L'initiative du Sénégal consistant à convoquer à Addis-Abéba, les 8 et 9 juin 2009, une réunion des ministres de la Justice des Etats africains, n'est pas du tout appréciée par des Ong sénégalaises. Il s'agit de la décision visant à harmoniser leur position devant les méthodes de fonctionnement de la Cour pénale internationale. Ces organisations sénégalaises des droits humains que sont Action des chrétiens pour l'abolition de la torture, Amnesty international, l'Ondh, la Raddho et le Radi, réagissent aux propos du ministre sénégalais de la Justice qui cherche à ‘susciter une position commune de l' Afrique face à la justice pénale internationale’. Ainsi, expriment-elles leur vive préoccupation d'autant plus, selon elles, que ces propos font suite à la déclaration du président Wade, le 18 mars 2009, jetant une pierre dans le jardin de la Cpi. ‘L'Afrique devrait retirer son adhésion jusqu'à ce que la Cpi devienne démocratique, juste et équitable’, avait soutenu le président sénégalais, montrant sa ferme opposition à la démarche partisane de ce tribunal international. Mais ces Ong sénégalaises trouvent ‘sans fondement et malveillantes’ les allégations selon lesquelles la Cpi ne ciblerait que des dirigeants africains. C'est pourquoi, elles dénoncent ‘cette campagne visant à discréditer la Cpi et le combat qu'elle mène pour mettre fin à l’impunité des auteurs des plus graves atteintes aux droits humains’.
Ce qui intrigue le plus ces structures de défense et de protection des droits de l'homme c'est le fait que notre pays qui se trouve aujourd'hui parmi ces Etats africains contestataires est l'un des premiers signataires du statut de Rome créant cette cour. Aussi, dans leur communiqué, ces Ong demandent-elles ‘l'arrêt de la campagne de désinformation menée par l'Ua et certains Etats dont le Sénégal, de même qu'un soutien des populations à la Cpi dont l'action contribue à la protection des peuples d'Afrique contre la persécution de leurs dirigeants’.
La position du Sénégal et des autres pays africains est motivée par les multiples mandats d'arrêt lancés par la Cpi à l’encontre des dirigeants et responsables africains accusés de crimes ou autres actes violant des droits humains. C'est ainsi qu'après les arrestations de Charles Taylor et de Jean Pierre Bemba, le mandat d'arrêt lancé contre le président Omar El-Béchir a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Sans compter l'arrestation spectaculaire de Rose Kabuyé qui, selon cette même cour, serait impliquée dans l'accident de l'avion de l'ancien président rwandais, Juvénal Habyarimana, en 1994. Une démarche qui conforte des pays comme le Sénégal dans sa conviction qu’il y a un acharnement de la Cpi à l'encontre des dirigeants africains. Et, selon le communiqué signé par ces Ong, la Cour travaille actuellement en République démocratique du Congo, en république Centrafricaine, en Ouganda et au Soudan. Comme pour dire que l'épée de Damoclès reste toujours suspendue sur la tête de nos dirigeants, malgré quelques tentatives d'harmonisation de leurs représailles.
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