ALLEMAGNE–ARGENTINE : Maradona des rires aux larmes

Des rires de Diego Maradona en 1986 aux larmes du "pibe de oro" en 1990, les matches entre l’Allemagne et l’Argentine ont laissé des souvenirs inoubliables aux supporteurs des deux équipes, qui s’affrontent en quart de finale du Mondial-2006 de football, demain à Berlin.

Les rires d’abord. Le 29 juin 1986, les 114.600 spectateurs du stade Aztèque de Mexico exultent à la fin d’une finale épique, remportée 3 à 2 par l’Argentine. L’Albiceleste, menée par son génial meneur de jeu, prend l’avantage par Brown (23), puis aggrave le score par Valdano (55). Mais les Allemands, galvanisés par leur sélectionneur Franz Beckenbauer, démontrent les "vertus allemandes" et reviennent au score par Rummenigge (74) et Völler, entré à la pause à la place d’Allofs (82). Cette année-là, le titre ne peut toutefois échapper à Maradona. Trois minutes après l’égalisation allemande, il sert Burruchaga qui scelle le score (85).

Quatre ans plus tard, l’Allemagne tient sa revanche. Sept joueurs allemands et Beckenbauer, à nouveau sélectionneur, retrouvent l’Argentine de Maradona le 8 juillet au Stade olympique de Rome. La Mannschaft, impressionnante dans son parcours jusqu’en finale et avec un effectif de rêve - Matthäus, Brehme, Völler, Klinsmann - est encore une fois la meilleure équipe sur le terrain. Le but décisif, le seul de la rencontre cette fois, arrive aussi à la 85e minute quand Brehme transforme un penalty très contesté. Beckenbauer enlève son second titre mondial, après celui conquis en 1974 comme joueur et l’Allemagne accroche une troisième étoile à son maillot. L’image de Maradona pleurant sur le terrain, médaille du finaliste accrochée au cou, restera gravée dans les mémoires.

Les deux équipes se sont affrontées deux autres fois dans un premier tour de Coupe du monde, pour un match nul (0-0) en 1966 et une victoire allemande (3-1) en 1958.

BRESIL–FRANCE : Un parfum de revanche

Hanovre - Le quart de finale du Mondial-2006 de football entre le Brésil et la France, samedi à Francfort, sera la 13e confrontation entre les deux pays et dégagera un parfum de revanche depuis le sacre des Bleus aux dépens de la Seleçao en 1998 (3-0).

Il s’agit de la dernière défaite en date du Brésil dans la compétition. Depuis, il a remporté la Coupe du monde 2002 en Asie et établi un nouveau record de 11 victoires consécutives. Série en cours, que les Français espèrent bien briser. Ce 12 juillet 1998, les Brésiliens n’avaient pas fait le poids, balayés par deux buts de la tête de Zidane et un but de Petit dans le temps additionnel.

Le quart de finale de samedi constituera surtout une revanche pour Ronaldo, victime d’un mystérieux malaise quelques heures avant la finale de 1998 et qui aura à cœur de remporter son duel de "Galactiques" avec Zidane, qui a déjà renvoyé un autre Madrilène, Raul, à la maison.

Les retrouvailles à ce stade de la compétition ravivent des souvenirs, 20 ans après un autre quart de finale de Coupe du monde, demeuré mythique, à Guadalajara, au Mexique lors du Mondial-86.

21 juin 1986, stade de Jalisco : ce jour-là, Français et Brésiliens disputent un match époustouflant, resté comme l’un des plus beaux de l’histoire. Le jeu est offensif, intense, spectaculaire, les 22 acteurs font fi de la chaleur et de l’altitude (1550 m).

Triplé de Pelé

Il n’y aura pas beaucoup de buts (1-1 à l’issue de la prolongation), mais le suspense aura été haletant. Après l’ouverture du score de Careca, Platini, le jour de ses 31 ans, égalise. Dans les buts, Bats repousse tout, y compris un penalty de Zico en fin de seconde période.

Suit une séance de tirs au but où Platini craque, tout comme les Brésiliens Socrates et Julio Cesar. C’est ensuite Fernandez qui marque le penalty décisif (4 t.a.b. à 3). Malheureusement pour les Français, cette rencontre demeurera sans lendemain : en demi-finale, la Rfa sera implacable (2-0).

Sur l’ensemble des confrontations entre la France et le Brésil, c’est la Seleçao qui domine le face-à-face avec 5 victoires, 4 nuls et 3 défaites (21 buts marqués, 17 encaissés).

Bien avant, une autre rencontre avait également marqué l’histoire, au Mondial-58 en Suède. Le 26 juin, à Solna, la Seleçao bat la France en demi-finale (5-2). Auteur de trois des cinq buts, Pelé, 17 ans, explose aux yeux du monde entier. La France, elle, regrettera de ne pas avoir pu défendre toutes ses chances après la blessure du capitaine Jonquet (les remplacements n’étaient alors pas autorisés).

Ainsi, en Coupe du monde, la France reste sur deux victoires (1998, 1986) et une défaite (1958).

La toute première rencontre, amicale, entre les deux pays avait eu lieu le 1er août 1930 à Rio de Janeiro et s’était conclue sur la victoire du Brésil (3-2). La dernière, qui avait été organisée dans le cadre des 100 ans de la Fédération internationale, s’était conclue par un triste match nul (0-0), le 20 mai 2004 au Stade de France.

Il y a 40 ans, un Angleterre–Portugal entrait dans l’histoire

Berlin, (Afp) - Le Portugais Figo et l’Anglais Beckham rejoueront samedi à Gelsenkirchen en quart de finale du Mondial de football un duel de légende qui opposa leurs compatriotes Eusebio et Bobby Charlton en demi-finale de la Coupe du monde 1966.

Charlton, ce jour-là, sortit vainqueur du combat entre les deux meneurs de jeu, empoisonnant la défense centrale portugaise pendant une heure et demie et marquant les deux buts de la victoire anglaise (2-1).

Eusebio, qui devait être sacré meilleur buteur du tournoi avec neuf réalisations, quitta le légendaire terrain de Wembley en larmes : il n’avait répondu aux deux buts de Charlton que par un penalty, réussi à 8 minutes de la fin du match. Insuffisant pour revenir au score.

"A la fin du match, j’ai levé les yeux au ciel et j’ai demandé : qu’est-ce que j’ai fait de mal mon Dieu ?", raconte aujourd’hui Eusebio "la Panthère Noire", né au Mozambique en 1942, qui assure que ce jour fut le plus triste de sa vie. La cicatrice d’Eusebio se rouvrit deux ans plus tard, quand le Manchester United de Charlton remporta la Coupe d’Europe des clubs champions contre le Benfica d’Eusebio. En 1966, l’Angleterre conquit le titre suprême. Mais le Portugal resta dans les mémoires comme la révélation du Mondial. Et leur rencontre, selon Eusebio, fut "le plus beau match du Mondial, parce que le Portugal jouait l’attaque et, comme l’Angleterre, cherchait toujours la victoire".

Eusebio, le temps d’une Coupe du monde, s’était montré l’égal du grand Pelé. En poule, les Portugais avaient battu le Brésil 3 à 1, mais le match qui marqua les mémoires fut celui contre la Corée du Nord. Alors que le Portugal était mené 3 à 0 après une demi-heure de jeu, Eusebio rentra sur le terrain et réalisa un quadruplé. Le Portugal l’emporta finalement 5-3.

Charlton, lui, brandit devant sa reine la seule Coupe du monde jamais gagnée par l’Angleterre, après la victoire des siens en finale 4 buts à 2 contre l’Allemagne.