Cimetière musulman de Yoff : On enterre dans des fosses communes !

Il existe des fosses communes aux cimetières musulmans de Yoff. Notamment dans la partie appelée section inconnue où ont été enterrées hier quinze dépouilles mortelles dans trois fosses communes. Tout près de là, se dressent les tombes d'Alioune Abatalib Samb dit Ino décédé en prison et de son partenaire Abdou Konté.

Incroyable. Et pourtant ça se passe à Dakar. Plus précisément aux cimetières musulmans de Yoff. Dans la partie qu'on appelle section inconnue, on a enterré hier 15 corps dans des fosses communes. Et le partage a été bien fait. Cinq dépouilles mortelles pour chacune des trois fosses. Selon les informations recueillies sur place auprès d'un fossoyeur, ce n'est pas la première fois que l'on s'adonne à cette pratique dans les cimetières de Yoff. En effet, sur place, le fossoyeur nous a indiqué une soixantaine de tombes sur lesquelles des bâtons sont plantés et qui représentent des fosses communes où sont enterrés ‘au minimum trois corps et au maximum cinq’, révèle le fossoyeur trouvé sur place et qui semble habitué à assister à ce genre d'enterrement.

Hier, c'est vers 16 h 30 que nous avons reçu un coup de fil anonyme provenant d'une personne qui fréquente régulièrement les cimetières de Yoff. Dépité par ce qu'il vient de voir, l'homme a décidé de saisir la presse. Rapidement, nous avons embarqué à destination des cimetières de Yoff pour vérifier sur place ces pratiques consistant à enterrer plusieurs corps dans une même fosse. Dès notre arrivée, il nous a fait signe de le suivre. En catimini, nous avons fait mouvement vers la partie ‘section inconnue’ des cimetières. Arrivé sur les lieux, ce qui saute à l'œil, ce sont trois tombes dont la terre venait à peine d'être retournée. Le plus frappant, c'est que ces tombes n'ont rien à voir avec des tombes normales. Du moins pour ceux qui fréquentent régulièrement des cimetières ou qui ont déjà assisté à des séances d'enterrement. A côté de ces trois grandes fosses communes, la tombe d'Alioune Abatalib Samb dit Ino. Le célèbre bandit de grand chemin décédé en 2005 et qui avait défrayé la chronique lors de sa fuite de la prison de Rebeuss. Non loin de là, se dresse également la tombe de son partenaire Abdou Konté.

‘C'est dans ces trois tombes qu'on a enterré quinze corps. Cinq dans chacune’, raconte notre guide qui, visiblement, n'en croit pas ses yeux. ‘On me disait qu'on entassait des corps humains dans une même fosse. Mais c'est aujourd'hui que j'en ai eu la certitude’, reprend notre source qui nous explique en détail la scène : ‘Je passais par là et l'on m'a dit de ne pas m'approcher de cet endroit. Il y avait une odeur nauséabonde qui se dégageait des corps qu'on jetait dans les fosses’. Selon les explications fournies par notre interlocuteur, il y avait deux hommes et une femme, tous en blouse blanche. Il a également noté la présence du gestionnaire des cimetières. La voiture qui transportait les quinze corps était du genre L 200 immatriculé Dk 1015 EP3. A sa sortie des cimetières, le véhicule a été aspergé d'eau par les laveurs de voitures.

‘Ce genre de dépouilles nous vient souvent des hôpitaux (Fann, Le dantec, Principal, Cto...)’, souligne un fossoyeur trouvé sur place qui signale au passage que cette pratique n'est pas une nouveauté aux cimetières musulmans de Yoff. ‘Tout ce que vous voyez là, représente des fosses communes’, pointe-t-il du doigt.

Quant à notre interlocuteur, il a toujours du mal à y croire. ‘L'être humain a besoin d'un miminum d'égard. Même s'il est une dépouille mortelle. Et même les fous aspirent à un enterrement décent. Mais ça, c'est du n'importe quoi’, se désole-t-il. Pour lui, ‘quand des personnes prennent l'engagement d'enterrer des corps humains, elles doivent un minimum de respect à ces corps’.

Jusque-là, l'opinion ignorait totalement l'existence de fosses communes dans les cimetières. C'est fait. Mais le problème majeur reste à savoir si dans une même fosse, on a mis des corps de femme et d'homme en même temps. Ou si dans une même fosse, on a enterré des personnes adeptes de religions différentes ou pas.