DESENGORGEMENT DE L’ESPACE PUBLIC : Colobane débarrassé de ses encombrants....

Une opération de déguerpissement sur la voie publique a visité, dans la nuit du mercredi au jeudi 12 novembre, le marché dakarois de Colobane. Résultat : les lieux ont été vidés des encombrants.

Visage nouveau au marché dakarois de Colobane. En ce jeudi 12 novembre 2008, on y note un décor inhabituel. Pas d’abris provisoires, ni de tables de fortune encore moins d’installations sauvages sur la voie publique. Au niveau du rond-point et sur les allées qui mènent vers l’autoroute, tout est vide. Au grand dam des marchands ambulants. « Comme tout le monde, c’est ce matin que nous nous sommes rendus compte que nos tables n’étaient pas sur place », explique El hadj Ibrahima Sakho, une victime. L’air désappointé, El Hadj regrette le manque de communication. « Les autorités devaient nous renseigner avant de nous déguerpir », dit-il refusant de lier ce déguerpissement aux problèmes de mobilité urbaine notés dans la ville de Dakar. « Ça n’a rien à voir avec les embouteillages puisque nous ne vendons pas ici sur les trottoirs », explique-t-il indiquant du doigt les deux allées qui jouxtent le garage de Colobane. L’année dernière, renchérit son camarade Pape Seck, c’est à la même période que le gouvernement nous avait déguerpis. « Ils sont revenus cette année aussi sans même nous aviser », se désole-t-il. Sa réaction est suivie par les acquiescements du groupe qui trouve la mesure « anormale ». Une des rares filles marchandes ambulantes qui accepte de parler, Marème Ngom, a presque les larmes aux yeux. « Si on nous prive de notre commerce, qu’allons nous faire ? », lance t-elle, renfrognée. Elle ajoute : « Il faut que l’Etat trouve un endroit pour nous, parce que le commerce c’est notre seul gagne pain ». Momar Guèye est du même avis. « Nous ne pouvons pas rester sans travailler », dit ce jeune Baol-Baol qui pense que le président Wade n’est pas au courant de cette opération de déguerpissement. « Nous attendons la réaction du président de la République », laisse-t-il entendre.

Automobilistes et piétons jubilent

Il faut dire que cette opération de déguerpissement qui a débuté à 23 heures dans la nuit du mercredi, n’a pas fait que des malheureux. Au contraire ! Elle a également occasionné des heureux. Notamment chez les automobilistes et autres piétons. Abdoulaye Traoré, taximan, apprécie positivement l’intervention des forces de l’ordre. « Il y avait beaucoup d’embouteillages au niveau du rond point de Colobane », fait remarquer notre interlocuteur qui se félicite de la nouvelle situation, mais ne s’enthousiasme pas outre mesure. « Il ne sert à rien de déguerpir si le lendemain ces mêmes déguerpis seront autorisés à revenir », observe le taximan qui plaide pour qu’il y ait un suivi. Confortablement assis dans son véhicule 4X4, Omar Seck va même plus loin. Il faut, dit cet automobiliste, que l’opération s’étende à l’ensemble de la ville. « Comparé à l’anarchie qui existe au marché Sandaga, Colobane n’est rien », relève Omar Seck qui souligne que les autorités doivent prendre toutes leurs responsabilités si elles veulent faire de Dakar une ville moderne et où il fera bon à vivre. Djibril Sarr salue, lui aussi, cette opération de déguerpissement, mais pense qu’il faut aller étape par étape. La plupart des marchands ambulants, justifie-t-il, ne comprennent pas les enjeux. « Tout le monde a vu ce qui s’est passé l’année dernière », rappelle-t-il, faisant allusion à la violente manifestation consécutive au déguerpissement des marchants ambulants du marché Sandaga, le 21 novembre 2007. C’est peut-être ce qui explique la forte présence des forces de l’ordre, hier, toute la journée, sur les lieux déguerpis. Même si la raison apparente est d’empêcher les occupants illégaux d’y revenir.