«C’est comme si on prend de la main gauche, ce qu’on nous a donné de la main droite». Cette confidence d’un magistrat en service depuis plus de dix ans résume sans doute un des grands points abordés par l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) lors d’une tournée d’information qui l’a menée dans plusieurs tribunaux du Sénégal pour décliner sa feuille de route. Mais aussi, rendre compte de l’audience que le ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, lui a accordée, il y a de cela deux semaines. Lors de cette audience, les magistrats ont tapé sur la table pour demander au ministre de tout faire pour que l’indemnité de judicature, portée aujourd’hui à 800.000 Fcfa, soit transformée en indemnité de représentation, comme c’est le cas dans les autres pouvoirs que sont le législatif et l’exécutif. Recevant l’Ums, le chef de l’Etat avait en effet annoncé son souhait de voir les magistrats débutants avoir un salaire indiciaire de 800.000 Fcfa (sans prise en compte de l’indemnité de judicature et de l’indemnité de logement qui est de 150.000 Fcfa). Les impôts ont cassé cette promesse de Wade, d’autant qu’aujourd’hui d’importantes sommes sont défalquées sur les salaires des magistrats. Aussi, près de 450.000 Fcfa sont imposés sur les salaires des débutants dont le salaire cumulé est de …650.000 Fcfa ! Tout comme un magistrat qui a exercé durant 30 ans se retrouve, indemnités comprises, avec 900.000 Fcfa à cause du fisc. Saisi par les magistrats, le Garde des Sceaux a promis de commettre un cabinet d’audit chargé de voir comment régler cette situation.
D’ailleurs, lorsque le président du Tibunal hors classe de Dakar a formulé sa volonté d’organiser des séances de flagrants délits les samedis (une nouveauté à saluer), certains magistrats ont manifesté des réticences, arguant le fait qu’ils sont mal «payés». Qui plus est, l’indemnité de judicature n’est pas prise en compte dans le calcul de la pension de retraite des magistrats. Ces derniers ont aussi posé deux autres problèmes sur la table du Garde des Sceaux. Il en est ainsi des 6 hectares de terre octroyés aux magistrats depuis 1988, sous Abdou Diouf. Ces terrains, se trouvant au niveau de Pyrotechnie (pas loin de la rédaction du journal L’As), ont été «repris» par le Pouvoir qui, en échange, a donné aux magistrats d’autres parcelles se trouvant au niveau de la Foire. Et d’autres se trouvant au niveau de la Bande Verte. Seul hic, il semble que ce terrain fait l’objet de beaucoup de convoitises. Est-ce la raison pour laquelle les magistrats ne l’ont pas encore réceptionné ? En tout cas, Cheikh Tidiane Sy a promis aux membres de l’Ums de demander l’intervention du chef de l’Etat par rapport à ce cas précis. De même, les camarades de Alioune Niane ont promis de peser de tout leur poids pour renforcer la représentation des membres élus (trois) au niveau du Conseil supérieur de la magistrature, chargé des affectations.
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