Staff technique national des ‘ Lions’ : Pourquoi Oumar Guèye Sène a envie d’intégrer l’équipe dirigeante

L’appel de la patrie

Oumar Guèye Sène était lundi dernier à l’Institut Diambars. Il était juste là en tant qu’invité de marque, à l’occasion de la matérialisation d’une convention de partenariat entre le gouvernement français et Diambars qui a pour vocation d’allier la pratique du football et les études. Mais, l’ancien meneur de jeu des ‘Lions’ du Sénégal dans les années 80 - début 90 était aussi là pour apprécier le travail remarquable que les promoteurs Saër Seck, Bernard Lama, Jean Mark Adjovi Bocco et Patrick Vieira sont en train de déployer à la base pour former les jeunes sénégalais au métier de footballeur. Suffisant pour qu’il se détermine à revenir servir la jeunesse de son pays.

Bien qu’étant en service en France dans la banlieue parisienne comme éducateur spécialisé au métier de football, Oumar Guèye Sène affiche ses ambitions d’intégrer la Direction technique nationale (Dtn) de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) ou l’un des staffs techniques nationaux. ‘Je suis disposé à servir le football de mon pays’, a-t-il rassuré au cours d’un entretien qu’il nous avait accordé lundi dernier. ‘Au Sénégal, à l’instar de ce qui se fait en France et dans les autres pays européens, notamment en Allemagne, en Espagne, au Portugal…, il serait bien que les anciens footballeurs soient intégrés dans la Direction technique nationale et dans les différents staffs des équipes nationaux. Parce que, de par leur vécu et leur expérience acquise en sélection nationale, ils pourront beaucoup servir aux jeunes’, assure-t-il. ‘Malheureusement, tout semble être verrouillé. Il nous est très difficile d’intégrer les rangs. J’ai même l’impression que les gens ont peur de nous faire de la place. Je ne sais vraiment pas pourquoi’, se préoccupe-t-il.

Selon l’ancien capitaine de Psg, ’pour reconstruire le football sénégalais, il faut compter sur toutes les expertises, mais surtout sur celles des anciens internationaux. Aujourd’hui, que ce soit Roger Mendy, Amadou Diop, Joseph Koto, Locotte Sar.. ., nous sommes tous disposés à servir le football de notre pays. Dans tous les autres pays du monde, ce sont souvent les anciens footballeurs qui sont aux commandes. Et le Sénégal ne peut pas faire l’économie de cette tendance. Si le Sénégal veut développer son football, il faudrait que les dirigeants intègrent les anciens internationaux qui sont dotés de diplômes d’entraîneurs ou d’éducateurs spécialisés au métier de footballeur dans la Direction technique nationale ou dans les différents staffs techniques nationaux’, plaide-t-il. Pour lui, ‘la situation actuelle du football national nécessite une synergie des efforts. Il faut un travail bien fourni à la base pour que le football sénégalais puisse reprendre sa place sur l’échiquier continental, voire international’. Oumar Guèye Sène se déclare plus que disponible pour répondre à l’appel de la patrie. ‘C’est vrai que je n’ai eu aucun contact ni avec les dirigeants ni avec la direction technique nationale, mais je suis vraiment disposé à revenir au bercail pour servir le football de mon pays’, indique-t-il.

Perspective de l’équipe nationale pour 2012 et 2014

Après avoir dit ses quatre vérités, l’ancien meneur de jeu des ‘Lions’ propose des solutions de sortie de crise aux responsables des différentes sélections nationales. Il suggère d’abord aux uns et aux autres de tirer les leçons des échecs des équipes nationales sénégalaises dans les compétitions internationales. ‘Le Sénégal étant éliminé de la Can et du Mondial 2010, il fallait d’abord étudier les manquements qui ont conduit à ces échecs, avant de s’engager dans un nouvel élan. Mais, je ne sais pas si ceci a été fait ou pas. Mais, il le fallait vraiment’, indique-t-il, avant de suggérer : ‘Pour engager les nouvelles échéances en vue, il faudra asseoir un programme à moyen et long terme. Un programme bien ficelé en perspective de la Can 2012 et du Mondial 2014. Et, la meilleure façon d’y aller, c’est de mettre sur pied une présélection d’une quarantaine de jeunes joueurs. Puisque nous avons un peu plus de temps, on doit penser à se projeter en mettant sur pied une sélection élargie. Avec un groupe de 30 à 40 joueurs, on peut, dès à présent, entamer le travail dans la perspective de la reconstruction du football national’.

Pour monter ce groupe d’une quarantaine de joueurs, l’ancien capitaine du Psg suggère aux responsables techniques nationaux de puiser dans l’équipe nationale locale qui vient de remporter le tournoi de l’Uemoa et en Europe où il y a un parterre de jeunes joueurs sénégalais qui émergent. ‘Avec un programme pareil, si on fait appel à toutes les compétences autour de l’essentiel, c’est-à-dire, la redynamisation de l’équipe nationale du Sénégal, je suis bien convaincu que le Sénégal pourra bien retrouver le gotha africain dès les prochaines compétitions’.

Saër Sène, le fils de son père

Parlant de son fils, Saër Sène, qui évolue dans la réserve du Bayern Munich, Oumar Guèye Sène assure que c’est un talent prometteur. A la question de savoir si ce jeune âgé de 23 ans va jouer pour le Sénégal ou la France, il rassure que Saër jouera pour le Sénégal. ‘On en parle souvent. Il n’est pas question pour moi de le laisser jouer pour la France. Bien qu’il soit né là-bas, il jouera pour le Sénégal, c’est évident’, rassure-t-il, avant d’indiquer : ‘Je lui ai juste demandé de s’imposer en club avant de penser à l’équipe nationale. Mais il jouera bien pour le Sénégal’. Pensionnaire de l’équipe réserve, Saër Sène a fait cette année quelques apparitions avec l’équipe première du club allemand.

Les chances des six représentants africains au Mondial 2010

L’espoir de voir un pays africain remporter la coupe du monde 2010 est bien permis. C’est une conviction d’Oumar Guèye Sène. L’ancien meneur de jeu de l’équipe nationale du Sénégal indique que des pays comme le Cameroun et la Côte d’Ivoire ont des joueurs de talent d’une dimension mondiale. Des joueurs qui n’ont rien à envier à ceux des pays européens et sud américains. ‘Le foot africain est doté, avec cette nouvelle génération, de joueurs de très bonne qualité. Avec Eto’o, le Cameroun peut réussir un bon Mondial. De même que la Côte d’Ivoire qui a dans ses rangs de très grands joueurs comme Didier Drogba, Yaya Touré, Baki Koné, Kolo Touré… Je suis fier de voir que le football africain a maintenant un niveau un peu plus élevé. Avec le Cameroun qui a toujours bien représenté l’Afrique en coupe du monde, il est possible qu’un des pays africains accède en demi-finale ou en finale. Il suffit juste d’une bonne organisation et d’une bonne gestion de la discipline des différentes équipes. Car il ne suffit pas d’avoir un bon groupe ou une bonne équipe. La gestion de la discipline du groupe et de l’équipe est déterminante dans la haute compétition’, indique Oumar Guèye Sène. ‘Il faudra aussi travailler l’esprit d’équipe pour avoir une bonne cohésion afin d’avoir une entente parfaite sur le terrain’, préconise-t-il.

OUMAR GUEYE SENE : Un milieu de terrain aux pieds d’’or’

‘Dans les rues du Caire, partout où l’on passe, on ne parle que du n°12 sénégalais, Oumar Guèye Sène’. Cette phrase d’Abdoulaye Diaw, au lendemain du match d’ouverture Egypte-Sénégal (0-1) de la Can 1986, bourdonne encore dans nos oreilles. Alors journaliste à la Rts, le doyen Abdoulaye Diaw faisait vivre en ‘direct’ au peuple sénégalais la prestation des ‘Lions’ qui venaient de se qualifier à la Coupe d’Afrique des nations, après 17 ans d’absence. Face au pays organisateur, dans un stade du Caire plein à craquer, sur un centre de Boubacar Locotte Sarr, Thierno Youm avait sauté plus haut que la défense égyptienne pour mettre le cuir au fond des filets. L’Egypte ne reviendra pas au score. Le Sénégal qui n’était pas attendu à ce tournoi, crée d’entrée la surprise. Dans son entrejeu, un certain Oumar Guèye Sène a étalé toute sa classe pour donner du fil à retordre au milieu de terrain adversaire. Au moment où le buteur sénégalais, Jules François Bocandé, était surveillé par la défense adversaire comme de l’huile sur le feu, Oumar Guèye Sène, de par sa maîtrise technique et tactique, semait la panique dans l’entrejeu égyptien.

Sous le regard de leur public, le meneur de jeu égyptien, Tayer Abou Zaïd et ses coéquipiers ont été refroidis d’entrée par les ‘Lions’. Pour sa première participation à la Can, Oumar Guèye Sène entre dans l’histoire. Son nom circule dans toutes les rues du Caire, voire des pays africains et du monde.

L’ancien Directeur technique national (Dtn) de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), Abdoulaye Diaw (à ne pas confondre avec son homonyme journaliste qui est passé de la Rts à la Rfm), se rappelle encore de la prestation de celui qui deviendra, deux ans plus tard, le premier footballeur noir à porter le brassard de capitaine du Paris Saint Germain (Psg). ‘En Egypte, Oumar avait été le meilleur footballeur sénégalais. C’était un monstre du milieu. Il était très technique et tactique. Il avait une grande facilité du dribble. Malgré tous ses atouts, il était très simple dans son jeu. Il jouait juste à une ou deux touches de balle. Il créait de sérieux problèmes à ses adversaires du milieu adverse. Ces derniers avaient toujours du mal à suivre son rythme’, témoigne l’ancien Dtn qui, avec Pape Diop comme sélectionneur national, avait conduit les ‘Lions’ à cette Can égyptienne.

De son côté, Amadou Diop ‘Boy bandit’ qui portait le brassard de capitaine des ‘Lions’ à cette Can, indique qu’’Oumar Guèye Sène était tout simplement la classe. C’est un surdoué. Il avait le sens du jeu et la maîtrise technique et tactique. Il m’était vraiment très aisé de jouer avec lui au milieu de terrain’, souligne-t-il.

Malgré une bonne entrée en matière réussie contre l’Egypte, cette équipe du Sénégal, qui était composée, entre autres, du gardien Cheikh Seck, de Roger Mendy, Racine Kane, Pape Fall, Mamadou Teuw, Jules François Bocandé, Thierno Youm, Boubacar Sarr Locotte, Joseph Koto, Moussa Diop ‘Kénum’ sera éliminée en phase de poule. Après deux victoires obtenues contre l’Egypte (1-0) et le Mozambique (2-0), le Sénégal sera battu par 1 but à 0 par la Côte d’Ivoire.

Les ‘Lions’ sortent de la compétition. La pilule sera très amère à avaler pour Oumar Guèye Sène et compagnie. ‘Au coup de sifflet de l’arbitre, c’était un choc général. C’est comme si nous étions en train de rêver. On était là sans aucun mot. Le choc était terrible’, évoque, comme un souvenir douloureux, Oumar Guèye Sène que nous avons rencontré lundi dernier à l’Institut Diambars.