CHAMPS ABANDONNÉS, VERGERS EN SOUFFRANCE… : Dans l’enfer des mines à Sédhiou

Les populations du Ballantacounda souhaitent la relance du programme de déminage pour le retour vers vergers et champs abandonnés. Dans l’extrême sud du département de Sédhiou à la lisière de la frontière avec la Guinée-Bissau se trouvent trois communautés rurales largement infestées de mines enfouies sous terre pendant les années sombres du conflit armé en Casamance. 

Il s’agit d’abord de Diattacounda estampillée zone rouge par le programme national de lutte contre les mines, viennent ensuite la communauté rurale de Samine Escale et celle de Djibanar. Dans cette zone du Ballantacounda, plusieurs cas d’accidents par mines ont accentué la situation de handicap des populations toutes couches confondues ; résultats, plus personne n’ose s’aventurer dans les champs, vergers et autres infrastructures de développement communautaires du village.

C’est le cas à Bakonding non loin de la commune de Goudomp. Ici, un important projet de lutte contre la pauvreté y avait été implanté en 1981 et regroupait au moins trois cents paysans qui en tiraient naturellement profit en toute saison. Mais, avec ce conflit, ce fut le sauve qui peut général par crainte de tomber sous les balles des belligérants ou tout au moins laisser sa jambe sur une mine. Ainsi, au grand dam des populations, les ressources naturelles qui faisait jadis leur fierté, moisissent pitoyablement sous leurs regards impuissants et déconcertés.

Un autre tour plus vers la frontière notamment à Sanou Sénégal, Kaniko, Tiénaff, Sathioum, Kolane Bissassou, Guidadji etc. permet de faire ce triste constat. Aussi, le Ballantacounda a payé un très lourd tribu à la guerre de libération de la Guinée Bissau voisine vers les années 1973-74 contre l’envahisseur colonial portugais. Les mines étant des engins de guerre qui continuent la guerre quelque fois bien longtemps après la guerre, les mines posées depuis cette période font partie du lot enfoui durant le conflit indépendantiste en Casamance, selon les populations que nous avons rencontrées sur place dont certains faisaient même partie des déplacés de cette guerre de la Guinée « les répercutions de la guerre en Guinée-Bissau se faisait durement ressentir ici dans le Balantacounda. A tout moment de la journée on entendait des coups de feu et même des balles perdues. Ceux qui fuyaient les combats venaient trouver refuse chez nous dont les combattants eux-mêmes. Et pour échapper à toute poursuite, ils n’hésitaient point à poser des mines. Cela déjà ajouté à ce qui est arrivé en Casamance, vous vous rendrez compte de l’ampleur de notre calvaire malgré les ressources dont disposons dans la foret », témoigne un sexagénaire, les larmes dans la voix.

Bref, ces populations qui vivent une situation d’extrême pauvreté nonobstant la présence de ces potentialités, souhaitent que la journée mondiale d’action anti-mine célébrée la semaine dernière, fasse l’effet d’éperon pour accélérer le processus de déminage dans la zone.