Le dossier dit des chantiers de Thiès piétine. Mais, les avocats de l'Etat n'entendent pas rester dans l'expectative et laisser persister ce statu quo. Ils vont incessamment déposer sur la table du juge du 5e cabinet une demande pour une contre-expertise des chantiers de Thiès.
Rebondissement dans l'affaire dite des chantiers de Thiès ? Face à l'enlisement du dossier qui piétine depuis la sortie de prison d'Idrissa Seck, principal mis en cause dans cette affaire, qui a bénéficié d'un non lieu, les avocats de l'Etat ont décidé de décoincer la machine. En effet, le collectif des conseils de l'Etat, sous la férule de Me Ousmane Sèye, va se réunir incessamment afin d'élaborer une demande pour une contre-expertise des chantiers de Thiès, laquelle sera déposée sur la table du juge du 5e cabinet, Yakham Lèye.
Une expertise avait été faite sur les chantiers de Thiès par des experts désignés par l'Inspection générale de l'Etat (Ige). Celle-ci avait démontré que 17 milliards de francs Cfa n'ont pas été investis dans les travaux et qu'il y avait aussi de la surfacturation sur le dos de l'Etat du Sénégal. Mais, cette expertise avait été contestée par les prévenus, Idrissa Seck et Salif Bâ, respectivement Premier ministre et ministre du Patrimoine bâti, de l'Habitat et de la Construction, à l'époque des faits incriminés.
Une contre-expertise s'avère nécessaire, aux yeux des conseils de l'Etat du Sénégal, qui devrait déboucher sur deux possibilités. Si les résultats de la première expertise sont confirmés, cela voudra dire que les 46 milliards de francs Cfa sortis des caisses de l'Etat n'ont pas été totalement dépensés dans les chantiers de Thiès. A ce moment, le problème de l'imputabilité se posera. A savoir chercher qui a détourné les milliards qui n'ont pas été investis à Thiès. Il s'agira, à cet effet, de déterminer les auteurs principaux et leurs complices. C'est-à-dire les donneurs d'ordre et les intervenants sur le terrain. Pour ce faire, une inculpation des entrepreneurs serait, peut-être, nécessaire.
Dans le cas où la contre-expertise conclut que les 46 milliards ont été effectivement dépensés dans les chantiers de Thiès, se posera alors un problème d'opportunité et de responsabilité politique. Etait-il opportun d'investir dans une seule ville (voire une seule commune) 46 milliards de francs Cfa ? Y-a-t-il eu détournement d'objectif si l'on sait que des travaux, initialement destinés à toute la région de Thiès, ont été, finalement, concentrés dans la seule ville du même nom ? Les choix opérés ont-ils contribué de manière efficiente au développement économique et social de Thiès ? Autant de questions dont les réponses qu'elles appellent, engagent la responsabilité politique des autorités qui avaient en charge ce dossier.
Après la libération d'Idrissa Seck, l'Etat du Sénégal avait déposé une plainte contre X sur la table du juge du 5e cabinet. Et on a souvenance que le président de la République avait laissé entendre que le sort d'Idrissa Seck dépendait de l'issue de l'audition par le juge des entrepreneurs soumissionnaires. Mais, vraisemblement, le balai de ces derniers, cités à témoin, devant Yakham Lèye n'a pas donné grand-chose.
Pouvait-il en être autrement ? Puisque dans pareils cas, le témoin a plutôt tendance à tirer la couverture sur lui-même. Quel est l'entrepreneur qui commettrait l'ineptie d'avouer qu'il a gagné indûment sa part de marché ou qu'il a reçu un pot de vin ? Aucun, pardi ! A moins qu'il soit animé par un instinct suicidaire.
Pour enlever du bourbier le dossier dit des chantiers de Thiès, une autre démarche s'impose. Et les avocats de l'Etat qui, apparemment, ne veulent pas que cette affaire finisse en eau de boudin, semblent l'avoir compris.
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