Quand on s’inquiète de la vitrine de la démocratie sénégalaise qui est en train de renvoyer une vilaine image au monde entier avec récemment la procédure initiée pour réduire de cinq ans à un an, le mandat du président de l’Assemblée nationale, Abdoulaye Wade président de la République ne s’en émeut outre mesure en soutenant que «c’est de la politique».
Une nouvelle fois, ce sont les télévisions étrangères, principalement occidentales, qui ont eu les faveurs de certaines déclarations du Président Abdoulaye Wade. Mais, il faut reconnaître qu’à ce jeu, il ne détient pas le monopole. Ses pairs africains s’en donnent aussi à cœur joie ; eux qui n’ont accepté de parler qu’à ces chaînes étrangères.
Hier matin dimanche, c’était au tour donc du Sénégal avec son Président Abdoulaye Wade. Face à trois intervieweurs sur Tv5 dans une émission présentée par Xavier Lambrechts (sur le plateau, on notait aussi la participation d’Annick Cojean, Le Monde et de Bruno Daroux, Rfi), Abdoulaye Wade, comme à son habitude, n’a pas fait dans la langue de bois. Et ce, sur tous les sujets.
Interpellé sur le sujet qui fait actuellement débat au Sénégal, à savoir la réduction du mandat du président de l’Assemblée nationale, question insidieusement introduite par le biais du thème sur l’état de la démocratie sénégalaise, Abdoulaye Wade a eu une réponse directe : «Çà, c’est de la politique !» Sans sourciller.
Pourtant en posant la question, l’interlocuteur du Président Abdoulaye Wade a bien pris le soin de lui souligner que la démocratie sénégalaise longtemps citée en exemple est en train de se craqueler avec le dernier acte posé et ayant trait à la réduction du mandat du président de l’Assemblée nationale. «C’est de la politique», fut la seule réponse de Abdoulaye Wade, et il n’a pas manqué d’ailleurs de la répéter avant d’essayer de mettre un peu de vernis sur tout ce qui a été fait par le Parti démocratique sénégalais (Pds) afin de parvenir à ses fins.
«L’essentiel est que la Constitution a été respectée», confie le Président sénégalais, sans pour autant préciser qu’il a fallu que cette Constitution soit aussi changée afin que le Pds arrive au bout de ce qui est appelé aujourd’hui la Loi Sada Ndiaye. Même si elle n’est pas encore devenue Loi car n’ayant pas été encore promulguée par le chef de l’Etat Abdoulaye Wade. Toutefois, les propos sur le plateau de Tv5 ne laisse aucun doute quant à ses intentions sur cette promulgation. Surtout que le Président Wade ajoute : «Au demeurant, s’ils (Ndlr : les partisains de Macky Sall) ne sont pas contents, ils n’ont qu’à saisir le Conseil d’Etat.»
Par ailleurs, les difficultés avec la presse ont aussi été évoquées. Là aussi, c’est le vieux disque rayé que le Président sénégalais a remis sur la platine : «Nous avons de bons journalistes, mais de plus en plus -et ils sont plus nombreux- les journalistes qui travaillent dans les rédactions sénégalaises n’ont même pas le niveau du Bepc. Vous vous rendez compte ? C’est ce qui explique les dérives avec les insultes adressées au président de la République et la publication d’informations sans fondement.» D’ailleurs, dans ce domaine de la liberté de la presse, il laisse entendre qu’il n’a de leçons à recevoir de quiconque. «Personne n’a fait mieux que moi dans le domaine de la presse, ni les Français, ni les Américains», martèle le Président Abdoulaye Wade à ses interlocuteurs.
Dans le domaine économique, il fait remarquer que l’Afrique a tout à gagner en ouvrant ses portes aux investissements chinois, indiens, entre autres. Selon lui, cela ne signifie pas tourner le dos à l’Europe, à la France en particulier. «C’est plutôt la France qui tourne le dos à l’Afrique. Arcelor Mittal est en train d’exploiter des mines aurifères au Sénégal, pourtant c’est bien une entreprise française qui détenait la licence d’exploitation», fait remarquer Abdoulaye Wade, en lançant sur le ton de la boutade : «D’ici quinze ans, les Occidentaux, s’ils n’y prennent garde, risquent de ne pas réussir à écouler le plus petit vélo en Afrique.»
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