1958-2008, la fondation Friedrich Naumann pour la liberté a 50 ans. Pour célébrer ce demi-siècle d’engagement pour la liberté, la dignité humaine et la paix dans le monde et sa présence au Sénégal, elle a organisé une conférence à Dakar sur le thème « Liberté et développement » avant-hier jeudi 19 juin. Cette dialectique (liberté et développement) remonte à l’aube des temps modernes. Et, les libéraux, en définissant la liberté comme le fondement de tout progrès économique et social, ont créé une relation de réciprocité et de dépendance qui va du développement à la liberté base de tout bien être social.
Selon le conférencier, le professeur Serigne Diop, ministre d’Etat établissant la relation entre développement et libéralisme, « toutes les sociétés contemporaines sont ou seront des démocraties libérales avec les valeurs qu’il faut pour permettre aux individus d’être responsable ». Ce libéralisme à visage humain apparu au XIXe siècle devrait régir tous les pays soucieux du développement en ce sens qu’il n’y a pas de libéralisme sans liberté d’entreprendre qui est une donnée fondamentale. Dès lors, le développement sera guidé par un esprit d’entreprise assis sur la liberté d’entreprendre basé sur l’accomplissement de l’individu dans tous ses aspects.
Or la liberté, une donnée naturelle qui est dans l’homme est garantie par l’Etat qui prend en charge les secteurs défavorisés. C’est la démocratie sociale qui fait de l’Etat à la fois un agent économique et un acteur social (éducation, santé, etc.) Seulement, déplore Serigne Diop, deux images sont à l’origine de la conception erronée que les gens ont du libéralisme. Il s’agit de la démocratie bourgeoise avec le pouvoir de l’argent (conception économique de la liberté) et celle marxiste (totalitarisme) pratiquée par les pays de l’Est. A l’en croire, le libéralisme ne s’oppose pas au capitalisme, mais au totalitarisme. C’est le socialisme qui s’oppose au capitalisme. « Un libéralisme économique sans libéralisme politique ne peut durer dans le temps. C’est un accident de l’histoire. La démocratie politique est le fondement de la démocratie économique » fait remarquer le ministre d’Etat.
Et, si la liberté va de pair avec la responsabilité, en démocratie libérale, l’Etat doit être sauvé par l’égalité, donnée naturelle, divine qui stipule que tous les hommes naissent égaux, même si la réalité est toute autre. Cependant, le conférencier insiste sur le fait que la liberté n’est pas la licence. Elle a des bornes, (les droits des autres) qui ne sont fixées que par la loi conformément à la Déclaration des droits de l’homme de 1789. Toutefois, précise le Professeur, le système de la globalisation qui tend vers la mondialisation, à cause des avantages compétitifs et non comparatifs, constitue une menace pour les Etats, en particulier les nôtres.
REPONDRE AUX BESOINS DES POPULATIONS
Revenant sur le développement, le Professeur Serigne Diop souligne que ce concept est perçu différemment et de manière variée selon qu’on soit dans les institutions internationales ou dans les systèmes étatiques. Suffisant pour qu’il invite à une redéfinition de ce concept. Selon lui, plutôt que d’être vu sous le rapport du revenu par habitant (PIB), le « développement doit renvoyer aux besoins, aux attentes des populations. Il doit se définir comme étant un processus continu, les capacités d’un système étatique à répondre aux besoins fondamentaux des populations ». Son but est d’assurer la dignité humaine. La matérialisation de cet objectif pour faire face aux attentes des populations passe nécessairement par l’union, la création de grands espaces économiques. Pour le professeur Pape Mansour Sy, modérateur il ne peut y avoir de développement sans sécurité. De même, on ne peut parler de sécurité sans droits de l’homme. Les deux premiers ne peuvent être effectifs sans les droits de l’homme. Mme Doretta Loschelder, Ambassadrice de la République Fédérale d’Allemagne au Sénégal a, quant à elle, rappelé que le peuple allemand a subi par deux fois dans son histoire des privations de liberté. C’est pourquoi, la Fondation depuis sa création a mis un accent particulier sur la liberté et la responsabilité individuelle.
Partant du caractère irrésistible de la démocratie qui ne peut se faire qu’avec le concours des citoyens, Mme Eva-Maria Kohler-Renfordt, représentant résident de la Fondation Friedrich Naumann pour l’Afrique sub-saharienne, montre que la place de la liberté dans le développement devrait permettre de concilier le souci de la croissance et les demandes croissantes des populations.
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