POURSUIVI POUR AVOIR VIOLÉ ET ESCROQUÉ DES FEMMES MARIÉES : Le charlatan soutient qu’elles sont ses amantes

L’affaire de mœurs qui a défrayé la chronique aux Parcelles Assainies a été évoquée hier par le tribunal de Dakar. Si le Chérif soutient avoir couché avec les deux femmes mariées qui étaient ses amantes, avec leur consentement, celles-ci affirment être violées. Des incidents à l’audience sur la production des scellés ont fait renvoyer l’affaire au 30 juillet en audience spéciale.

Assane Ndiaye Aïdara, commerçant âgé de 31 ans et domicilié à l’Unité 16 des Parcelles Assainies, a fait hier face au juge des flagrants délits pour répondre des infractions de viol, diffusion de films et photographies à caractère pornographique, charlatanisme, escroquerie et détention de chanvre indien. Il est poursuivi suite à des plaintes de Ndèye Arame Diop et Fary Diop, des femmes mariées. Ces dernières auraient été violées et escroquées par le mis en cause qu’elles avaient sollicité pour des prédictions pour mieux ferrer leurs époux.

«Nous étions amants», déclare le marabout

À la barre du tribunal des flagrants délits, le prévenu a réfuté les accusations des parties civiles, jurant qu’il ne leur a jamais promis de faire des choses mystiques pour elles. Tout compte fait, il a reconnu avoir connu les deux dames qui sont ses amantes avec qui il a couché plusieurs fois avec leur consentement. «J’ai d’abord connu Ndèye Arame et nous avons eu une relation amoureuse pendant longtemps», a servi le prévenu au juge. Il poursuit en disant que c’est son amante, qui venait de rompre avec lui, qui l’a présenté à Fary Diop pour qu’elle la remplace en devenant sa nouvelle copine. «C’est dans ces conditions que j’ai eu à coucher avec elle aussi», a expliqué Assane au cours de l’interrogatoire d’audience. Les plaignantes ont démenti le prévenu disant qu’elles sont mariées et qu’elles n'ont jamais trompé leurs époux. Sur les photos et films à caractère pornographique, il a signifié qu’il les a pris avec l'accord de ses amantes. Le chérif qui se dit un bon musulman a reconnu avoir couché avec des femmes mariées. Mais ces victimes disent s’être rendues chez Assane parce qu’il était réputé être un faiseur de miracles.

Le charlatan hypnotisait ses victimes avec de «l’encens»

Interrogées, les victimes, Ndèye Arame Diop et Fary Diop, sont revenues sur les circonstances de leurs mésaventures. Elles ont soutenu qu’elles avaient entendu parler des miracles d’Assane Ndiaye Aïdara qui est Chérif à Nimzatt. Quand elles se sont rendues au domicile du bluffeur, celui-ci, pour mieux mûrir ses plans, leur a demandé de revenir le lendemain et séparément. Les dames, croyant tomber sur un messie, ont obtempéré sans arrière-pensée. Le lendemain, c’est Fary Diop qui se rend le matin chez le marabout. Celui-ci lui fait part qu’elle risque de voir son enfant mourir si elle ne fait rien. L’hâbleur lui prédit aussi une tonne de malentendus avec son mari avant de lui proposer des remèdes. Pour cela, Fary devait se purifiait dans les toilettes du charlatan avant de prendre un bain mystique. Au cours des bains, Assane Ndiaye Aïdara profite de la situation pour filmer et photographier la nudité de ses clientes. Après, il met de l’encens aux senteurs «bizarres» pour hypnotiser ses victimes. Il couche ensuite avec elles. La version de Fary est identique à celle de Ndèye Arame Diop, pourtant mariée à un Chérif, qui a été violée dans les mêmes conditions. Pour les dissuader, il menaçait de publier les photos dans le Net.

Le parquetier et les conseils de la défense pètent les plombs 

La production des films et photos à caractère pornographique ont fait renvoyer l’affaire. Les conseils de la défense, Mes Babacar Mbaye et Souleymane Diagne, ont fait part au tribunal du déséquilibre dans les débats. Ils ont interrompu le procureur au moment où il faisait des observations sur les photos et les films. Le parquetier dira que ce sont ces deux dames qui ont eu le courage de venir à la barre, mais que les victimes sont supérieures à 30 femmes. Il a également dit avoir répertorié plus de 84 photos dont 72 à caractère pornographique sans compter les films et Sms obscènes. Mais le problème est que les conseils de la défense n’ont pu prendre connaissance du contenu du téléphone portable de leur client qui était éteint pour défaut de charge. Ainsi, ils ont demandé à voir les images mises sous scellés, en accusant le parquet de ne pas faire son devoir en communiquant les documents à temps. Il leur sera reproché de ne rien faire pour bien assister leur client. «Personne de vous ne s’est approché du greffe pour prendre connaissance des scellés», leur a admonesté le maître des poursuites. Ceux-ci ont demandé un renvoi et ont menacé de se déporter si le tribunal devait faire poursuivre les débats d’audience. Le tribunal, après avoir suspendu pour charger la batterie du portable, est revenu pour d’abord donner acte aux conseils du prévenu de leur déportement et ensuite renvoyé l’affaire au 30 juillet en audience spéciale.