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FLAMBEE DES PRIX, DERIVE INFLATIONNISTE ET DEGRADATION DES CONDITIONS DE VIE : Le mouvement syndical joue aux abonnés absents

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FLAMBEE DES PRIX, DERIVE INFLATIONNISTE ET DEGRADATION DES CONDITIONS DE VIE : Le mouvement syndical joue aux abonnés absents

Des organisations syndicales qui restent encore de marbre face à la hausse exponentielle des prix des denrées de première nécessité et face au désarroi de plus en plus manifeste des ménages. Voilà le sentiment qui semble titiller les observateurs du champ social sénégalais surtout après le point de presse organisé avant-hier, mercredi 11 juillet, par l’Intersyndicale des centrales syndicales pour décliner le plan de riposte généralisée de la classe ouvrière contre l’inflation galopante et la détérioration des conditions de vie des populations. Au final, le gel du « langage de la rue » qui a été la principale leçon retenue du point de presse préfigure un positionnement paradoxal du mouvement syndical qui se complait à jouer aux abonnés absents devant le mal vivre des populations comme des travailleurs. 

La flambée des prix et l’inflation galopante sur les produits de consommation courante qui fragilisent de manière discontinue le quotidien des populations et des travailleurs en particulier, ne semblent pas avoir atteint au Sénégal le seuil critique qui nécessite une réponse dynamique de la part des organisations professionnelles et syndicales. Alors que les ménages sénégalais et les travailleurs assistent impuissants à la hausse exponentielle des prix du riz, du lait, de l’huile, du gaz butane et se retrouvent face à une situation rampante de précarisation, de dégradation constante des conditions de vie et de travail, de coupures intempestives d’électricité et de spéculation outrancière sur les loyers ; les organisations syndicales choisissent de « donner du temps au temps » et de geler tout plan d’action de riposte contre les mesures impopulaires de hausse des prix. Et cela afin de permettre au gouvernement de prendre des mesures fermes de régulation des prix, conformément aux propositions issues de la rencontre entre le Premier ministre et le mouvement syndical, le mardi 10 juillet.

Réunis en point de presse avec les professionnels des médias avant-hier, mercredi 11 juillet, les responsables moraux de l’Intersyndicale des centrales du Sénégal qui devaient décliner à priori le plan de riposte globale des travailleurs contre la situation socioéconomique délétère se sont démarqués de toute action immédiate visant à contester par « le langage de la rue » la vie chère au Sénégal. Par là, les secrétaires généraux des principales centrales composant le cartel, à savoir Mody Guiro de la Cnts, Mamadou Diouf de la Csa, Alioune Sow de l’Udts ou encore Ibrahima Sylla de l’Uts, tout en s’inscrivant dans une dynamique de veille et d’alerte, entendent accorder aux initiatives annoncées mardi dernier par le gouvernement du nouveau Premier ministre Adjibou Soumaré, les préjugés favorables devant faciliter la recherche des solutions idoines de sortie de crise. Exit donc à plus ou moins court terme, toute exécution d’un pseudo plan d’actions revendicatives de la classe ouvrière face aux agressions discontinues de son pouvoir d’achat et à la détérioration irrémissible de ses conditions de vie. Tout en affirmant cependant sa disposition ferme à maintenir la pression sur le Gouvernement pour le contraindre à respecter ses engagements du mardi 10 juillet relatifs à la baisse des prix du riz, de l’huile, du gaz butane et à « la surveillance de la spéculation qui fait flamber de façon inexpliquée le prix du ciment », l’Intersyndicale des centrales syndicales a révélé au cours de son point de presse avoir pris « acte des mesures prises par le gouvernement qui peuvent être louables, si elles sont suivies d’effet sur le consommateur ».

Des organisations syndicales sur le-qui-vive

Aussi paradoxal que cela puisse paraître dans un contexte socioéconomique marqué par la fragilisation continue des diverses couches de la population du fait de politiques nationales des prix fortement agressives pour le menu pouvoir d’achat des masses, le mouvement syndical sénégalais semble signer un blanc seing sans concession à un gouvernement dont le train de vie, la pléthore des départements ministériels et la profusion des institutions budgétivores contrastent fortement avec l’état avancé de pauvreté des ménages. Dans un pays où le pouvoir politique établi ne trouve aucune force alternative de contestation de ses stratégies de gestion de la demande sociale, le mouvement syndical semble globalement emboîter le pas aux différents segments d’une société civile plus soucieuse de médiatisation de son image que de prise en charge des besoins sociaux. La démission des centrales membres de l’Intersyndicale à s’inscrire dans une dynamique active de lutte contre le vie chère et la dégradation des conditions de vie et de travail semble obéir à la même logique.

Et cela, en dépit du fait que Mody Guiro, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), ait réitéré avec force au cours du point de presse d’avant-hier que l’Intersyndicale demeure fidèle à sa feuille de route faite de rencontre avec le chef du gouvernement et d’engagement constant pour la diminution des prix des denrées de consommation courante, et reste sur le qui-vive face à « une situation sociale et économique lourde de menaces pour la paix sociale ». Question à mille francs : le mouvement syndical sénégalais a-t-il pris toute la mesure de la précarité dans laquelle vivent les ménages et les travailleurs avec la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité, la récurrence des délestages intempestifs, la spéculation outrancière sur les loyers ?

Apparemment, le sens de la responsabilité qui a poussé le mouvement syndical au Niger et en Guinée Conakry, un mouvement beaucoup moins structuré qu’au Sénégal, à s’employer par des actions d’envergure contre la vie chère au point d’aboutir à un changement radical des politiques de prix au niveau national, ne semble avoir encore insufflé la dynamique d’action des organisations syndicales de notre pays. Au grand dam des familles sénégalaises et des « gorgorlus » dont les faibles revenus sont rognés chaque jour davantage par une inflation sans qualificatif.

Moctar DIENG



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