Le ministre de la Justice a ajourné l'audience prévue hier après-midi avec l'Union des magistrats du Sénégal (Ums). La cause ? Il ne voulait pas voir la tête de Aliou Niane, membre du bureau de ladite structure faisant office de syndicat pour les hommes en robe. Cette rencontre avec les leaders des magistrats devait rentrer dans le cadre de la préparation de l'Assemblée générale de l'Ums prévue les 4, 5 et 6 août prochain et dont la cérémonie d'ouverture devait être présidée par le locataire du septième étage du building administratif. Une tradition républicaine que le ministre accepte d'honorer, mais tenez-vous bien, à une condition : que Aliou Niane, pourtant trésorier de l'Ums, ne fasse pas partie de la délégation. Et ce desiderata, Cheikh Tidiane Sy l'a fait parvenir au bureau de l'Ums par le canal de son secrétaire général Chimère Malick Diouf et de son directeur des services judiciaires, Barane Thiam. Condition que, naturellement, les collègues de ce dernier, qui ne reviennent toujours pas de cette sorte de ‘chantage’, ont catégoriquement refusée pour des raisons objectives de principe qu'ils ont tenu à opposer au subjectivisme de la tutelle. Le bureau de la structure chargée de défendre les intérêts matériels et moraux des magistrats, usant des mêmes canaux que le ministre, rappelle alors au Garde des sceaux qu'Aliou Niane, pour avoir été élu au même titre que ses pairs de l'Ums, jouit de la même légitimité. Et qu'à ce titre, il n'a aucun titre ni pouvoir de l'exclure de sa délégation. Du moins, tant que dure son mandat. Des principes dont tout porte à croire que le ministre Cheikh Tidiane Sy a du mal à s'accommoder. Intraitable, il campe sur ses positions et condition d'‘excommunication’ d'un magistrat contre qui il ne démord toujours pas. Quoique la fonction ministérielle doit passer à la trappe de cette rancune morbide contre ‘un subordonné’, puisque lors de l'installation des nouvelles autorités de la cour de cassation Abdoulaye Gaye et Pape Omar Sakho, ‘l'indexé’ s'était bien avisé à lui serrer la main, celle résolument tournée vers le dépassement d'un incident que, malheureusement, Cheikh Tidiane Sy ne veut toujours pas clore.
Aliou Niane, pour ceux qui ne s'en souviennent pas est ce responsable de l'Ums qui, au plus fort de la lutte revendicative des magistrats, avait eu un grave malentendu avec les autorités du département. Il faudra, sans doute remonter, pour s'en souvenir, au mois de janvier dernier quand sur les bons offices du président du Conseil de la République Me Mbaye Jacques Diop, l'Ums accepte de surseoir à son boycott de la rentrée solennelle des cours et tribunaux et des élections couplées à venir, moyennant un examen conséquent de son mémorandum par les autorités. S'ensuit une audience des plus houleuses mettant au premier plan Aliou Niane et le chargé de communication du ministère Marcel Mendy. Car, à la surprise générale, les magistrats vont s'entendre dire par les collaborateurs du Garde des Sceaux qu'en substance Cheikh Tidiane Sy n'était au courant d'aucune médiation et que de toute façon les démarches initiées par le président Mbaye Jacques Diop n'engagent que leur auteur. Suffisant pour susciter l'ire de Niane et de ses collègues. Suffisant également pour que Cheikh Tidiane Sy monte sur ses grands chevaux et refuse d'en descendre.
La plénière des ‘fils’ se tiendra donc sans le ‘père’ boudeur à souhait, dans un contexte de crise qui, à en croire nos sources, va amener les magistrats à se regarder pour se dire quelques vérités suite à l'affaire Aminata Mbaye. Mais, également à tirer les leçons de cette bouderie ministérielle. Une autre qui intervient après celle wadienne que les syndicats d'enseignants ne sont pas près d'oublier de sitôt.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:37 PM)Participer à la Discussion