Saint- Louis - Pour des coups mortels assénés à Adama Bâ : Hamidou Souhaïbou Bâ condamné à 6 ans de travaux forcés

La première affaire au rôle des assises de Saint-Louis a été vidée hier. Hamidou Souhaïbou Bâ, qui était à la barre pour répondre du délit de meurtre, n’a pas eu la baraka. Il a été reconnu coupable et condamné à six années de travaux forcés.

En assénant des coups de bâton à Adama Bâ, son aîné de 37 ans, Hamidou Souhaïbou Bâ, alors âgé de 20 ans au moment des faits, n’avait jamais imaginé que son acte le mènerait tout droit en Cour d’assises. Placé sous mandat de dépôt en date du 9 juin 2006, il a eu le temps de bien méditer en prison sur la gravité de son acte. Car ses coups ont entraîné un arrêt cardiovasculaire, un poly-traumatisme crânien intéressant l’os pariétal gauche, l’occiput et l’arcade sourcilière gauche, œdème jugulaire gauche, comme l’atteste le certificat de genre de mort établi par le Dr Sylla Thiam, médecin chef adjoint du district sanitaire de Matam. La violence des coups a entraîné un traumatisme crânien ouvert, qui a causé la mort d’Adama Bâ.

Les faits remontent au 4 juin 2006. Les éléments de la brigade mixte de la gendarmerie de Matam informés, se sont transportés sur les lieux où ils ont trouvé le chef de village qui a mis à leur disposition le mis en cause qui était enfermé dans une pièce à l’intérieur de la maison pour le soustraire à la furie des voisins. Pour les besoins de l’enquête, ils ont découvert dans un champ de maïs, à trois kilomètres du village, le corps sans vie de la victime qui portait des blessures sur le front, la nuque et le crâne. Un filet de sang sortait de ses narines et à côté du corps, se trouvait l’arme du crime, un bâton.

A la barre, le berger a reconnu les faits, tout en précisant qu’il a été provoqué par la victime qui l’a attaqué en premier en le rouant de coups de bâtons. Cependant, il a précisé n’avoir nullement eu l’intention de lui donner la mort. S’expliquant, l’accusé a indiqué que le jour des faits, il était en compagnie des nommés Mamadou Sow dit Ngoundy et Seydou Guéda Sow en train de veiller sur leurs troupeaux tout en discutant. C’est à cet instant précis que les a rejoints Adama B. Il a expliqué que ce dernier s’en est pris à lui, en lui reprochant d’avoir prodigué de mauvais conseils à son collègue berger Seydou Guéda Sow, avant de le sermonner et l’injurier. Alors qu’il croyait l’incident clos, Adama Bâ s’est pointé quelques minutes plus tard, armé d’un gros bâton. Alors qu’il était couché, il lui a administré deux coups de bâton sur l’avant bras gauche. Face à la furie du vieux, il a pris ses jambes à son cou. C’est lors d’une seconde attaque qu’il s’est rebiffé pour lui asséner à son tour deux coups de bâton, dont un sur le dos, qui lui seront fatales. Un récit qui est loin de convaincre le procureur général Gora Seck, qui a fait remarquer à l’accusé qu’il avait donné plus de deux coups puisque le certificat médical faisait état de blessures à la tête, à la tempe et à la nuque. Selon lui, l’accusé s’est acharné à l’aveuglette sur sa victime, sans savoir le nombre exact de coup qu’il a administré au vieil homme.

Pour atténuer sa responsabilité, Hamidou a ainsi fait observer qu’il n’avait pas l’intention de donner la mort à son protagoniste, mais a voulu juste se venger, mais ignorait où il donnait des coups. Le représentant du ministère public a balayé cette thèse du revers de la main tout en lui rappelant la notion de proportionnalité en matière de vengeance. Dans son réquisitoire, le procureur général, a expliqué que les faits ne peuvent être discutés car Hamidou Souhaïbou Bâ a donné des coups qui ont entraîné la mort d’Adama Bâ. Le représentant du ministère public a même émis des doutes sur l’éventuelle attaque de la victime dont a fait état l’accusé. Et de se demander l’intérêt qu’avait la victime après avoir sermonné et invectivé son bourreau, de revenir pour le frapper avec un bâton. Pour lui, rien ne prouve que l’accusé a été attaqué par la victime. Pour le procureur général, Hamidou Souhaïbou Bâ, qui n’avait d’autre hobby que ses bêtes, a agi en « animal », en administrant avec son bâton aussi gros des coups à Adama Bâ. Et les coups ont été si violents qu’ils ont provoqué un traumatisme crânien ouvert ayant occasionné la mort de la victime. Selon lui, l’intention de donner la mort est bien réelle et se justifie par la violence des coups donnés et des parties du corps visées et atteintes. Suffisant pour le pousser à demander à la cour de le déclarer coupable de meurtre et de requérir une peine minimum de quinze années de travaux forcés. Pour sa part, Me Mamadou Ciré Bâ, conseil du jeune berger a demandé la disqualification des faits en coups mortels et une application bienveillante de la loi pénale. En effet, pour Me Bâ, il s’agissait juste d’une bagarre, qui a mal tourné et selon lui, il n’y avait aucun enjeu pour que ce jeune homme se batte avec le vieux Adama Bâ et le moyen qui a produit l’effet malheureux n’était pas une arme. Ce qui lui fera dire que l’intention manque dans cette affaire, car son client, dans la crainte, s’est arrêté et s’est acharné sur elle par crainte qu’Adama Bâ ne le tue. Cela n’a pas convaincu la cour, qui dans son délibéré, a reconnu Hamidou Souhaïbou Bâ coupable du meurtre d’Adama Ba avant de le condamner à six années de travaux forcés.