Invasion d’un territoire par les eaux, l’inondation, qui secoue la banlieue depuis plus de 20 ans, mais qui, depuis 7 bonnes années maintenant, a installé cette partie de Dakar dans le désarroi, continue encore de faire des victimes. Et comme chaque année, les populations, qui habitent dans des zones inondables telles que Guinaw Rail, Yeumbeul, Gounass, Jeddah Thiaroye Kao, Mousdalifa, entre autres, vivent sous la psychose de ce fléau. Et face à l’absence de solutions qui fait que les sinistrés ne savent plus à quel saint se vouer, ces populations se décident à prendre les devants, malgré un déficit criard de moyens.
Vivant à Jeddha Thiaroye Kao 2, au quartier de Saliou
Ndir, Anta Diongue, assise, explique avec stupeur et nonchalance la situation dans
laquelle se trouvent les habitants de ce coin de la banlieue. Elle informe, sur
un ton larmoyant, qu’une peur bleue les habite à l’approche de l’hivernage.
«Nous vivons la peur au ventre. A cette période de l’année, nous aurions dû
avoir le matériel nécessaire pour parer à toute éventualité. Malheureusement,
ce n’est pas le cas. Nous voulons véritablement que les autorités volent à
notre secours», dit-elle avec désolation.
Des solutions de fortune pour souffler un peu
Plus loin à Mousdalifa 2, un quartier où presque une
maison sur 2 est abandonnée par ses propriétaires à cause des inondations et où
les chiens errants dictent leur loi, règne une insalubrité sans précédent. Une
odeur pestilentielle pollue l’air et l’humidité du sol témoigne de la fréquence
des inondations qui, depuis des années, n’épargne pas cette partie de Pikine.
Tenant son petit commerce en face de sa demeure qu’elle a été obligée
d’abandonner, Fama Diao, une jeune dame, soutient être complètement abattue par
le calvaire qu’ils supportent depuis près d’une décennie. Attristée par le
décor qui s’offre à elle, elle martèle : «Nous vivons constamment dans la peur
à cause des inondations qui détruisent tout sur leur passage. Et nous n’avons
pas assez de moyens pour y faire face». Derrière ce quartier, habite Khadim
Guèye. Agé presque de 25 ans, ce jeune de Mousdalifa a du mal à cautionner ce
qu’ils endurent au quotidien. «Il suffit de voir que le ciel commence à
s’assombrir pour que nous soyons dans tous nos états, car nous sommes conscients
de ce qui nous guette. En plus d’être une calamité, les inondations sont une
épée de Damoclès qui plane sur nos têtes, depuis des années. Et le pire, c’est
que nous ne bénéficions d’aucune aide pour pouvoir au moins minimiser les
dégâts», dit-il. «Dans le quartier, nous avons décidé de cotiser chacun 3 000
francs Cfa pour acheter des camions de sable et faire des remblais. Quelques
nettoiements ont été faits en amont et dimanche prochain, nous ferons des
remblais de sable dans tout le quartier», renseigne Fama Diao de Mousdalifa 2
qui déplore l’absence des autorités dans cette zone où les populations sont
laissées à elles-mêmes. Habitant à Jeddah Thiaroye Kao 2, quartier où les
bassins de rétention n’attendent qu’une goutte d’eau de pluie pour sortir de leur
lit, Boubacar Camara déplore la situation qui y prévaut. Emmitouflé dans un
Obasanjo marron avec ses lunettes de soleil, ce père de famille désemparé
confie qu’ils sont en train de se mobiliser pour tenter de limiter les dégâts
que causent les inondations. «Nous avons pris nos précautions en achetant des
camions de sable pour faire des remblais de sable. Ce sont des palliatifs
certes, mais c’est mieux que rien. Mais si l’Etat pouvait nous assister, ce
serait encore mieux», lâche-t-il avant de soutenir que «seules les
canalisations pourraient nous soulager un peu».
Des sinistrés abandonnés à leur sort
De son côté, Fatou Traoré, mère de famille, déclare que
«c’est très difficile et très dur pour nous. Néanmoins, on s’accroche. Nous
attendons l’appui de l’Etat et de notre maire. Mais en attendant toujours
depuis des semaines. A notre niveau, nous sommes en train de nettoyer et de
faire le drainage pour faciliter la tâche à la mairie qui, sûrement, ne tardera
pas à stationner les motos pompe dans le quartier». Son fils Khadim, un jeune
adolescent assis devant l’entrée de la maison, de lancer : «Nous empruntons des
pelles ou des piques pour faire des caniveaux, ou alors nous cotisons pour
acheter le matériel nécessaire pour arrêter l’eau dans certains coins. Mais
nous serions très soulagés si l’Etat pouvait faire un geste pour éradiquer ce
fléau qui nous empêche de mener une vie paisible». Cette situation délicate que
vivent les populations des zones inondées au quotidien pousse bon nombre
d’entre-elles à s’interroger sur où et comment les milliards que l’Etat a
injecté dans les inondations, depuis 2007, ont été utilisés. Une interrogation
qui mérite une réponse claire, si l’on sait que des élections ont été renvoyées
pour porter secours à des populations qui, jusqu’à aujourd’hui, vivent toujours
dans une précarité sans précédent et dans l’eau de surcroît.
Des sinistrés devenus techniciens en hydraulique malgré
eux
Les années de cohabitation avec les eaux pluviales ont
conduit à une situation plutôt ironique dans la banlieue. En effet, les
sinistrés des inondations sont presque tous devenus des techniciens en
hydraulique malgré eux, pour avoir vécu pendant des années dans des maisons
complètement cernées par l’eau. De fait, ils prennent toujours les devants avant
même que l’Etat n’intervienne. Dans les zones inondées, au moins 3 personnes
sur 5 sont capables d’expliquer par où passent les eaux, comment arrivent-elles
à tel ou tel endroit et comment
faire pour les
détourner. Un exercice auquel ils s’adonnent depuis des années et qu’ils sont
capables de rivaliser avec des techniciens et autres ingénieurs en hydraulique
fraîchement sortis des écoles de formation. Un constat de terrain que confirme
Ababacar Mbaye du Mouvement «And Suxxali» Médina Gounass. Selon lui, ce qu’ils
vivent au quotidien ne peut pas être mieux compris et mieux perçu par un
technicien. «Dès qu’il commence à pleuvoir, nous savons exactement par où va
passer l’eau. De fait, nous sommes en mesure d’anticiper par moments pour
essayer de freiner son trajet dans certains endroits. Alors, nous prenons des
mesures préventives en allant recenser les zones qui inondent toujours en
premier pour sensibiliser les populations sur les attitudes à adopter pendant
l’hivernage». Comme nombre d’habitants de la banlieue frappés par les
inondations, il clame qu’en toute modestie, «nous pataugeons dans l’eau, depuis
des années. Aussi, ce que nous ne pouvons pas apprendre à un technicien de
l’hydraulique comment faire pour dévier la trajectoire de l’eau, c’est sûr que
ce n’est pas lui qui pourra nous apprendre autant».
5 Commentaires
Serv Du Peup
En Juillet, 2012 (02:36 AM)Svp un peu de respect pour les personnes nobles qui habitent dans cette contrées.
Reply_author
En Juin, 2023 (06:30 AM)Reply_author
En Juin, 2023 (06:46 AM)wagner est un groupe expansionniste. d'abord c'était la libye et la centrafrique, puis le mali, puis le burkina et enfin le soudan. pourquoi s'arrêteraient ils là ? pourquoi ne continueraient-ils pas leur expansion et ne soutiendraient-ils pas aussi un coup d'etat au senegal et n'installeraient-ils pas une junte pro-russe aussi chez nous ? notre petrole et notre gaz interessera wagner autant que l'or du mali.
en europe aussi, la russie leur mere patrie ne s'est pas arreté a la transnistrie en moldavie, elle a après envahie l'abkhazi et l'ossetie du sud en georgie, puis elle a envahi et annexé la crimée, puis a commencé l'invasion du donbass avant de se lancer dans l'invasion de l'ukraine entière.
ne faisons pas les meme erreurs que les occidentaux. si les occidentaux avaient reagi fermement et militairement lors de l'invasion de la georgie nous n'aurions pas aujourd'hui cette boucherie de guerre en ukraine qui durera encore des années.
il faut absolument contenir wagner aujourd'hui sinon dans 10-15 ans nous allons le payer cher egalement.
Mbaam
En Juillet, 2012 (04:52 AM)Philippe Pinel
En Juin, 2023 (21:57 PM)Diaraf
En Juin, 2023 (22:34 PM)Weeeeeeeeeeeeeee
En Juillet, 2012 (06:23 AM)Locataire Zone Non Inondee
En Juillet, 2012 (07:19 AM)Teffel
En Juillet, 2012 (12:45 PM)Il s'agira de les déclencher pour sortir les sinistrés des zones de danger, les loger, les nourrir, les soigner, les appuyer psychologiquement..
Est-ce que ces Plans sont prêts être mis en oeuvre ??? Seuls les MAIRES et la DIRECTION DE LA PROTECTION CIVILE peuvent nous renseigner
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