L’arrêt depuis fin novembre des activités au sein du Complexe Frigorifique de Ziguinchor, une des rares unités industrielles encore debout en Casamance du fait de la crise, est perçu comme une bombe par les centaines de travailleurs de cette unité de traitement de la crevette. Plongés dans un désarroi total, ces derniers ont entamé des sit-in tout en promettant un passage à une étape supérieure si l’autorité fait la sourde oreille face à leurs revendications.
Ce sont des centaines de femmes et d’hommes, tous arborant des brassards rouges, qui mercredi dernier, ont manifesté leur mécontentement face non seulement à la décision de prolonger leur chômage par la fermeture temporaire de l’usine, mais aussi pour dénoncer les conditions dans lesquelles ils ont, ces six dernières années, travaillé dans ce complexe dirigé par Ramis Omaïs. A en croire leur porte parole, M. Omar Badji, ils sont près de sept cent dont 90% sont des femmes, à travailler dans des conditions indescriptibles au niveau de l’usine. Pas de bulletins de salaire, seulement une dizaine de personnes embauchées, pas de couverture médicale, les travailleurs se paient eux –mêmes leurs bottes et blouse, se prennent en charge en cas d’accident de travail pour à peine 327 f rs l’heure. A ces manquements, s’ajoute la décision prise de prolonger la fermeture de l’usine jusqu’en janvier. Las de vivre ce calvaire, ces travailleurs, mécontents de leur sort, n’ont pas épargné l’inspecteur du travail, accusé de complicité avec le directeur de l’établissement. Suffisant pour qu’ils organisent un sit-in pour dénoncer «ce manque de considération» dont ils font objet depuis plus de six ans. Ce mouvement d’humeur est aussi l’occasion pour leur porte parole, d’interpeller les autorités centrales et locales a qui il a demandé d’agir avant qu’il ne soit trop tard. «Ce sit-in n’est que le point de départ d’une série de manifestations que nous avons planifiées. Nous n’excluons pas de descendre dans les rues de Ziguinchor pour que justice soit rendue à l’ensemble des travailleurs ici présents», a- t- il martelé.
Du côté de la direction, l’heure était plutôt à la sérénité car pour monsieur Omaïs qui n’a pas hésité de balayer d’un revers de main, ces manquements collés à son cou, son seul souci est la préservation justement l’emploi de ses travailleurs. Pour ce faire précise- t-il «il me faut fermer l’unité et passer à sa totale réfection en prélude de la visite annoncée pour le mois de Mars, de la Commission de l’Union européenne chargée d’inspecter les unités de transformation où de traitement des produits halieutiques en vue d’une délivrance d’un agrément. Sans quoi, il sera à jamais impossible de développer une quelconque activité dans ce complexe» a laissé entendre le directeur. Revenant sur la modicité du traitement de ses journaliers, le responsable des ressources humaines de s’inscrire en faux quant aux allégations des travailleurs. Monsieur Ndiaye de préciser qu’aucun travailleur n’est payé à l’heure ; c’est plutôt par kilogramme traité qu’ils sont rémunérés. Quant à la faiblesse des montants perçus en fin de semaine ou journalière ment par certains, cela s’explique par la rareté de la crevette a laissé entendre le directeur. «Les choses ne marchent plus comme avant sur une capacité de 3 à 5 tonnes de crevettes en temps normal, l’usine ne tourne plus qu’avec un maximum de 450 kilogramme» précise-t-il indexant les mareyeurs et autres pêcheurs qui préfèrent emballer leurs produits qu’ils envoient directement à Dakar ; mais aussi de la raréfaction du produit dans le fleuve casamançais.
Article paru dans La Voix Plus
0 Commentaires
Participer à la Discussion