DR LAMINE DIEDHIOU SUR LES MEFAITS DE LA MAL GOUVERNANCE AU SENEGAL : « Une bande d’affairistes prend en otage l’Etat»

Les critiques pleuvent de plus en plus sur le pouvoir à l’Université du ramadan. Introduisant le débat sur «les méfaits de la mal gouvernance», Dr Lamine Diédhiou a indiqué, hier, que «la fusion entre les opérateurs économiques et le pouvoir débouche sur une bande d’affairistes qui prend en otage l’Etat».

«Le concept de mal gouvernance a été agité au lendemain de l’échec cuisant des politiques d’ajustement structurel des années 80», a souligné, d’emblée, Dr Lamine Diédhiou. Rappelant qu’on ne peut pas parler de mal gouvernance sans bonne gouvernance, Dr Diédhiou s’est dit très inquiet de la gestion actuelle de l’Etat. Selon lui, «la fusion entre les opérateurs économiques et le pouvoir débouche sur une bande d’affairistes qui prend en otage l’Etat». A son avis, «le pilotage à vue, l’informel, l’inexistence d’une organisation cohérente et rationnelle des biens publics sont caractéristiques de la mal gouvernance au Sénégal». Sans compter, dit-il, la corruption qui devient de plus en plus endémique avec les détournements quotidiens de deniers publics et des surfacturations abusives. «Pourquoi l’Etat ferme-t-il les yeux sur les ministères et agences épinglés, à la fois, par l’Armp et la Cour des Comptes ?», se désole-t-il. A l’en croire, «il y a un manque manifeste de volonté politique pour combattre la corruption, les mesures initiées par l’Etat relevant du théâtre». Il a conclu aussi à l’inexistence d’un pouvoir judiciaire au Sénégal, puisque ce dernier ne s’autosaisi presque jamais. D’où ce constat : «On tend vers la désobéissance civile, car les citoyens ne croient plus à l’indépendance de la justice.» Très en verve, Dr Diédhiou a également révélé que «les investisseurs étrangers et les partenaires au développement deviennent réticents en cas d’instabilité politique». L’éradication de la mal gouvernance passe, selon lui, par l’installation de la bonne gouvernance, la refondation de l’Etat, l’abandon de la gestion solitaire de l’Etat et l’uniformisation de la pensée, ainsi que le retour, via la religion, aux valeurs cardinales sur le plan comportemental