Toutefois, en prenant la parole devant cette auguste assemblée composée également de représentants diplomatiques accrédités à Dakar, le bâtonnier a voulu d’abord faire une petite mise au point consistant à dénoncer un fait qu’il qualifie d’« inacceptable ». En effet, Me Guèye a fustigé « l’ingérence de la France » dans le fonctionnement de la justice sénégalaise. Selon Me Mame Adama Guèye, « il est inacceptable qu’un Etat étranger s’ingère dans le fonctionnement de la justice d’un autre Etat jusqu’à chercher à infléchir une décision de justice ». Sans avoir fait de précisions sur l’affaire en question, le bâtonnier faisait allusion à la lettre du maire de Paris, Bertrand Delanoë (homosexuel affiché), pour s’indigner de la condamnation de cinq homosexuels à huit ans, il y a deux semaines environ, par le tribunal de flagrants délits de Dakar. L’édile de Paris a même réclamé la libération des personnes condamnées. Dans le même sillage, le président Sarkozy serait sérieusement ému de cette décision en conseil des ministres. Voilà ce qui a choqué le bâtonnier de Dakar en dénonçant l’attitude de la France. Et sa réaction a suscité beaucoup de réactions positives qui se sont manifestées par des félicitations à la fin de la cérémonie.
Toutefois, le président Wade, lui, n’a pas aimé cette façon de faire du bâtonnier. « Je suis surpris par la réaction du bâtonnier. Vous ne pouvez pas accuser comme ça un Etat étranger en audience solennelle. Une audience solennelle reste tout de même une audience solennelle », regrette Me Wade. Mieux le président Wade indique à l’auxiliaire de justice qu’il aurait du le saisir par correspondance sur cette affaire au lieu de venir accuser un Etat étranger en audience aussi solennelle que la rentrée des cours et tribunaux. C’est pourquoi, le président de la République et président du conseil supérieur de la magistrature a instruit séance tenante le procureur général de la Cour Suprême de lui faire un rapport détaillé sur cette affaire.
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