Il n’y a pas que Amy Mbacké Thiam qui en veut à la Fédération sénégalaise d’athlétisme. Fatou Bintou Fall aussi, est amère contre l’équipe de Momar Mbaye. Celle que l’on considérait comme la digne héritière de la Championne du monde d’Edmonton en 2001, sur 400 mètres plats, estime être “délaissée“, “oubliée“ et “déçue“ par ses dirigeants qui selon elle, ne se soucient guère de la performance individuelle de leurs athlètes encore moins de leur santé. Pour elle, Momar Mbaye et son équipe ne sont obnubilés que par une seule chose : le relais 4X400.
“Ce qui me dérange le plus, c’est que la Fédération se focalise toujours sur le 4X400. Alors qu’un 4X400, ne se fait pas comme ça. Ils doivent nous donner des conseils pour qu’on réalise des bonnes performances d’abord sur les 400 mètres plats, parce qu’à défaut, on ne pourra pas réaliser une bonne course sur le relais“, déclare très amère Fatou Bintou Fall qui a terminé 3ème aux championnats nationaux d’athlétisme dimanche dernier au stade Iba Mar Diop avec un temps de 54sec 86 derrière Amy Mbacké Thiam, (52’’98) et Mame Fatou Faye (54’’10).
Malheureusement, ajoute-t-elle, “eux (les Fédéraux) ne se focalisent que sur le 4X400. Avant de venir, ils m’ont appelé pour que je fasse le 4X400. Et une fois à Dakar, je me rends compte que c’est plutôt un 400 plats que je dois courir“. “C’est ça le drame. Leur seul souci c’est le 4X400. Ils ne soucient même pas de la performance individuelle de l’athlète. Or, personnellement, si je n’arrive pas à réaliser les minima aux 400 mètres plats, je ne pense pas que je vais m’aligner pour la course du relais“
Puis l’adrénaline monte et elle se lâche : “Je suis déçue parce qu’ils m’ont délaissé. Ils m’ont oublié. Quand j’avais une blessure, ils ne pensaient plus à moi. Ils ne m’appelaient pas. Cette année, je n’ai pas eu de leurs nouvelles. Pour le meeting de Dakar, ils n’ont même pas pensé à me faire venir. C’est ce qui justifie mon absence. J’étais certes en période des examens. Mais l’idéal aurait été de me contacter pour voir si je vais venir ou bien. Je n’ai pas reçu de mail. J’ai plutôt reçu une copie d’un mail qu’ils ont envoyé aux autres athlètes concernés. Ils ont dressé une liste en disant que telle et telle personne, vous êtes convoqué au meeting de Dakar pour telle date. Donnez votre date d’arrivée et de retour. Je ne faisais pas partie de cette liste“.
Fatou Bintou Fall poursuit son récit plein d’amertumes. “Il y a eu les championnats d’Afrique de l’Ouest, on ne m’a pas convoqué non plus. J’ai saisi la Fédération pour savoir les raisons. Ils m’ont fait savoir que je devais envoyer mes résultats. Or, je n’avais pas l’habitude de le faire. Ils leur appartenaient de les chercher comme d’habitude sur internet. Ils savaient parfaitement nous faisons des courses. Parce que j’ai lu sur le net les journaux sénégalais qui ont relaté ma course avec Amy Mbacké (Thiam)“, raconte-t-elle en fustigeant l’omerta total de l’instance fédérale qui a duré “jusqu’au au 16 juin“, se rappelle-t-elle.
“Ils m’ont appelé et m’ont dit : “ouais, il parait que tu cours, est ce que ça va ?“. J’ai répondu : “ouais, je cours et ça va très bien. Je me débrouille“. Ils me disent : “est ce que ça te dirait de venir aux championnats nationaux“. Je réponds : “non, parce que je suis déjà engagée pour un meeting de Chaux de Fonds (Suisse, le 28 juin, Ndlr)“.
La personne qui m’a appelé me dit ensuite : “ok. Je vais le soumettre en réunion“. Ensuite plus rien. D’autres personnes m’appellent pour me dire : “ils veulent que tu viennes pour faire le relais 4X400 à Abuja (prévu le 18 juillet, Ndlr) des trucs comme ça“. Or, on ne m’a jamais dit ça. On m’a plutôt dit de venir pour les championnats nationaux“.
“Ce n’est que mardi (23 juin, Ndlr) à 22 h 30, poursuit-elle, que la Fédération m’a (re)contacté. Et c’est le président de la Fédé lui-même (Momar Mbaye, Ndlr) qui m’a appelé en me disant qu’il n’avait plus mon numéro. Qu’il ne savait plus où me joindre. Il m’a félicité et m’a parlé des championnats nationaux. Je lui ai dit que je suis engagée pour un meeting. On n’annule pas comme ça un meeting quand même ? Il répond : “un championnat national, c’est un championnat national. Vous êtes o-bli-gée de venir“. Je dis : “ok. Il n’y a pas de soucis“.
Le lendemain, c’est le directeur administratif, Jean Gomis qui m’a appelé. Il me dit : “je vous envoie votre billet dans 30 minutes dans votre boite e-mail“. J’ai répondu que je ne peux venir mercredi. Il m’a proposé jeudi. J’ai répondu que ce n’est pas possible. On ne peut pas partir comme ça. “Vous m’appelez aujourd’hui, vous me dites, prenez vos bagages pour venir au Sénégal“. Je dis “non“. Ce n’est pas parce que j’ai envie de venir dans mon pays que je vais emballer mes bagages comme ça. Il me rétorque : “nous organisons les championnats nationaux pour vous. Vous devez être là. Il faut laisser les meetings et tout ce que vous faites“. C’est dans ces conditions que j’ai débarqué à Dakar“.
“Quand je dis que je déçu d’eux, c’est que depuis le début de la saison, je n’ai pas du tout eu de leurs nouvelles. Même pas un coup de fil. Il a fallu qu’ils entendent que j’ai fait 52 secondes et qu’ils pensent subitement au relais 4X400 qu’ils ont essayé à me contacter. C’est ce qui me déçoit franchement“, martèle-t-elle avec force.
Pour rappel, Fatou Bintou Fall était blessé aux deux genoux en 2006. Une blessure qui a nécessité une opération. Mais le flou qui entourait le diagnostique, l’a contraint de suivre une rééducation.
Aujourd’hui, elle revient petit à petit sous les ordres d’Hervé Stephan
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