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Politique

Profil de la nouvelle législature : Assemblée cherche compétences

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Profil de la nouvelle législature : Assemblée cherche compétences
La nouvelle législature pourrait souffrir de deux handicaps : une étouffante majorité bleue et un manque de compétences pour freiner les ardeurs législatives du gouvernement.

Cent cinquante députés s'apprêtent à arborer leur cocarde tricolore pour entrer dans leurs nouvelles fonctions de parlementaires. Il ne leur reste que l'onction du Conseil constitutionnel dont tout indique qu'il rendra sa décision dans les prochaines heures. Mais, à reluquer de plus près le profil des uns et des autres, l'on ne manque point de remarquer le manque de ‘crème’ pour cette nouvelle Assemblée. En effet, sur 150 députés élus au suffrage universel, seuls une trentaine peuvent se prévaloir d'un profil leur permettant de remplir correctement leur rôle de législateurs avisés et de contrôleurs perspicaces de l'action gouvernementale. Dans le détail, 6 administrateurs civils, trois inspecteurs du Trésor, trois inspecteurs des Impôts et domaines et un commissaire aux enquêtes économiques, donc treize brevetés de l'Ecole nationale d'administration cohabiteront avec plusieurs catégories socio-professionnelles dont la compétence technique n'est pas la chose la mieux partagée. Parce que, à côté de ces hauts fonctionnaires que l'on peut considérer comme le nec plus ultra de cette Assemblée nationale figurent d'autres, occupant des emplois subalternes. Il s'agit, dans le désordre, d'enseignants (24), infirmiers et sages-femmes d'Etat, de ménagères, électriciens, etc. De quoi douter de leurs capacité d'analyse pour, avec le regard critique qui doit être le leur, passer au crible les textes de lois que l'Exécutif leur proposera et, accessoirement, fouiner dans les grands dossiers de l'Etat pour en extirper tous les germes de mal gouvernance par le biais des questions écrites et orales ou commissions d'enquête.

Comme une embellie dans un effectif marqué par la grisaille, quatre ingénieurs de spécialité, deux professeurs des universités et quatre avocats s'efforceront de relever le niveau de cette onzième législature dont il faut, tout de même reconnaître, la relative avancée dans le domaine académique par rapport à la précédente. Sans exagérer, certains avaient qualifié l'Assemblée nationale sortante d'‘Assemblée la plus nulle de l'histoire du Sénégal’. Ce qui s'expliquait par la carence endémique en ressources humaines qui caractérisait la coalition majoritaire dont les plus gros contingents étaient issus des rangs du Pds. Un parti qui, durant la traversée du désert, avait été délaissé par l'essentiel de ses cadres charmés par les sirènes du parti qui, à l'époque, était au pouvoir, le Parti socialiste. N'étant pas attractif pour ceux qui avaient des ambitions de carrière, le Pds de l'époque souffrait ainsi d'une faiblesse pathologique du point de vue de ses ressources humaines.

Heureusement que les différents partis d'opposition de l'époque (Ps, Afp, Urd, Rnd, Pit, Ppc) avaient aligné, en position d'éligibilité, des personnes ayant une bonne maîtrise de l'Etat (Djibo Kâ, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Mbaye Jacques Diop, Khalifa Ababacar Sall, feu Pape Babacar Mbaye, etc.). Les députés d'Aj et de la Ld présentaient, à peu près, le même profil. Ce qui avait permis de doser le faible niveau des élus du Pds dont la plupart mettaient, pour la première fois, les pieds dans l'hémicycle. Mais, avec l'exercice du pouvoir et la détention des leviers essentiels de promotion sociale dont la conséquence est la grande transhumance, l'on note un relèvement du niveau de compétences. Ainsi, pour cette présente législature, une bonne brochette d'investis a déjà une expérience gouvernementale ou parlementaire.

A noter que, contrairement, à la législature passée, aucun étudiant n'a réussi le ‘concours d'entrée’ à l'Assemblée nationale. Une seule ménagère se chargera de porter la voix de ses millions de sœurs.

Opérateurs économiques, agents d'affaires... : Ces professions fourre-tout

Dans la catégorie des professions fourre-tout parce que ne renvoyant à aucune compétence répertoriée dans la nomenclature des métiers, l'on peut ranger les opérateurs économiques (12), agent d'affaires (1), juristes (4) et administrateurs de société (9). Il en est, presque, de même pour les chefs religieux (2) dont le statut ne prédestine pas, fatalement, à l'exercice d'un mandat de parlementaire. Mais, que voulez-vous, on n'est pas grand électeur pour rien.

Assistanat parlementaire : De la nécessité de dépoussiérer le projet

Lors de la dernière législature, des projets de texte avaient été élaborés et mis dans le circuit pour doter l'Assemblée nationale d'assistants parlementaires dont le rôle devait consister à appuyer les députés dans l'exercice de leurs missions : vote des lois (lois ordinaires, lois organiques, lois de finances initiales et rectificatives, lois constitutionnelles) et contrôle de l'action gouvernementale. En collaboration avec le Pnud, le ministère des Relations avec les Institutions était chargé de mettre en musique cet ambitieux projet dont la concrétisation aurait pu relever le niveau technique des parlementaires et éviter à l'Assemblée nationale ce préjugé qui lui colle à la peau c'est-à-dire celui de chambre d'enregistrement des vœux de l'Exécutif. Hélas, ce projet s'empoussière, certainement, dans un des étages du Building administratif ou à la Place Soweto.

Rôle et missions du député : Mode d'emploi

Pendant la campagne, beaucoup de personnes averties ont dû rire à gorge déployée en entendant des candidats-députés promettre la pluie et les beaux temps une fois franchis les grilles de la Place Sowéto. En effet, l'on a souventes fois entendu des candidats promettre un dispensaire par ci, un lycée ou une université par là. Et l'on s'est demandé si ces personnes qui prétendent agir en notre nom savent la mission qui est attendue d'elles ou si, par pure démagogie, elles veulent abuser de l'analphabétisme des électeurs pour leur vendre du vent. Il est fort probable que ce soit les deux à la fois. En tous les cas, des cours de mise à niveau seront d'une grande utilité pour nos vaillants députés dont, pour la plupart, la perception se résume à quatre choses : le véhicule, le salaire, les missions à l'étranger et un contrat à durée déterminée de 5 ans. Sauf si Wade le rompt, unilatéralement. Par le moyen de la dissolution.



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