Le débat sur la ‘mouridité’ du président Abdoulaye Wade va certainement revenir au-devant de la scène après la sortie du prochain livre de Serigne Mountaqa Mbacké, fils du regretté Serigne Mourtala Mbacké. Dans cet ouvrage, l'auteur tente de démontrer, arguments et exemples à l'appui, ‘pourquoi Wade n'est pas mouride’ bien que se réclamant de Touba. Pour en arriver à la conclusion que ‘le président Wade ne croit qu'en la politique’. Dans un autre chapitre du livre, Serigne Mountaqa Mbacké aborde le différend entre Me Wade et Idrissa Seck. Les religieux ne sont pas, non plus, épargnés par les remontrances du marabout. L'auteur tance ‘les chefs religieux qui vivent de la religion en faisant chanter le temporel’. Wal Fadjri : Vous vous apprêtez à publier un livre dans lequel vous tentez de démontrer, dans un des chapitres, que le président Andoulaye Wade qui se réclame de Touba, n’est pas un vrai mouride ?
Serigne Mountaqa Mbacké : Je travaille depuis longtemps sur un livre écrit en arabe et qui sera traduit en français et en anglais. Il comprend plusieurs chapitres qui traitent de la situation politique du Sénégal. Mais le plus important dans cette œuvre est le chapitre religieux dans lequel nous rappelons aux frères musulmans et aux talibés la nécessité pour les chefs religieux de se conformer aux préceptes de l’Islam et de la sunnah. Dans ce même chapitre, nous avons également éclairé les musulmans sur quel chef religieux doit-on prendre comme référence. Maintenant, à travers la lecture que nous faisons quotidiennement de la vie des hommes politiques en tant que citoyen, nous avons dit pourquoi Wade n’est pas un vrai mouride. C’est un vieux débat auquel nous apportons notre contribution.
Wal Fadjri : Qu'est-ce qui vous fait dire que le président Wade n'est pas un vrai mouride ?
Serigne Mountaqa Mbacké : J’ai constaté, contrairement à certains, que Wade rend plus service aux autres confréries qu’à Touba. Nous en avons des preuves patentes que nous avons largement développées dans le livre qui sortira, au plus tard, le mois prochain. Mieux, j’ai dit que si Wade était un vrai mouride, il donnerait à Touba plus de considération. Les chantiers de Touba sont là. Si Wade et son gouvernement avaient investi dans la ville, le khalife n’aurait pas eu besoin de recourir à sa poche pour débloquer 10 milliards de francs Cfa et entamer les grands chantiers de Touba avec les talibés. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres que j’ai abordés dans le livre. C'est pourquoi, j'affirme que Wade ne croit qu’en la politique.
Wal Fadjri : Voulez-vous donc que le chef de l'Etat fasse la part belle à Touba ?
Serigne Mountaqa Mbacké : Non ! Loin de là. Un président de la République, comme l'indique son nom, doit traiter toutes les familles religieuses de son pays sur un pied d'égalité. Mais comme il se réclame de cette communauté mouride et que tout le monde pense qu'il fait la part belle à Touba, ce qui n'est pas le cas, il devait accorder plus d'importance à cette ville. Faudrait-il que je le répète encore, Wade croit à la politique.
Wal Fadjri : N'êtes-vous pas en train de confirmer Sidy Lamine Niasse qui disait que Wade ne croit qu'en Machiavel ?
Serigne Mountaqa Mbacké : Nos idées se recoupent, quelque part mais, s'il avait développé les siennes, peut-être qu'il y aurait eu des points de divergences. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que les Sénégalais seront édifiés sur la question lorsque le livre sera publié le mois prochain s’il plaît à Dieu.
Wal Fadjri : Avez-vous abordé d'autres questions sur la politique dans votre livre ?
Serigne Mountaqa Mbacké : Oui, j'ai abordé le différend entre Wade et Idrissa Seck, parce que, jusque-là, il y a une nébuleuse qui continue de planer sur leur relation et dans un des chapitres, j'ai levé un coin du voile. Wal Fadjri : De quoi s'agit-il ?
Serigne Mountaqa Mbacké : Je réserve la primeur aux lecteurs (rire...). Mais, le plus important dans ce livre, ce n'est pas seulement l'aspect politique pur. Nous avons essayé, également, de montrer aux talibés pourquoi ils doivent prendre garde des chefs religieux qui ne font pas vivre la religion comme nous l'avait enseigné Sergine Touba, mais, au contraire, vivent de la religion en faisant chanter le temporel. Et c'est là d'où m'est venu le titre du livre : ’Tazawoufou Serigne Touba’, autrement dit, la vie spirituelle authentique que le fondateur du mouridisme menait et enseignait à ses compagnons.
Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas que votre ouvrage soit censuré ?
Serigne Mountaqa Mbacké : Assurément non, parce qu’au-delà de mon statut de chef religieux, je considère que je suis un citoyen sénégalais qui a un droit de regard sur son pays. A travers cette œuvre, les Sénégalais sauront si Wade est un mouride ou s’il utilise la confrérie à des fins propres ? Maintenant, ceux qui veulent démontrer le contraire ou veulent apporter une réplique n’ont qu’à prendre leur plume, c’est mieux que d’envahir la presse pour alimenter des discussions.
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