S'ils ne sont pas édifiés sur leur sort ce soir, les 500 pèlerins sénégalais laissés en rade à la Mecque vont investir les rues saoudiennes pour se faire entendre. Et cela, même s'ils risquent d'être arrêtés et mis en prison. C'est du moins ce qu'ils nous ont annoncé quand nous les avons joints au téléphone hier soir. Car, disent-ils, «y en a marre.» Et ils veulent rentrer au pays.
Les pèlerins sénégalais souffrent le martyre à la Mecque. Et ne veulent pas qu'on leur parle de difficultés, car à les en croire, ce qu'ils endurent est pire que toutes sortes d'ennuis. Ils l'ont fait savoir hier, quand nous les avons joints an téléphone.
En effet, d'après El Hadji Cheikh Adramé Guèye, ils sont plus de 140 missionnaires et 300 pèlerins qui attendent toujours un avion pour rentrer au Sénégal, auprès de leurs familles respectives. Pourtant, affirme ce dernier, l'Agence nationale de l'aviation civile du Sénégal (Anacs) et la compagnie Air Europa ont diffusé un communiqué pour annoncer que les derniers pèlerins sénégalais ont quitté la Mecque le 18 et sont arrivés le 19 décembre au Sénégal. «Ce qui n'est pas vrai, car nous attendons toujours un avion pour rentrer au Sénégal», martèle-t-il, tout en affirmant que c'est précisément depuis le 13 novembre qu'ils ont quitté le Sénogal.
Ces pèlerins se sentent laissés en rade par les autorités sénégalaises qui, d'après eux, n'ont toujours pas réagi pour leur fournir des informations. «Nous n'avons pas d'intermédiaires. Le président de la commission Thierno Diakhaté est à Djidah, alors que nous souffrons ici à la Mecque», dénonce un autre qui a préféré gardé l'anonymat.
Après l'assemblée générale tenue à leur hôtel hier, ces pèlerins disent attendre de rencontrer le président de la commission Thierno Diakhaté aujourd'hui. Et si rien de concret ne sort de la rencontre, ils n'excluent pas d'investir les rues. «Même si les policiers saoudiens vont nous jeter en taule», insiste El hadji Cheikh Sadibou Diaga de la radio Anour fm. Car, soutient-il, «nous sommes des Sénégalais et des citoyens à part entière et tout ce que nous voulons, c'est rentrer au pays, car ici, kou say rial jèex, say rè jèex (pas de rial, pas de sourire)».
En effet, d'après nos interlocuteurs, seul un certain Ibrahima Bâ, qui dit parler au nom d'air Europa, leur a annoncé qu'ils seront de retour le 25 décembre. « Mais rien ne confirme ces propos, car depuis quatre jours, on nous a demandés de ne pas bouger, car à tout moment, nous pouvons embarquer. Ce qui tarde de se faire», se désole le pèlerin Guèye.
Aujourd'hui, se plaint notre interlocuteur, «nous sommes les seuls pèlerins à participer aux prières à la Mecque. Sans compter que certains n’ont plus de sous pour se payer à manger. Ils sont d'ailleurs obligés de vendre les cadeaux achetés pour leur famille, afin de se payer de quoi se mettre sous la dent. De 40 kg de bagages, il ne leur reste qu'une vingtaine. Hier, c'est le commissaire lui-même qui distribuait des plats de riz que les saoudiens donnent à leurs mendiants. Personne n'a pu en manger», s'indigne El Hadji Adiané Guèye au bout du fil. Pourtant, nous informent nos interlocuteurs, seul un membre du service médical est avec eux, au moment où le responsable de la sécurité Samba Diaw, les responsables de bâtiment ont tous quitté les lieux.
Lalla CISSOKHO
Source Walf Grand Place
0 Commentaires
Participer à la Discussion