas de suivre, tête baissée. Non ! Nous aurons notre mot à dire sur tous ce qui se passera dans le parti. Nous aurons notre mot à dire sur la marche du parti.

Wal fadjri : Pour avoir connu très tôt le Pds avant de le quitter un moment et y revenir ensuite, de quoi souffre, selon vous, ce parti ?

Massokhna KANE : Ce qui ne va pas, c’est que le parti à l’épreuve de l’exercice du pouvoir a dormi sur ses lauriers. Les principaux responsables qui étaient là ne travaillent plus. Et plus grave encore, non seulement ils ne travaillent plus mais ils ne disent pas la vérité au secrétaire général national. Et cela, c’est le pire service qu’on peut rendre et au parti et au secrétaire général national. C’est un manque de loyauté et de courage que de ne pas lui dire ce qu’on pense, de ne pas lui dire ce qui ne va pas dans le pays. Il faut le lui dire, c’est cela la loyauté. Et nous nous évertuerons à lui ouvrir les yeux sur les vrais problèmes des populations et sur ce qu’il faut faire pour continuer à mériter la confiance et le vote des populations. Parce que tout le monde sait que ça ne va pas. Tout le monde sait que les gens ne sont pas contents du gouvernement et du pouvoir.

Wal fadjri : Comment comptez-vous vous y prendre ?

Massokhna KANE : Travailler à restaurer le parti, à donner au Chef de l’Etat les indications qu’il faut. Et il sera libre de suivre ou de ne pas nous écouter mais nous aurons le devoir et la loyauté de lui dire ce que nous pensons sur le fonctionnement du parti et celui du pays.

Wal fadjri : N’est-il pas trop tard ?

Massokhna KANE : Il n’est jamais trop tard, il a déclaré sa candidature pour 2012 donc, il a encore des ambitions pour le pays.

Wal fadjri : Justement comment avez-vous accueilli cette déclaration de candidature de votre secrétaire général national ?

Massokhna KANE : Nous prenons acte de sa déclaration de candidature qu’il a faite à travers une radio (La Voix de l'Amérique, Ndlr). Et c’est son droit le plus absolu de dire qu’il est candidat pour la présidentielle de 2012. Mais ce qu’il faut savoir c’est que le parti a des statuts, des textes qui organisent l’investiture des candidats à la présidentielle et Me Wade n’a pas encore été investi comme candidat du Pds. En tout cas, pas officiellement. Nous attendons car nous aurons notre mot à dire parce que certainement dans le parti ou dans la majorité présidentielle, il y a d’autres personnalités qui ambitionnent d’être candidat du parti. Donc, autant il est libre de se déclarer candidat pour 2012 autant nous aussi sommes libres de dire que pour le moment le parti n’a investi personne et que c’est vraiment trop tôt de parler de candidature pour 2012. Les urgences de l’heure, c’est de s’attaquer à régler les problèmes des populations que nous connaissons tous : délestages, inondations, pauvreté endémique. Tous ces problèmes, il faut essayer de les résoudre d’ici 2012 pour mériter encore le suffrage des Sénégalais.

Wal fadjri : Quelle lecture politique faites-vous du dernier réaménagement du gouvernement qui a connu des arrivées et des départs ?

Massokhna KANE : C’est dans la vie normale d’un Etat qu’il y ait des arrivées et des départs et comme on dit c’est le Chef de l'Etat qui a le pouvoir constitutionnel de nommer ses ministres et autres collaborateurs. Maintenant, ce que nous pouvons dire en tant que cadre du parti, c’est qu’il y a trop de réaménagements et de remaniements. Si on se base sur les statistiques et même sur l’opinion publique - parce que le vrai baromètre c’est l’opinion publique - c’est qu’il y a trop de mouvements dans la nomination des ministres etc. Mais le plus important ce sont les résultats. Est-ce que cela donne de bons résultats ou pas ? Voilà la question qu’il faut poser.

‘Qu'on puisse nommer un vice-président qui n'a aucune légitimité, c'est grave et ce n'est pas acceptable dans une démocratie parce qu'on peut y nommer n'importe qui et l'imposer aux Sénégalais. C'est encore plus grave quand on annonce certains noms pour occuper cette vice-présidence’

Wal fadjri : Ce n'est apparemment pas terminé parce que l'on parle aussi de la nomination d'Idrissa Seck au poste de vice-présidence de la République.

Massokhna KANE : En tant qu'homme de droit et surtout en tant qu'homme politique, la vice-présidence dans le régime présidentiel que nous avons n'est ni légitime ni opportune. Elle n'est pas légitime en ce sens que le président est élu au suffrage universel. Un vice-président est nommé. Or, il aura les pouvoirs de président, il va exercer des fonctions de président que le Chef de l'Etat va lui donner ou qu'il va exercer en cas d'absence ou d'empêchement de ce dernier. Ce n'est pas acceptable. Nous avons un président de Sénat, celui de l'Assemblée nationale qui sont élus au suffrage universel. La Constitution organise, en cas d'absence, celui qui doit occuper la fonction. Maintenant, qu'on puisse nommer un vice-président qui n'a aucune légitimité, c'est grave et ce n'est pas acceptable dans une démocratie parce qu'on peut y nommer n'importe qui et l'imposer aux Sénégalais. C'est encore plus grave quand on annonce certains noms pour occuper cette vice-présidence. Pour le moment, nous ne disons rien. Nous attendons de voir qui va y être nommé et en ce moment-là tout le monde nous entendra, s'il le faut.

Wal fadjri : Sos consommateur jette-t-il aussi un regard dans la gestion des deniers publics ?

Massokhna KANE : Le rôle d’une association de défense des consommateurs, ce n’est pas de se mêler de tout. Nous avons des missions traditionnelles, des matières dans lesquelles nous travaillons : ce sont les droits des consommateurs. Pour ce qui concerne la gestion des finances publiques et autres, il y a beaucoup d’autres organismes qui s’en occupent mais cela ne veut pas dire que nous ne nous intéressons pas à la question (…).

Wal fadjri : Alors, que pensez-vous, en tant que défenseur des consommateurs, de l’affaire Alex Segura à qui on a remis une somme importante d'argent en guise de ‘cadeau’?

Massokhna KANE : C’est une situation scandaleuse, ce qui s’est passé avec M. Segura. Et je pense que aussi bien les autorités sénégalaises que celles du Fmi iront jusqu’au bout de l’enquête pour nous dire ce qui s’est réellement passé et qui sont les responsables. Parce que c’est scandaleux et c’est honteux que cela se passe dans notre pays. Tous les Sénégalais attendent. Et je pense que l’Etat prendra ses responsabilités et ira jusqu’au bout.

Wal fadjri : Latif Coulibaly a porté des accusations graves contre les dirigeants de l'Anoci quant à leur gestion de l'argent qui leur était confié, dans son dernier ouvrage. Depuis lors, rien n’a été fait…

Massokhna KANE : Je n’ai pas encore lu ce livre, mais de ce que j’en ai entendu des commentaires dans la presse, il y a des accusations graves et précises qui sont portées et les responsables de l’Anoci doivent s’expliquer sur ces accusations parce qu’il s’agit de l’argent public. Aussi bien dans leur intérêt que dans l’intérêt des populations, ils doivent répondre à ces accusations. Si c’est fondé, que l’on prenne des sanctions. Et si ce n’est pas fondé, ceux qui ont porté ces accusations en répondent.

‘On ne peut pas demander à un président qui est en train d’exercer son mandat de se mettre au banc des accusés et de répondre à toutes les questions de l’opposition’

Wal fadjri : L'on assiste, depuis un certain temps, à un blocage systématique du dialogue politique entre le pouvoir et l'opposition. Qu'est-ce qui, de votre avis, peut expliquer ce blocage ?

Massokhna KANE : Ce qui peut l’expliquer, c’est qu’il y a comme un dialogue de sourds parce que ce que l’opposition demande n’est pas possible. Ce qu’ils (les partis de l’opposition, Ndlr) veulent, c’est faire le procès du régime, le mettre au banc des accusés et pouvoir l’interroger comme dans un interrogatoire d’audience. Cela n’est pas acceptable et eux-mêmes ne l’auraient jamais accepté. Une opposition s’oppose ; quand on est au gouvernement, on gouverne et on répond de ses actes. Ma conception du dialogue politique, c’est d’abord qu’il n'y ait pas de préalable, qu’on accepte de s’asseoir ensemble, sans animosité ni arrière-pensée et parler des problèmes de la République. On ne peut pas demander à un président qui est en train d’exercer son mandat de se mettre au banc des accusés et de répondre à toutes les questions de l’opposition. Et on a le sentiment que c’est l’opposition qui ne veut pas dialoguer. Parce que quand on veut dialoguer, on ne pose pas les termes du dialogue de cette manière-là. Et je suis sûr que président ne l’acceptera pas.



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