Le Secrétaire Général National du Pds et le Président du « Rewmi » ont ouvert à quelques mois des élections locales de mars 2009, une nouvelle page politique dans le long processus de l’unification de la famille libérale éclatée. La dernière audience accordée à l’ancien Premier Ministre suivie par l’annonce de rencontres devant définir les termes d’un accord politique au sommet entre les directions de ces deux formations avait laissé croire à une volonté partagée de créer enfin les conditions de l’amorce d’un rapprochement entre les deux hommes. En moins de vingt heures après cet entretien au palais, la génération du concret et certains responsables nationaux du Pds et pas des moindres dans l’entourage présidentiel ont affiché leur refus catégorique de toute option allant dans le sens de la constitution de listes communes en direction des prochaines élections. Elles devront désigner les conseillers municipaux, ruraux et les futurs responsables des collectivités locales, en l’occurrence les maires, les présidents des conseils régionaux et les administrateurs des pouvoirs locaux. Cette réaction sans appel des proches du principal responsable de la Génération du Concret pour ne pas nommer Karim Wade suscite naturellement de sérieuses interrogations à propos de la nature de l’accord politique scellé entre le président Abdoulaye wade et Idrissa Seck.Autrement dit, le refus ferme évoqué par le courant de la Génération Concret bâti sur certaines valeurs éthiques notamment le travail, la loyauté, la fidélité et la tolérance pour écarter toute tactique de listes communes participe d’une bataille d’opinion de démarcation de ces animateurs vis-à-vis des pratiques que l’ancien Premier Ministre cultive. Il serait l’incarnation au cours de ces dernières années fortement marquées par un conflit ouvert entre ce dernier et le maître à penser du Pds d’un malaise militant. De ce point de vue, la riposte de la Génération du Concret est avant tout morale en ce qu’elle dénonce l’immoralité de la manœuvre du responsable de Rewmi. La posture de la Génération du Concret est aussi politique à plus d’un titre. Au-delà de la dimension éthique, on perçoit entre les lignes du rejet de tout accord de listes communes, le souci de ne pas subir négativement le retour des partisans de l’ancien maire de Thiès dans une élection locale. La peur de perdre des postes de conseillers et de maires plus tard, en raison de choix éventuels de militants du Rewmi est manifeste. C’est probablement là que gît l’explication du phénomène de rejet des listes communes par les partisans de Karim Wade. Il semble admis que la Génération du Concret n’est plus un mouvement simple de copains et de proches de Karim Wade, conseiller du président de la République. Bien au contraire. Elle s’est transformée au fil du temps en une organisation certes très souple au plan organisationnel mais tout de même en un appareil influent au sommet du Pds et de l’Etat par ses capacités à peser sur des décisions majeures dans les nominations et la gestion des destinées de notre pays. La désignation de ministres occupant des porte feuilles importants, de ministres d’Etat appartenant à cette mouvance générationnelle dans le gouvernement de l’actuel Premier Ministre et la double casquette de certains responsables nationaux du Pds par ailleurs membres actifs ou à l’ombre de la Génération du Concret a redonné à ce courant d’idées une nouvelle physionomie politique. Parallèlement à ce poids grandissant sur les orientations de l’Etat et du Pds, la Génération du Concret semble désormais disposé de prolongements associatifs dans toutes les régions de l’Intérieur et à l’extérieur du Sénégal. Nous ne sommes pas loin d’un parti moderne dans ses modes de fonctionnement et dans sa conquête d’influence sur la gouvernance et le choix des hommes de pouvoir. Autrement dit, ce qui se trame derrière ce vent de rejet de toute alliance électorale avec le Rewmi, relève de l’affirmation du courant de pensée incarné par la Génération du Concret et d’un positionnement sans équivoque dans le processus de l’après Wade et de l’unification de la grande famille libérale. De ce point de vue, quelque soit la décision des instances régulières du Pds et du Rewmi à propos des listes communes, du calendrier des retrouvailles entre les deux directions et le contenu du parti de la grande famille libérale, la Génération du Concret aura marqué son propre territoire politique dans le Pds. Abdoulaye Wade et Idrissa Seck savent tous les deux que cette génération est désormais là. Elle va prendre position sur toutes les questions d’intérêt touchant à l’avenir du Pds et à l’intérêt national. La Génération du Concret espère ainsi compter marquer les prochaines élections locales de son empreinte personnelle. C’est un enjeu énorme pour son positionnement dans les futures collectivités locales. Evidemment, la réussite dans cette épreuve locale ouvrira tous les possibles et imaginables scénarii en perspective d’élections anticipées avant 2012. Dans ces conditions, il ne fait l’ombre d’un doute que le pas franchi dans le rapprochement entre Abdoulaye wade et Idrissa Seck et la distance prise par la Génération du Concret et certains pans du Pds proches de la Génération du Concret participent d’une manœuvre éminemment politique. L’enjeu est et demeure la reconstruction de la Majorité d’Idées autour du président en exercice et du renforcement du leadership du maître du Pds. Il devra arbitrer entre le vieux Pds, les partisans du vrai changement de Rewmi et la Génération du Concret qui ne se fait plus de complexes politiciens et générationnels.
0 Commentaires
Participer à la Discussion